La Banque européenne d'investissement (BEI), l'institution de financement à long terme de l'Union européenne, a prêté à ce jour en 1998 274 millions d'écus (1) à des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique signataires de la Convention de Lomé. La quasi-totalité des prêts concernés, qui sont financés soit par des ressources que la Banque se procure sur les marchés internationaux des capitaux (ses ressources propres), soit par des capitaux à risques du Fonds européen de développement (2), ont été signés suite à la ratification du deuxième protocole financier de Lomé IV et de son entrée en vigueur le 1er juin.

L'enveloppe financière disponible au titre de ce deuxième Protocole, qui couvre la période allant jusqu'en 2000, se monte à 14,6 milliards d'écus au total, dont 12 milliards d'écus d'aide non remboursable fournie par les Etats membres de l'UE, 1 milliard d'écus de capitaux à risques gérés par la BEI et un maximum de 1,6 milliard d'écus consentis sous la forme de prêts sur les ressources propres de la BEI.

La répartition par pays à la fin septembre 1998 des prêts accordés par la BEI dans les pays ACP est la suivante :

  • Burkina Faso : 1 million d'écus sur capitaux à risques à FILSAH S.A. pour la construction d'une filature de coton à fibres libérées à Bobo-Dioulasso.
  • Dominique : 3 millions d'écus sur capitaux à risques à l'Agricultural, Industrial and Development Bank (AID Bank) pour le financement d'investissements de petite et moyenne dimension dans les secteurs de l'industrie, de l'agro-industrie, du tourisme, des transports et des services connexes, par rétrocession ou prises de participations en quasi-capital.
  • Ethiopie : 41 millions d'écus sur capitaux à risques à la République démocratique fédérale d'Ethiopie pour rétrocession à l'Ethiopian Electric Power Corporation. Le prêt servira en partie à financer la construction d'une centrale hydroélectrique d'une capacité installée de 192 MW sur la Gilgel Gibe.
  • Fidji : 250 000 écus à la République de Fidji pour financer une étude d'impact environnemental concernant le projet de création dans la baie de Natadola d'un complexe touristique impliquant la construction d'hôtels, d'une marina et d'équipements sportifs.
  • Kenya : 10 millions d'écus sur capitaux à risques à la République du Kenya. Les fonds seront acheminés par l'intermédiaire de la banque centrale du Kenya à des banques commerciales sélectionnées, pour financer des investissements privés de petite et moyenne dimension dans les secteurs de l'industrie manufacturière, de l'agro-industrie, de l'horticulture, du tourisme, des mines et des services connexes, par rétrocession ou prises de participations en capital.
  • Lesotho : 44 millions d'écus à la Lesotho Highlands Development Authority (LHDA) pour financer la Phase 1 B du projet Lesotho Highlands Water. Ce projet permettra de valoriser l'eau, ressource naturelle abondante au Lesotho, en l'exportant vers l'Afrique du Sud ; il fournira en outre localement des possibilités d'emplois pour des milliers de ressortissants du Lesotho.
  • Mali, Mauritanie et Sénégal : 30 millions d'écus sur capitaux à risques à la Société de Gestion de l'Energie de Manantali (SOGEM) pour financer en partie le développement du système hydroélectrique du barrage de Manantali avec l'installation d'une centrale hydroélectrique et la construction de 1 460 km au total de lignes de transport dans les trois pays engagés dans le projet.
  • Mauritanie : 6 millions d'écus au total sur capitaux à risques, dont 5 millions à la Société d'Assainissement, de Travaux, de Transport et de Maintenance (ATTM), filiale de la Société Nationale Industrielle et Minière, pour financer l'achat des installations et équipements de construction de routes nécessaires pour faire face à la croissance future de ses activités en Mauritanie, et 1 million d'écus à la société MIP FRIGO pour financer une usine de transformation du poisson qui permettra d'augmenter les exportations de poisson frais et surgelé, principalement vers les marchés européens.
  • Maurice : 10 millions d'écus à la Centrale Thermique de Belle-Vue Ltd. pour la construction d'une centrale électrique de base alimentée au charbon et à la bagasse et destinée à fournir de la vapeur et de l'électricité à une sucrerie ainsi que de l'électricité au réseau public de l'île.
