Alors que la crise de COVID-19 frappe les maisons de retraite, « Adopta un Abuelo » se tourne vers le téléphone pour trouver aux personnes âgées de nouveaux amis

Par Chris Welsch

Alberto Cabanes s’est donné pour mission de réduire l’isolement des personnes âgées. Il y a près de cinq ans, il a créé un réseau de bénévoles appelé Adopta un Abuelo (adopte un grand-parent) pour accroître le nombre de visiteurs dans les maisons de retraite en Espagne.

Il a eu cette idée en rendant visite à son grand-père et à Bernardo, un ami âgé, dans une maison de retraite de Ciudad Real. À l’occasion de ces visites, son grand-père et Bernardo avaient de la compagnie et Alberto voyait sa vie enrichie par leur expérience et leur sagesse.

Au début de l’année 2020, le réseau « Adopta un Abuelo » s’amplifiait régulièrement. Les bénévoles versaient tous les mois une somme modeste pour recevoir des instructions et être mis en relation avec une personne âgée.

Lorsqu’elle a frappé, la crise de COVID-19 a été particulièrement dévastatrice pour les résidents de maisons de retraite, ces personnes étant parmi les plus vulnérables aux ravages du virus. Quand, début mars, le confinement a débuté en Espagne, Alberto était inquiet.

« Les conditions étaient réunies pour que nous vivions un véritable drame », explique-t-il.

Nombre de résidents de maisons de retraite membres du réseau de grands-parents ont été touchés par le virus. Les visites dans les maisons de retraite n’étant plus sûres, Alberto a commencé à songer à licencier une partie de son équipe de 15 personnes.

Une vague de bénévoles

Puis un phénomène inattendu s’est produit : la demande de participation a fortement augmenté.

Sans cesse, des personnes contactaient « Adopta un Abuelo » pour savoir comment elles pouvaient apporter leur aide. Alberto s’est adapté à la crise aussi rapidement que possible, en remplaçant les visites en personne par des appels téléphoniques entre les bénévoles et les résidents des maisons de retraite de toute l’Espagne. Il a modifié le modèle de paiement au profit d’un abonnement mensuel de 9 euros pour les bénévoles. En quelques semaines, le réseau a enregistré plus de 1 000 bénévoles supplémentaires en mars, portant le total à plus de 1 200.

« Nous avons enregistré pour le mois d’avril un chiffre d’affaires supérieur à celui de l’ensemble de l’année 2019 », dit-il. « En fait, nous recrutons à l’heure actuelle. »

Pour le moment, à la place de visites en personne, les bénévoles s’engagent à appeler une personne âgée « adoptée » au moins une fois par semaine. À l’origine, l’idée était que l’appel dure entre une heure et une heure et demie, mais dans les faits, la plupart des bénévoles appellent deux fois par semaine pour une durée moyenne de 25 minutes. Suite aux retours positifs des résidents et des bénévoles, Alberto souhaite développer une plateforme pour des services de visioconférence.

>@EIB

Alberto Cabanes a demandé aux bénévoles de son réseau de commencer à appeler les personnes âgées, car la crise du coronavirus a rendu impossibles les visites dans les maisons de retraite.

Une mission mondiale

Même avant la crise, le projet d’Alberto Cabanes avait suscité beaucoup d’enthousiasme. L’initiative « Adopta un Abuelo » a été récompensée dans le cadre du concours de l’innovation sociale organisé chaque année par l’Institut BEI. Ce concours appuie les entreprises ayant un impact sur des questions sociales, éthiques ou environnementales. « Adopta un Abuelo » a remporté d’autres prix, dont une bourse de Google qui s’est accompagnée de la mise à disposition d’espaces de bureau à Madrid et d’autres formes de soutien.

Alberto espère étendre le réseau « Adopta un Abuelo » à d’autres pays. Le besoin est bien réel : selon lui, environ 60 % des résidents de maisons de retraite ne reçoivent pas de visite. Et la volonté d’aider est aussi bien présente. Pendant la crise, il a reçu des demandes de 18 autres pays, émanant de destinations aussi éloignées que Singapour.

« Notre mission en tant qu’entreprise sociale ne consiste pas seulement à avoir une incidence en Espagne », affirme-t-il. « Nous voulons jouer un rôle à l’échelle mondiale. »