Le 8 novembre, à l’occasion de la COP 27, Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI, a ouvert une table ronde sur le thème « Stimuler les investissements pour le climat en Afrique – Financer une reprise verte et juste grâce à Global Gateway ». Cette manifestation a été organisée par la direction générale des partenariats internationaux de la Commission européenne (DG INTPA) dans le pavillon de l’UE.

En savoir plus sur la participation de la BEI à la COP 27.

 


Seul le texte prononcé fait foi


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C’est avec grand plaisir que je vous accueille à cette table ronde sur le financement d’une reprise verte et juste dans le cadre de la stratégie Global Gateway. En raison de la pandémie de COVID-19 et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les investisseurs sont confrontés à une incertitude croissante. L’économie mondiale aspire à la stabilité, à la reprise et à la transformation.

Permettez-moi de souligner que le climat évolue plus rapidement que notre capacité d’adaptation. Nous devons accélérer les investissements pour réduire les émissions ou alors, nous en subirons les conséquences dramatiques. Nous avons encore la possibilité d’agir.

Cependant, le déficit d’investissement à l’échelle mondiale ne se résorbe pas. Dans le monde entier, les investissements dans les infrastructures ont chuté en 2020, en raison de la pandémie. Il a fallu près de deux ans pour qu’ils retrouvent leurs niveaux d’avant COVID-19.

En bref : le monde a besoin d’une impulsion positive en matière d’investissement, et il en a besoin maintenant.

Il est question d’investir dans des énergies propres, dans des routes et des ponts qui résistent aux inondations, ou dans des bâtiments qui peuvent supporter des vagues de chaleur extrêmes. Mais aussi pour préparer les systèmes de santé aux futures pandémies et adapter l’agriculture à des conditions climatiques plus sèches. Investir pour doter nos travailleurs de compétences qui correspondent aux emplois de demain. Et investir dans des infrastructures numériques, car les données sont le moteur de la nouvelle économie.

C’est là que la stratégie européenne Global Gateway entre en jeu. Global Gateway est l’initiative que l’Europe a mise en place pour encourager les investissements dans des secteurs prioritaires. Elle vise à mobiliser 300 milliards d’euros d’ici 2027, dont la moitié en Afrique, en faveur de projets durables tant pour l’environnement que pour les citoyens, ce qui permettra d’améliorer la résilience aux chocs et les perspectives de développement socio-économique. L’objectif est de rapprocher nos économies et nos sociétés, grâce à la coopération et aux partenariats. Il est évident que de tels efforts s’avèrent cruciaux dans des domaines tels que la santé et la vaccination, la sécurité alimentaire et les chaînes de valeur agricoles, et, plus globalement, sur le plan de l’action pour le climat.

Dans ce contexte, la Banque européenne d’investissement redéfinit son rôle de banque multilatérale de développement. Elle est devenue la banque européenne du climat. Nous nous concentrons sur la qualité de nos investissements et maximisons l’impact de chaque euro que nous dépensons, sur les plans de l’environnement et de la durabilité, ainsi qu’en matière de création d’emplois et d’innovation.

Notre objectif est de mobiliser autant d’investissements privés que possible. Nous avons besoin d’une « révolution de l’investissement » qui va bien au-delà du secteur public pour tirer le meilleur parti des opportunités vertes et durables des années 2020. Pour ce faire, nous devons explorer de nouvelles formes de coopération mondiale en matière de finance verte, vers une économie respectueuse du climat. Le mois dernier, à Abidjan, notre sommet « Finance en commun » est arrivé à la conclusion que l’on ne pourra faire face aux changements climatiques que par la coopération mondiale et la mobilisation conjointe de financements publics et privés.

Les institutions publiques doivent aller plus loin en réfléchissant à la manière de générer davantage de valeur et de rendre leur proposition de valeur attrayante pour les investisseurs privés, afin de les mobiliser. Nous avons besoin de leur créativité, de leur attitude à l’égard du risque et de leur force de frappe financière.

La Feuille de route du Groupe BEI dans son rôle de banque du climat accompagne notre action jusqu’en 2025 et au-delà. Notre transformation en banque européenne du climat implique les objectifs ci-après, qui sont pleinement conformes à Global Gateway.

