Quelle est l’incidence du coronavirus sur le transport aérien ? Les avions cloués au sol vont-ils avoir des retombées sur les changements climatiques ? Voyons ce qu’en pense notre spécialiste du transport aérien.

Nos vies ont changé avec la crise du coronavirus. Mais ont-elles changé pour toujours ? Dans « Est-ce que cela change tout ? », des experts de la Banque européenne d’investissement se penchent sur les conséquences de la pandémie de COVID-19 dans différents secteurs allant de l’éducation et de la transition numérique à la mobilité urbaine et à la médecine, ainsi que dans notre vie quotidienne.

Pour comprendre ce qu’implique le coronavirus dans le domaine du transport aérien, nous avons interrogé Doramas Calderon, économiste en chef dans la division Transports aériens, maritimes et innovants à la Banque européenne d’investissement, la banque de l’UE.


Consultez la page Est-ce que cela change tout ? de la Banque européenne d’investissement, la banque de l’UE. Abonnez-vous au podcast sur iTunesAcast, PlayerFM  et Spotify.

Si les compagnies aériennes font faillite, est-ce que cela va accélérer la transition à une économie à faibles émissions de carbone ? En d’autres termes, est-ce que le coronavirus et l’action en faveur du climat sont corrélés ?

Je pense qu’ils ne sont pas corrélés.  Certaines compagnies aériennes ont déjà fait faillite. La plupart ne bénéficieront peut-être pas de l’aide des pouvoirs public en fin de compte. Ces derniers mettent rapidement en place des programmes d’assistance financière pour le secteur. Dans tous les cas, le coronavirus et le 11 septembre sont des chocs ancrés dans le temps, d’une durée de un, deux ou trois ans. Puis le secteur retournera plus ou moins à la normale. Les changements climatiques sont en revanche un tout autre problème, d’ordre structurel et à bien plus long terme, qui concerne le mode de fonctionnement du secteur et qui apportera des changements rapides d’ici 20, 30 ou 40 ans. Les compagnies aériennes ont commencé de façon très efficace à intégrer le coût du carbone au prix des billets d’avion. D’autres mesures seront mises en place. Un régime de compensation et de réduction de carbone pour l’aviation internationale (CORSIA) des Nations unies, intégrant la compensation carbone à la structure des coûts du secteur, sera mis en œuvre l’année prochaine. En Europe, nous avons le système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne auquel le secteur a été intégré il y a quelques années. Toutes ces mesures ont pour effet de faire payer aux voyageurs le coût des émissions de carbone. Elles entraîneront un ralentissement de la croissance du secteur et encourageront une transition à des avions plus propres. Consommer le moins de carburant possible est depuis longtemps une volonté des compagnies aériennes. La consommation de carburant est un facteur auquel le secteur fait très attention depuis les chocs pétroliers des années 70. Les compagnies aériennes sont fortement incitées à diminuer leur consommation de carburant et, par conséquent, à réduire les émissions. L’inclusion du coût du carbone dans le prix du billet d’avion a accéléré cette tendance. En Europe, le taux de croissance annuel du transport aérien est en moyenne de 3 % à 4 %. En raison des changements climatiques, cette tendance va tomber à 1,5 % à 2 %.

Quels nouveaux produits ou approches pourraient être nécessaires dans le transport aérien pour faire face aux effets de la crise du coronavirus ? De quelle façon la Banque européenne d’investissement, la banque de l’UE, peut-elle apporter sa pierre à l’édifice ?

À court terme, le coronavirus exerce des pressions inédites sur les flux de trésorerie de toute la chaîne de valeur de l’aviation : les compagnies aériennes, les aéroports, la gestion du trafic et l’industrie aéronautique.  La Banque européenne d’investissement accorde des prêts pour financer les dépenses d’équipement. La poursuite de cette activité et notre disponibilité sont une partie de la solution. Mais je pense qu’il faut avoir une vision d’ensemble. Compte tenu de sa mise à l’arrêt, le secteur ne peut pas générer de recettes, rembourser sa dette et rémunérer ses fonds propres. Si l’on mise tout sur un endettement plus élevé ou le renforcement du bilan d’un secteur déjà fortement endetté, il ne faudra pas se contenter d’accorder des prêts, mais les accompagner par exemple d’une assistance au niveau des fonds propres via des subventions et des injections de capital, mesures qui font actuellement l’objet de discussions animées entre les pouvoirs publics et le secteur. La Banque européenne d’investissement est disponible et elle continuera à décaisser les prêts qu’elle a récemment approuvés. Elle continuera à instruire de nouveaux projets et à accompagner ses clients. Cela fait partie de l’aide apportée au secteur pendant cette période difficile. Mais le secteur de l’aviation se relèvera et continuera à jouer son rôle de rassembleur mondial.

Consultez la page Est-ce que cela change tout ? de la Banque européenne d’investissement, la banque de l’UE. Abonnez-vous au podcast sur iTunesAcast et Spotify.