Déclaration liminaire de Nadia Calviño, présidente du Groupe BEI, lors du deuxième séminaire de haut niveau relatif au programme InvestEU et intitulé « Renforcer les moyens d’action d’une Union compétitive : d’InvestEU au Fonds européen pour la compétitivité ».
Monsieur le Vice-Président exécutif, chers Collègues, je suis très heureuse d’être parmi vous aujourd’hui.
Je serai également brève. Je tiens à féliciter le vice-président exécutif pour son excellente introduction, car je pense qu’en tant que partenaire clé de la Commission européenne et de la mise en œuvre d’InvestEU, qui est une véritable réussite, c’est en substance ce que je voulais aussi partager avec vous aujourd’hui.
Il est utile d’échanger quelques réflexions sur notre expérience, notre parcours jusqu’à présent, nos priorités et nos interventions relevant encore du cadre financier pluriannuel actuel pour tirer le meilleur parti du budget européen et optimiser l’impact sur le terrain.
Comme l’a dit le vice-président, nous vivons une période de changement. On a le sentiment que tout, partout, tout à la fois est en train de changer. Et dans ce contexte, l’Union européenne représente de fait la stabilité, la clarté, la confiance aux yeux du reste du monde, comme nous le vérifions en effet lorsque nous discutons avec l’un de nos partenaires.
Pour l’avenir, nous sommes clairement invités à renforcer notre soutien à l’économie européenne et, en particulier, à la compétitivité de l’UE. Plusieurs rapports d’experts nous ont dégagé trois leviers clairs, trois indications claires sur ce qu’il y a lieu de faire. Nous devons intégrer, investir et simplifier. La première bonne nouvelle que nous pouvons partager aujourd’hui est que cela correspond exactement à l’intention de la Commission et à celle du vice-président Stéphane Séjourné. Et telle est tout à fait l’intention de la Banque européenne d’investissement, en tant que partenaire clé dans la mise en œuvre d’InvestEU et d’autres instruments européens relevant du budget européen.
De toute évidence, ce que nous devons faire pour l’avenir, c’est tirer parti de nos atouts, et InvestEU est une véritable carte maîtresse. Ce programme transforme chaque euro de fonds publics en investissements massifs dans l’ensemble de l’UE, ce qui permet de stimuler l’innovation, de soutenir les industries stratégiques, d’accélérer la transition de l’Europe vers une économie compétitive durable et d’épauler l’économie sociale, qui est au cœur du modèle économique européen.
À l’heure actuelle, comme je le disais, le Groupe Banque européenne d’investissement est le principal partenaire chargé de la mise en œuvre d’InvestEU. Nous avons affecté 94 % de la garantie allouée à 1 074 opérations approuvées pour plus de 44 milliards d’euros à l’appui de projets innovants ou assortis d’un profil de risque plus élevé ou encore présentant un grand avantage environnemental.
Et un indicateur clé du succès a été la très forte demande du marché enregistrée dès le premier jour. Cette demande du marché a dépassé le volume des fonds alloués dès le premier jour.
Je ne citerai que quelques exemples récents pour illustrer ce que signifie InvestEU sur le terrain. Nous avons récemment financé Baltica 2, le plus grand parc éolien en mer de Pologne et de l’UE à ce jour. Nous soutenons des projets dans les sciences de la vie comme celui de l’entreprise SNIPR Biome au Danemark, ou la recherche sur le cancer en Espagne, ou encore des travaux de recherche sur la résistance aux antimicrobiens. Des start-up spécialisées dans les nanosatellites, une entreprise en Allemagne développant des carburants de synthèse neutres en carbone, le projet de l’entreprise Samotics aux Pays-Bas qui utilise l’IA pour la maintenance prédictive.
Nous finançons des logements et des résidences économes en énergie dans l’ensemble de l’Union, par l’intermédiaire de la Plateforme de conseil. Ces exemples parlent d’eux-mêmes, et je me réjouis vraiment que lors de la conférence de cet après-midi, vous puissiez entendre des bénéficiaires d’investissements d’InvestEU expliquer concrètement l’importance de ce programme.
À la Banque européenne d’investissement, nous mettons à disposition des garanties sur portefeuille et des investissements en fonds propres. Nous œuvrons par l’intermédiaire de fonds d’investissement. Nous soutenons également l’écosystème européen du capital-risque et du capital-investissement. En outre, au-delà des financements déjà mentionnés par le vice-président exécutif et moi-même, la plateforme de conseil InvestEU promeut des projets d’investissement concrets sur le terrain.
Dès le premier jour, InvestEU a fait face à une demande plus importante que celle à laquelle il pouvait répondre et, comme nous l’avons déjà indiqué, nous n’attendrons pas le prochain cadre financier pluriannuel pour optimiser l’effet de levier de chaque euro provenant du budget européen. Grâce à l’excellente collaboration entre la Commission européenne et la Banque européenne d’investissement, nous avons présenté des propositions qui nous permettront de mobiliser 2,5 milliards d’euros de garanties supplémentaires, qui susciteront à leur tour des investissements pour plus de 50 milliards d’euros au total.
