Au moment où les États membres discutent de la prolongation du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), mis en œuvre par la Banque européenne d’investissement, il est essentiel que soient posées certaines questions fondamentales sur l'économie européenne : les investissements, en Europe, se sont-ils remis de la crise ? Quels sont les freins en la matière ? Comment pouvons-nous alléger les contraintes financières qui pèsent sur les investissements afin de renforcer la productivité et notre compétitivité dans l’économie mondiale ?
Rassemblant à Luxembourg, le 17 novembre 2016, plus de cent participants du secteur privé, des pouvoirs publics et du monde universitaire, la conférence de la BEI sur l’économie – organisée en collaboration avec The European Money and Finance Forum (en abrégé, SUERF) – a constitué une tribune où furent débattus les problèmes existants et les solutions requises.
Reconnaître qu'il faut amplifier la reprise des investissements
« L’Union européenne est une réussite historique et sa transformation a récemment progressé à une vitesse considérable : citons l’euro, l’union bancaire, l’espace Schengen, la libre circulation des personnes, des biens et des services » a déclaré Werner Hoyer, président de la BEI. « Mais nous ne pouvons pas baisser la garde. La reprise économique en Europe demeure atone. Des taux de chômage très élevés persistent dans nombre de pays européens et représentent une menace pour notre potentiel de croissance à long terme. En effet, il apparaît que les divers pays d’Europe affichent des trajectoires de croissance très différentes, ce qui crée des tensions. »
« Nous, Européens, devons renforcer notre position concurrentielle sur le marché mondial. Et agir aujourd'hui pour la sécurité et la prospérité des générations futures. »
Werner Hoyer, président de la BEI
Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI, a exposé la démarche à adopter : « L’appui public aux investissements est très important pour mobiliser et attirer le secteur privé. Nous devons déployer des efforts concertés pour éliminer les goulets d'étranglement, répondre aux besoins d’investissement dans les infrastructures et l'innovation et pour contribuer à alléger les contraintes financières qui pèsent sur les petites sociétés. Encore aujourd’hui, ce sont plutôt les PME qui tendent à faire état de contraintes financières que les grandes entreprises. L’accès aux fonds propres reste difficile pour les petites entreprises et c’est un problème que nous devons traiter. »
S’assurer que ce sont les sociétés les plus productives qui bénéficient de financements
Trois groupes d'experts ont débattu des performances de l’Europe en matière d'investissement et des mesures à prendre pour garantir que le type de financement adapté soit disponible afin que les investissements requis soient réalisés. Certaines banques européennes souffrent encore des effets secondaires de la crise et il a été avancé que la performance des entreprises dans l’économie réelle en a été affectée.
« La crise a touché la capacité de nos secteurs financiers à allouer efficacement les ressources aux sociétés les plus productives ; il est possible que cela contribue à ce que la productivité ne croisse qu’avec une lenteur persistante, sapant ainsi notre compétitivité » a commenté Andrew McDowell, vice-président de la BEI. « Pour compenser ce phénomène, nous devons aboutir à un renforcement de l’appui public à l’investissement, en tirant le meilleur parti possible des capacités de financement nationales et de l’UE afin de remédier aux carences en matière d’investissements, notamment grâce à des opérations qui dopent la productivité et approfondissent l’intégration des marchés. »
Se référant aux résultats d'une nouvelle enquête de la BEI sur les entreprises dans l’ensemble de l’Europe, qui sera publiée début 2017, Debora Revoltella, Économiste en chef de la BEI, a souligné que, désormais, « les perspectives d'investissement semblent progresser. Les investissements des entreprises semblent principalement motivés par le souhait de remplacer et d’améliorer leur stock de capital afin d’accroître la productivité et la compétitivité, plutôt que par un désir de renforcer les capacités. Mais ce sont les petites sociétés qui semblent confrontées à davantage de contraintes. Seules 77 % d’entre elles ont investi l’an dernier, contre 88 % des grandes entreprises. »
À l'occasion de la conférence, la BEI publie un rapport annuel intitulé L'investissement et le financement d'investissements en Europe – 2016 qui se penche sur les tendances en matière d'investissement et les défis auxquels est confrontée l'Europe. Cette édition examine comment « Financer la croissance de la productivité » en analysant tout particulièrement comment la crise a pesé sur la capacité du secteur financier européen de soutenir le type d'investissements qui sont nécessaires pour améliorer la productivité, la compétitivité et la prospérité à long terme de l’Europe.