  • Mayotte : 2 millions d'écus sur capitaux à risques à Electricité de Mayotte pour la construction d'une nouvelle centrale électrique (Badamiers 2) à proximité de la centrale thermique existante de Badamiers ainsi que les réseaux de transport et d'alimentation correspondants.
  • Mozambique : 57 millions d'écus (dont 19 millions d'écus sur capitaux à risques) à MOZAL pour la construction et l'exploitation d'une fonderie d'aluminium primaire de 245 000 tonnes/an sur un nouveau site près de Maputo. Le projet repose sur des matières premières d'importation et la production est destinée à être exportée, permettant de tirer avantage des abondantes et bon marché ressources électriques dans la région et des installations portuaires de Maputo.
  • Namibie : 2 millions d'écus sur capitaux à risques à Reunion Mining Plc. pour la réalisation d'une étude de faisabilité destinée à établir la viabilité technique, financière et économique de la mise en valeur commerciale du gisement de minerai de zinc Skorpion dans le sud de la Namibie.
  • République dominicaine : 6 millions d'écus sur capitaux à risques à la banque ADEMI (Banco de Desarrollo ADEMI, S.A.) pour le financement à moyen et long terme de projets de PME.
  • Samoa : 2 millions d'écus sur capitaux à risques à la Banque de développement des Samoa occidentales à l'appui d'investissements réalisés par des PME et d'infrastructures de production, soit par rétrocession, soit par prises de participations en capital ou en quasi-capital.
  • Tanzanie : 14,8 millions d'écus sur capitaux à risques, dont 12,8 millions d'écus à la République unie de Tanzanie pour rétrocession aux Directions de l'aviation civile et des aérodromes afin de contribuer au financement du renouvellement d'équipements de navigation aérienne et de communication, d'alimentation électrique et de lutte anti-incendie aux aéroports de Dar-es-Salaam et de Kilimanjaro, et 2 millions d'écus pour contribuer au financement de Fedha Fund Limited, fonds de participations privé destiné à fournir des capitaux à risques à des sociétés tanzaniennes.
  • Trinité-et-Tobago : 10 millions d'écus (dont 2 millions sur capitaux à risques) à la société Development Finance Ltd. pour financer des investissements réalisés par des PME dans les secteurs de l'industrie, de l'agro-industrie, du tourisme, des transports et des communications ainsi que des infrastructures génératrices de recettes. Les capitaux à risques serviront à financer des prises de participations en capital ou en quasi-capital.
  • Zambie : 32 millions d'écus au total sur capitaux à risques au Gouvernement de la Zambie pour rétrocession à la Zambia Electricity Supply Corporation Ltd. (ZESCO). 16 millions d'écus contribueront à financer la remise en état de la centrale hydroélectrique des chutes Victoria et un montant équivalent sera investi dans la réfection de la centrale hydroélectrique de Kariba North Bank.
  • Zimbabwe : 3,2 millions d'écus sur capitaux à risques à Maranatha Ferrochrome Company Limited (MFC) pour l'acquisition et le montage d'une fonderie de ferrochrome à haute teneur en carbone près de Kadoma ; la matière première proviendra des vastes gisements de chromite du pays exploités pour la plupart par de petites entreprises minières, et la production est destinée à être exportée. 0,4 million d'écus seront apportés sous la forme d'une prise de participation indirecte destinée à renforcer l'actionnariat local de la MFC.

Créée en 1958 par le Traité de Rome, la BEI finance des projets d'investissement concourant à la réalisation des objectifs des politiques de l'Union européenne (UE). Elle participe aussi à la mise en œuvre de la politique de coopération de l'UE avec les pays tiers qui ont signé des accords de coopération ou d'association avec l'Union. La Quatrième Convention de Lomé a été conclue en 1989 pour une période de dix ans et est assortie de deux Protocoles financiers, couvrant l'un la période 1991-1995, l'autre la période 1996-2000.


(1) Taux de conversion au 29.9.1998 utilisés par la BEI à des fins statistiques pour le trimestre en cours : 1 écu = 6,59 FRF, 1,96 DEM, 0,69 GBP, 0,79 IEP, 1,6783 USD.

(2) Le Fonds européen de développement (FED) est constitué de contributions des Etats membres de l'UE. La BEI administre sous mandat une partie du FED, qu'elle utilise principalement pour des opérations sur capitaux à risques.