  • Intensifier et accélérer la transition écologique, en utilisant des ressources publiques limitées, pour associer le secteur privé et nos partenaires, en particulier en Afrique.
  • Combiner financements publics et privés. Par exemple, en 2021, la BEI s’est associée à Allianz pour développer un fonds de fonds destiné à mobiliser des capitaux pour l’action climatique dans les pays en développement. Ce fonds de fonds a déjà effectué son premier investissement dans ARCH Cold Chain Solutions East Africa Fund, un fonds qui finance des infrastructures de stockage et de distribution à température contrôlée en Afrique de l’Est en vue de réduire les émissions résultant des pertes alimentaires après les récoltes, entre autres. Nous encourageons d’autres partenaires à se joindre à cette initiative.
  • Nous contribuons au développement de la finance verte par l’intermédiaire des marchés financiers (et nous sommes impatients de contribuer à la mise en œuvre de la taxinomie de l’UE). À cet effet, nous émettons des obligations vertes et des obligations pour le développement durable qui permettent de mobiliser davantage de ressources à l’appui de projets durables. Permettez-moi de souligner qu’aujourd’hui, en 2022, la Banque européenne d’investissement est la banque multilatérale de développement qui émet le plus d’obligations vertes, sociales et durables, avec plus de 50 milliards d’euros d’obligations climatiquement responsables et environ 9 milliards d’euros d’obligations pour le développement durable.
  • Pour son expansion, le marché des obligations vertes a besoin d’un soutien particulier. L’expérience des obligations vertes a montré que ce sont d’excellents outils pour augmenter les volumes de financements verts. Cependant, ils restent trop rares dans les régions les plus pauvres du monde. La BEI est prête à soutenir la croissance des obligations vertes dans les pays émergents et en développement et est fière de faire partie d’une initiative mondiale de l’Équipe Europe visant à renforcer les obligations vertes dans ces pays, la Global Green Bond Initiative. La BEI participera, en collaboration avec d’autres grandes institutions européennes de financement du développement, à cet instrument destiné à l’achat d’obligations vertes sur les marchés émergents et en développement. Cette initiative fournira un accompagnement sous forme d’assistance technique afin d’améliorer la capacité d’émission des acteurs locaux et de soutenir les tout nouveaux émetteurs dans les pays partenaires. Nous espérons que le fonds sera opérationnel en 2023.
  • Un autre exemple est le programme d’assistance technique Greening Financial Systems pour l’écologisation des systèmes financiers, dans le cadre duquel nous aidons les institutions financières et les entreprises à lancer leurs premières obligations vertes et à aligner leurs activités sur la transition vers une économie sobre en carbone. Nous travaillons également en partenariat avec la Commission européenne et d’autres parties prenantes de l’UE pour créer une plateforme d’investissement dans les premières émissions d’obligations vertes sur le continent africain.
  • Et, il est très important de le souligner, nous ne laissons personne de côté. Nous devons soutenir une « transition juste » pour les régions, les communautés et les entreprises les plus touchées par le passage à une économie sobre en carbone – celles qui sont les plus vulnérables aux effets négatifs des changements climatiques.

Pour renforcer l’action pour le climat, en particulier en Afrique, nous sommes prêts à prendre plus de risques. En règle générale, nous finançons jusqu’à 50 % d’un projet. Nous avons décidé de relever cette limite à 75 % pour les projets qui sont principalement motivés par l’adaptation aux changements climatiques, et de la porter à 100 % pour les projets menés dans les régions les plus vulnérables du monde.

Le climat, l’innovation et le développement sont des éléments indissociables d’une même approche. Nous ne pouvons pas nous permettre que des mesures et des projets soient mis en œuvre dans un pays au détriment des autres, qu’il s’agisse d’énergie, de vaccins ou d’alimentation. Nous avons besoin de programmes mondiaux qui protègent les plus vulnérables tout en servant les objectifs communs.

Pour que tout cela se concrétise, il nous faut un nouveau modèle de partenariat solide, forgé sur la confiance et le respect, qui commence par l’écoute mutuelle. Au sein de l’Équipe Europe, l’Union européenne, en collaboration avec les États membres et les institutions financières et de développement européennes, cherche à mobiliser le secteur privé pour multiplier les investissements. Je peux vous assurer que la Banque européenne d’investissement et sa branche spécialisée dans le développement, BEI Monde, sont à l’écoute et désireuses d’apprendre et de partager. Nous sommes prêts, dans le cadre de Global Gateway et de l’Équipe Europe, à intégrer des partenariats solides et stratégiques entre l’Union africaine et l’Union européenne dans des domaines stratégiques pour nous tous.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.