Dans un secteur habituellement caractérisé par sa haute technologie et un degré élevé d’innovation, l’année 2020 a fait exception : des autorités sanitaires de toute l’Europe ont eu du mal à financer des fournitures médicales de base, et d’autres ont cherché des solutions simples aux flambées épidémiques de COVID-19

En mars, la ville de Kiskunhalas, dans le sud de la Hongrie, a compris que les taux d’infection au coronavirus risquaient de mettre à mal les capacités de prise en charge des services de santé régionaux, ce qui a conduit les pouvoirs publics à prendre la décision de construire un hôpital mobile.

« Il a été construit en quelques semaines pour répondre au bond des hospitalisations dans la région », explique Gabor Kiss, chargé de prêts à la Banque européenne d’investissement, qui s’est occupé du dossier de financement en faveur de la municipalité et d’autres opérations de fournitures médicales rendues urgentes par la pandémie de COVID-19 en Hongrie.

L’hôpital mobile d’épidémiologie de Kiskunhalas peut prendre en charge jusqu’à 150 patients et est spécialement conçu pour soigner les personnes infectées par le coronavirus nécessitant des soins intensifs. « Il contribue également à contenir la propagation du virus », souligne Tunde Szabo, économiste de la santé auprès de la Banque. « Les services de santé locaux sont en mesure d’isoler les patients COVID des autres, ce qui réduit considérablement le risque d’infection nosocomiale par ce virus. »

D’une manière générale, la Banque européenne d’investissement soutient l’innovation médicale, finançant aussi bien les infrastructures hospitalières que l’innovation biotechnologique en passant par les dispositifs médicaux et la mise au point de vaccins contre le coronavirus. Mais, à l’image d’une année pas comme les autres, ce n’était ni de technologies ni d’outils novateurs dont les hôpitaux et le personnel soignant du monde entier avaient le plus besoin, surtout lors des premiers mois de la pandémie. En effet, les pouvoirs publics ont eu du mal à fournir non seulement les infrastructures et le personnel nécessaires pour traiter les cas graves d’infection par le SARS-CoV-2, mais aussi les équipements essentiels pour prévenir la propagation de la maladie. Les demandes qu’ils ont adressées à la Banque européenne d’investissement portaient sur le financement de besoins médicaux bien plus élémentaires que d’habitude.

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L’hôpital mobile d’épidémiologie de Kiskunhalas

Les pays ont dû réagir rapidement pour approvisionner leurs hôpitaux et centres de santé en équipements de protection essentiels, notamment en masques chirurgicaux, gants, produits désinfectants, sans oublier le matériel spécialement destiné aux soins intensifs liés au SARS-CoV-2, comme les lits de soins intensifs et les appareils respiratoires.

Même si, en mars 2020, la Hongrie ne figurait pas parmi les pays de l’UE les plus touchés, les autorités hongroises devaient néanmoins protéger la santé de leurs concitoyens en réduisant le taux d’infection. Le pays devait également se préparer à une possible deuxième vague d’infections. Cette étape allait se révéler précieuse, la Hongrie ayant été fortement touchée par la pandémie plus tard dans l’année.

Pour aider le pays à financer ses mesures d’urgence, la Banque européenne d’investissement a accordé un prêt de 162,5 millions d’euros à l’État hongrois. Il a servi à financer près de 500 types d’articles différents dont le secteur de la santé avait besoin pour enrayer la propagation de la maladie et traiter efficacement les patients.

« Il s’agissait d’un projet de soins de santé spécial pour la Banque », explique Tunde Szabo. « Nos projets portent généralement sur la modernisation des hôpitaux et l’innovation dans le domaine de la santé, mais nous vivons une situation exceptionnelle. Face à l’urgence manifeste des besoins, nous avons dû réagir rapidement afin de soutenir les États membres de l’UE et les aider à affronter la crise du coronavirus de toutes les manières possibles. »

Respirateurs, désinfectants, masques, ventilateurs, moniteurs de surveillance ne représentent qu’un échantillon des articles que les autorités hongroises ont pu se procurer grâce à ce prêt. « Le prêt a été consacré presque en totalité à l’achat de fournitures et d’équipements médicaux nécessaires au fonctionnement quotidien des centres de santé pendant une pandémie », poursuit Tunde Szabo.

Le matériel médical nouvellement acquis a été distribué dans toute la Hongrie.

Projet hospitalier en Tchéquie : des solutions simples face à la pandémie de COVID-19

La réponse de la Hongrie à la crise constitue l’un des nombreux « projets COVID-19 » soutenus par la BEI au cours de l’année écoulée. Le nombre de projets dans le domaine de la santé soutenus par la Banque a triplé par rapport à l’année précédente. Toutefois, les projets de la Banque dans le secteur de la santé en 2020 ne portaient pas uniquement sur des mesures d’urgence. Malgré des circonstances inédites, nous n’avons pas négligé nos objectifs à long terme en matière d’infrastructures sanitaires.

La crise du coronavirus a éprouvé les limites des services de santé locaux. La pandémie a également souligné leur vulnérabilité et leur manque de préparation. Les insuffisances des hôpitaux plus anciens ont été mises en évidence, poussant les autorités locales à trouver des solutions.

C’est la raison pour laquelle la BEI soutient la région tchèque de Bohême-centrale à l’aide d’un prêt de 48 millions d’euros afin d’améliorer son degré de préparation aux situations d’urgence et de moderniser ses infrastructures de soins de santé, de transport, de prise en charge sociale et d’éducation.

Plus de la moitié des fonds serviront à remettre en état et à moderniser cinq hôpitaux de la région, ainsi que le service ambulancier de la Bohême-centrale. Ces investissements renforceront l’accès à des services de santé de meilleure qualité pour près de 1,4 million de personnes dans la région. « Le programme permettra de rendre ces installations médicales plus efficaces, d’améliorer la qualité de leurs services, de contribuer à l’efficacité énergétique et de renforcer la préparation aux situations d’urgence », déclare Tunde Szabo.

Il ne s’agit pas de multiplier le nombre de lits d’hôpital. Mais plutôt d’accroître la résilience des établissements hospitaliers.

Le meilleur moment pour prévenir la prochaine pandémie

« La meilleure façon de faire face à une pandémie est d’améliorer les installations de santé existantes », commente Tunde Szabo. « Il ne s’agit pas de multiplier le nombre de lits d’hôpital. Mais plutôt d’accroître la résilience des établissements hospitaliers. » Pour cela, des solutions simples existent, comme l’amélioration des systèmes de ventilation afin d’éviter les infections nosocomiales, l’un des changements apportés dans les hôpitaux tchèques.

« Il s’agit aussi de repenser notre système de santé », souligne Tunde Szabo. « Il faut augmenter le nombre de centres de soins pour maladies chroniques. Ce type de soins n’a pas à être dispensé dans des hôpitaux où l’on traite des maladies aiguës, car c’est la forme de soins la plus consommatrice de ressources. Des installations spécialement conçues pour la prise en charge des affections chroniques sont bien plus efficaces et plus faciles à adapter à la lutte contre les infections. »

La pandémie de coronavirus nous a contraints à accélérer ces évolutions, à repenser nos hôpitaux et à évaluer notre degré de préparation réel. Cette année nous a bien fait comprendre à tous qu’il n’y avait pas de meilleur moment pour prévenir la prochaine pandémie que le moment présent.