Discours liminaire de Nadia Calviño, présidente du Groupe BEI, consacré au financement de la résilience et de la force durable de l’Europe, lors du Sustain Strategy Summit 2025 de Bloomberg.
Chers amis,
C’est avec grand plaisir que je m’apprête à partager avec vous quelques réflexions sur l’investissement durable dans un paysage mondial en mutation rapide. Ces jours-ci, l’actualité est dominée par l’avenir des échanges commerciaux, de la sécurité mondiale et de la compétitivité économique, et les marchés s’en ressentent également.
Je rentre tout juste des réunions de printemps du FMI et du Groupe de la Banque mondiale à Washington, où ces sujets ont également occupé une place centrale dans nos discussions. Au sein du Groupe Banque européenne d’investissement, nous estimons que, loin d’être secondaire, l’investissement durable représente un élément clé de l’équation dans chacun de ces débats mondiaux.
Alors que, sous certaines latitudes, le mot « climat » n’est pas très en vogue – il devient même quasiment révolutionnaire –, je tiens à dire qu’à la Banque européenne d’investissement, nous sommes fiers d’être la banque du climat et que nous maintiendrons le cap. Et ce, parce que nous considérons la transition écologique comme un moteur essentiel de la compétitivité, de la sécurité, de la stabilité et de l’autonomie stratégique de l’Europe.
Les financements verts records que nous avons déployés l’année dernière devraient permettre de mobiliser plus de 100 milliards d’euros de nouveaux investissements en faveur de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables, du stockage de l’électricité et des réseaux électriques en Europe. Et nous allons bientôt lancer un dispositif de garantie spécialement destiné aux fabricants européens de composants de réseau et aux producteurs d’énergie renouvelable. Ainsi, nous contribuons à réduire la dépendance de l’UE à l’égard des producteurs de combustibles fossiles et nous faisons en sorte que l’énergie soit la moins chère et la plus propre possible pour les citoyens et les entreprises.
Vous voyez dès lors que, loin de nous détourner de notre mission en tant que bras financier de l’Union européenne, les investissements durables constituent un élément central du mandat qui nous est confié. Ils nous aident à renforcer l’innovation et l’excellence industrielle nées localement, à créer des champions européens, à renforcer notre sécurité énergétique et aussi à créer des millions d’emplois. Les financements verts contribuent également à protéger nos villes et nos populations des incidences des changements climatiques.
Chaque euro investi dans l’adaptation aux effets des changements climatiques peut permettre d’éviter 5 à 7 euros de dommages futurs. En d’autres termes, les initiatives bénéfiques pour notre planète sont aussi pertinentes pour nos économies.
En outre, la finance durable favorise l’approfondissement des marchés des capitaux européens. En 2007, la Banque européenne d’investissement a émis la toute première obligation verte au monde. Et aujourd’hui, nous sommes l’un des principaux émetteurs mondiaux d’obligations durables, avec plus de 120 milliards d’euros placés à ce jour. Récemment, nous avons étendu le périmètre de nos obligations pour le développement durable à l’entrepreneuriat féminin et à l’égalité de genre. Jusque-là, seuls les secteurs de l’eau, de l’éducation, de la santé et du logement étaient admissibles.
En ces temps très incertains, ces obligations sont également des éléments qui vont dans le sens d’une union européenne des marchés des capitaux. Ils créent un actif européen sûr pour les investisseurs et un marché de plus en plus profond et liquide sous pavillon européen.
La demande du marché renforce l’attrait de l’euro et de l’Europe en tant que pôle de sécurité. Le mois dernier, nous avons émis notre première obligation climatiquement responsable alignée sur la norme européenne en matière d’obligations vertes. L’émission de 3 milliards d’euros a été sursouscrite plus de 13 fois. Ce résultat témoigne clairement d’une perspective très positive pour les investissements durables à l’échelle mondiale.
De plus, des données récentes de Bloomberg et de l’Agence internationale de l’énergie montrent qu’en dépit de la rhétorique politique, les nouveaux investissements dans les énergies propres ont battu record sur record chaque année au cours des deux dernières décennies et qu’ils dépassent maintenant les 2 000 milliards de dollars par an. Les ventes de véhicules électriques enregistrent des records chaque année, tandis que la capacité de stockage d’énergie propre connaît une expansion inédite. Ces éléments confirment que nos actionnaires, les 27 États membres de l’Union européenne, ont eu raison d’approuver à l’unanimité une feuille de route stratégique pour le Groupe BEI qui place le climat au cœur de nos priorités d’investissement.
Nous sommes sur la bonne voie pour atteindre notre objectif de soutenir la mobilisation de 1 000 milliards d’euros d’investissements verts cette décennie, un engagement que nous réaffirmerons plus tard cette année lors de la deuxième phase de notre Feuille de route de la banque du climat.
Pour conclure, permettez-moi de dire que le Groupe BEI considère que la durabilité et la prospérité économique se renforcent mutuellement. Elles sont au fondement de ce qui permet à notre planète d’être vivable et de ce qui assure l’avenir stable que nous souhaitons pour nous-mêmes et nos enfants. Si certains remettent en question la direction que nous avons prise, j’estime pour ma part que rien ne pourra arrêter ce mouvement.
Et vous pouvez compter sur le Groupe BEI pour poursuivre sur cette voie, en apportant stabilité et sécurité aux citoyens, aux investisseurs et à nos partenaires du monde entier.
Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite des échanges très fructueux.