Mais bien évidemment, nous anticipons actuellement la suite en vue de libérer les garanties existantes qui sont immobilisées dans le cadre de programmes hérités, en mobilisant également les rentrées de fonds de sorte que nous puissions globalement augmenter les garanties disponibles de 6,7 milliards d’euros. Ainsi, nous pourrons une fois encore, d’ici la fin de l’actuel cadre financier pluriannuel, augmenter l’afflux d’investissements privés afin de maximiser l’impact sur le terrain sans demander un seul euro supplémentaire aux contribuables européens, un aspect que j’estime – en tant qu’ancienne directrice générale du budget européen – extrêmement important lorsque nous discutons de ces enjeux.
La simplification est, par conséquent, non seulement souhaitable, mais elle est également payante. Elle nous permet d’avoir plus de poids et plus d’impact sur le terrain, en allégeant les formalités administratives et en réduisant la charge pour nos bénéficiaires.
Je dois vous dire que notre collaboration avec le vice-président Séjourné est excellente, tout comme notre collaboration avec la DG GROW. Nous nous efforçons de trouver des champions qui nous permettent aussi de rationaliser les services de conseil et nos mandats à l’extérieur de l’UE car la compétitivité des entreprises européennes n’est pas seulement liée à des projets à l’intérieur de nos frontières, elle a aussi à voir avec des projets en dehors de l’UE où les entreprises européennes peuvent être compétitives et peuvent avoir le soutien du budget européen afin de renforcer également cette compétitivité internationale.
Nous étudions également ensemble les moyens de maximiser le panachage de ressources avec les fonds structurels. J’en ai discuté avec l’association Social Europe pas plus tard que la semaine dernière. Comment pouvons-nous combiner subventions et instruments financiers, comment pouvons-nous optimiser l’utilisation des guichets nationaux afin de pouvoir mobiliser au maximum la structure des fonds et la facilité pour la reprise et la résilience au moyen de ce type d’instruments financiers ?
En résumé, ce que je veux partager avec vous en ce qui concerne le passé et le présent d’InvestEU, c’est que nous devons nous appuyer sur ce qui fonctionne. InvestEU a fait ses preuves. Il devrait être la base de toutes les propositions à venir. Et le partenariat entre la Commission européenne, les banques nationales de promotion économique et la Banque européenne d’investissement, qui est au cœur du réseau des institutions nationales de promotion économique, porte ses fruits et peut vraiment poser les jalons d’une future réussite.
Les instruments financiers et les garanties budgétaires seront plus pertinents que jamais dans le prochain cadre financier pluriannuel. Nous aurons donc besoin d’une flexibilité maximale en vue de maximiser l’effet de levier et l’utilisation de tous ces instruments.
Un dernier mot sur l’intégration du marché, parce que j’ai parlé de deux leviers, la simplification et l’investissement. Maintenant, l’intégration du marché : il est très clair que pour que les entreprises européennes soient compétitives, elles doivent mettre à profit la pleine puissance du marché intérieur, la pleine puissance de notre union. Notre union est notre principale force, et les entreprises doivent bénéficier de ce marché intérieur de plus de 440 millions – près de 450 millions – de citoyens et de citoyennes.
La Banque européenne d’investissement est en soi un instrument de l’union des marchés des capitaux. Nous émettons des obligations sous une signature européenne. Nous fournissons une plateforme paneuropéenne pour canaliser l’épargne vers des investissements productifs. Il devient vraiment essentiel que nous stimulions également le marché intérieur des capitaux. Cet aspect est au cœur de chaque discours public. Il y a une forte dynamique politique. Il est essentiel que nous favorisions la mobilisation des financements privés par l’intermédiaire d’un marché intérieur profond et vaste. Il importe que nous soutenions les instruments paneuropéens, tout en rationalisant nos propres processus de contrôle.
Citons, par exemple, une procédure accélérée de contrôle des aides d’État, de sorte que les instruments européens, le soutien européen, les institutions européennes puissent favoriser cette intégration du marché et les projets paneuropéens.
Permettez-moi de conclure, comme j’avais commencé, sur cette idée : quel est le rôle de l’Europe en ces temps d’incertitude et de volatilité ? Eh bien, nous représentons la confiance et la stabilité. Comme le montre InvestEU, à mon avis, lorsque nous travaillons ensemble, vraiment rien ne peut nous arrêter.
Et l’Europe est aussi un modèle en matière de droits humains et de valeurs. Ce sont là nos atouts. Et nous devons nous appuyer sur cette base pour aller de l’avant à un moment où, permettez-moi de vous le dire, chers amis, je suis plus fière que jamais d’être européenne et je suis plus fière que jamais de contribuer, à la tête de la Banque européenne d’investissement, à toutes ces priorités au bénéfice des générations actuelles et futures en Europe.
Permettez-moi de conclure en vous souhaitant une discussion très productive cet après-midi. Merci.