La BEI et la Bourse de Luxembourg lèvent des fonds pour parer aux changements climatiques

L’action en faveur du climat, ce n’est pas donné. Des pays développés se sont engagés, dans le cadre d’un accord des Nations unies, à mobiliser 100 milliards d’USD d’ici à 2020 pour promouvoir l’action pour le climat dans les pays en développement. À cela s’ajoute les investissements requis dans les nations développées pour créer des technologies innovantes permettant de produire de l’énergie propre et de protéger l’environnement.

La Bourse de Luxembourg a franchi une étape décisive dans la mobilisation de toutes ces ressources en émettant vendredi sa centième obligation verte, un instrument financier permettant de lever des fonds qui doivent servir à financer l’action en faveur du climat ou des projets écologiquement viables. Cette nouvelle émission de la Banque européenne d’investissement, de 250 millions d’EUR, porte le montant de l’obligation BEI de référence à échéance 2026 à 1,5 milliard d’EUR, ce qui en fait la plus grande émission verte à cette échéance.

« L’écologisation du marché obligataire est essentielle pour le financement futur de l’action en faveur du climat, mais elle reste un défi », a expliqué Werner Hoyer, président de la BEI, à l’occasion du lancement de la nouvelle obligation. « Les marchés des capitaux et les émissions obligataires jouent un rôle central dans la levée de fonds à l’échelle mondiale et dans la mobilisation d’investisseurs publics et privés du monde entier. »

Cette nouvelle cotation témoigne de la croissance rapide du marché des obligations vertes, lesquelles ont été créées et émises pour la première fois par la BEI en 2007, également sur la place boursière de Luxembourg. Depuis, la banque de l’UE a émis des obligations vertes pour près de 13 milliards d’EUR, ce qui en fait le premier acteur mondial dans ce secteur. D’autres institutions financières internationales ont suivi son exemple en levant 40 milliards d’USD l’année dernière sur le marché des obligations vertes, une source de financement essentielle pour l’action en faveur du climat.

Comment la BEI contribue à l’essor des obligations vertes

L’essor des obligations vertes est devenu encore plus important après que 196 acteurs internationaux ont approuvé de nouvelles mesures visant à contenir le réchauffement de la planète lors de la conférence de Paris sur le climat qui s’est tenue en décembre. « La BEI soutient activement la réalisation de cet objectif en se plaçant à l’avant-garde de l’innovation financière », a déclaré Werner Hoyer.

Le rôle de la BEI dans la croissance du marché des obligations vertes ne se limite pas à des émissions valant des milliards d’EUR, même si la Banque peut se prévaloir d’échéances qui atteindront des niveaux inégalés en 2019 et 2023, de 3 milliards d’EUR et 1,5 milliard d’EUR, respectivement. Au total, la BEI a émis 59 obligations vertes dans 11 monnaies. Mais le marché des obligations vertes a dû relever un défi de taille : mesurer leurs incidences et rendre compte de leur impact. À cet égard, la BEI a joué un rôle de premier plan.

Un même projet peut faire l’objet d’une évaluation des incidences différente en fonction des différents émetteurs d’obligations vertes. Les investisseurs n’ont aucune certitude que la tonne de dioxyde de carbone dont ils pensaient empêcher l’émission grâce à leur contribution ne correspond pas, en réalité, à une demi-tonne, voire à deux tonnes de ce gaz.

Mais l’année dernière, la BEI a coordonné un groupe de 11 institutions financières internationales qui ont publié des lignes directrices relatives à un cadre harmonisé de rapports sur les incidences des projets liés à des obligations vertes. Ce groupe de travail a permis de mettre en place une première référence du marché officielle en matière d’harmonisation des rapports sur les incidences des obligations vertes. Ces lignes directrices visent à renforcer la transparence et la responsabilité sur le marché des obligations vertes, ce qui lui permettra de parvenir à maturité et de catalyser davantage de fonds pour l’action en faveur du climat.

Les émissions obligataires, comme la dernière en date réalisée à Luxembourg, « garantissent une transparence appropriée », a déclaré Pierre Gramegna, le ministre des finances du pays.

Robert Scharfe, président du comité de direction de la Bourse de Luxembourg, Pierre Gramegna, ministre luxembourgeois des finances, et Werner Hoyer, président de la BEI
Robert Scharfe, président du comité de direction de la Bourse de Luxembourg, Pierre Gramegna, ministre luxembourgeois des finances, et Werner Hoyer, président de la BEI

Obligations vertes : l’étape suivante

Ce facteur important contribue à convaincre les investisseurs de souscrire aux obligations vertes que la BEI cote à la Bourse de Luxembourg. Ils peuvent être certains que leurs investissements auront une incidence sur le climat et l’environnement. Cette certitude s’avérera importante lorsqu’il s’agira d’intégrer davantage le marché des obligations vertes dans les marchés des capitaux. Robert Scharfe, président du comité de direction de la Bourse de Luxembourg, a reconnu l’essor du marché à l’occasion du lancement de la nouvelle obligation. « Nous nous engageons à accompagner les émetteurs d’obligations vertes au cours de laprochaine phase du marché », a-t-il expliqué.

Des considérations climatiques sont prises en compte dans toutes les opérations de la BEI. L’action en faveur du climat se retrouve ainsi partout dans les 84,5 milliards d’EUR que la Banque a prêtés l’an dernier. Certaines opérations ont porté sur des montants énormes, comme les émissions d’obligations vertes. D’autres investissements étaient beaucoup plus modestes, comme des projets hydroélectriques dans les collines ougandaises ou des prêts à l’appui du financement de centrales solaires dans des villages kényans. Mais ils sont tous importants, car ils contribuent à la réalisation des objectifs internationaux de politique climatique.

La Banque a intensifié son engagement en faveur de l’action pour le climat. En 2015, les prêts qu’elle a accordés dans ce secteur à destination des 28 États membres de l’UE et à l’appui de projets disséminés entre le Nicaragua et le Népal ont atteint un montant record de 20,6 milliards d’EUR (26,8 % de toutes ses opérations de prêt). La BEI s’est également engagée à porter ses opérations de prêt en faveur de l’action pour le climat à 35 % de ses activités dans les pays en développement d’ici à 2020.

Avec ses obligations vertes cotées à la Bourse de Luxembourg, la Banque franchit une nouvelle étape importante pour le maintien de ces objectifs ambitieux.