La Banque Européenne d'Investissement (BEI) a signé, hier, conjointement avec la Proparco et la DEG, un contrat de garantie pour un prêt de 14.3 milliards de francs CFA accordé à la Compagnie Sucrière du Tchad (CST) par un groupe de banques de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale). La CST, qui est une filiale de Somdiaa SA (membre du groupe JL Vilgrain), entend moderniser les installations de production sucrière dans ses usines au Tchad. L'opération de la BEI consiste en l'octroi d'une garantie en monnaie locale sur les ressources de la Facilité d'investissement afin de couvrir le risque de non-remboursement du principal du prêt précité à concurrence de 11,8 millions d'EUR ; la Proparco et la DEG fourniront des garanties similaires, à concurrence de 5 millions d'EUR chacune. Parallèlement, la Facilité d'Investissement a accordé une subvention de 1,8 million d'EUR à la CST, à l'appui d'investissements à caractère environnemental et social liés au projet.

Le projet porte sur la modernisation des plantations de canne à sucre et de la raffinerie de sucre de CST à Banda (sud du Tchad), ainsi que sur la rénovation de l'usine de confiseries et de pains de sucre de Farcha, près de N'Djamena. À Banda, l'actuel système d'irrigation par rampes pivotantes articulées sera remis en état et partiellement remplacé par des réseaux d'irrigation au goutte à goutte. L'objectif est de réduire la consommation d'eau, d'augmenter la production de canne à sucre et d'accroître la productivité de la main-d'œuvre. Le projet, qui soutient le programme de privatisation du pays, apportera une contribution appréciable à l'économie, tant locale que nationale, puisqu'il réduira sensiblement la facture des importations de sucre du Tchad. Il sera également bénéfique pour le budget de l'État car la CST est à l'origine de 10 % de l'ensemble des recettes fiscales. En outre, la CST offre à la population de sa zone d'attraction des installations d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement plus performantes, ainsi que des services éducatifs et sanitaires.

Le contrat de garantie a été signé conjointement par les garants et la Société générale tchadienne de Banque - prêteur en titre -, le 4 juillet à Paris. Bien que la pondération des risques pour les garanties fournies par des IFI et des institutions bilatérales soit actuellement de 20 %, la COBAC (Commission bancaire d'Afrique centrale) a autorisé une pondération de 0 % pour la présente opération. En conséquence, les banques composant le syndicat, qui avaient déjà atteint leur limite d'encours pour ce qui concerne la CST, ont été en mesure d'accorder les prêts en monnaie locale nécessaires au financement du projet.

L'opération, qui fait suite à un prêt accordé en 1976 à Sonasut - prédécesseur de la CST - apporte un soutien supplémentaire au secteur du sucre en Afrique centrale, qui avait déjà bénéficié de diverses opérations réalisées de la BEI avec la société mère de la CST - le groupe Somdiaa - au Cameroun entre 1966 et 2000, ainsi que d'une opération de prise de participation à hauteur de 6,25 % dans AIG African infrastructure Fund LLCC, entité qui détient elle-même 13,5 % de Somdiaa. Il s'agit en l'occurrence d'une opération classique de rehaussement de crédit, dont la justification réside dans l'impact particulièrement positif qu'aura le projet concerné sur les plans social et économique. Elle contribuera au développement des marchés financiers locaux, donnera à la CST les moyens d'obtenir un financement à long terme libellé en francs CFA et permettra aux banques locales de continuer à accorder des financements à la CST, tout en respectant les règles prudentielles de la COBAC relatives à la diversification des risques.

La BEI a été créée en 1958 par le Traité de Rome pour financer des projets d'investissement concourant à la réalisation des grands objectifs de l'Union européenne (UE). Elle participe également à la mise en œuvre de la politique de coopération de l'UE avec les pays tiers qui ont conclu avec cette dernière des accords de coopération ou d'association.

Actuellement, les prêts de la Banque dans les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) sont accordés dans le cadre de la Facilité d'investissement, mécanisme créé en vertu de la Convention de partenariat ACP-UE, signée à Cotonou en juin 2000. L'enveloppe financière disponible au titre de l'Accord de Cotonou se monte, pour la période 2002-2006, à 15,2 milliards d'EUR au total, dont 11,3 milliards d'EUR d'aide non remboursable fournie par les États membres de l'UE, 2,2 milliards d'EUR gérés par la BEI au titre de la Facilité d'investissement et un maximum de 1,7 milliard d'EUR à accorder sous la forme de prêts sur les ressources propres de la BEI. La Facilité d'investissement est un mécanisme renouvelable (le produit des remboursements sera investi dans de nouvelles opérations), dont l'objectif consiste à soutenir des projets solides sur les plans technique, environnemental, financier et économique, et qui relèvent du secteur privé ou de la partie du secteur public gérée selon des critères commerciaux.