La Banque européenne d’investissement (BEI) a signé à Londres un prêt de 136 millions d’USD (soit la contrevaleur de 92 millions d’EUR) en faveur de Bujagali Energy Limited (BEL), une entreprise privée ougandaise, pour la construction, la propriété et l’exploitation d’un barrage et d’une centrale hydroélectrique d’une capacité de 250 MW, à Bujagali, sur le cours supérieur du Nil. BEL est détenue par Industrial Promotion Services (Kenya), une société d’investissement du groupe Aga Khan, et par Bujagali Holdings Ltd., une société de projet filiale de Sithe Global Power LLC, un constructeur et exploitant de centrales électriques basé aux États-Unis et ayant pour actionnaire majoritaire Blackstone SGP Capital Partners (Cayman) IV L.P., filiale du groupe Blackstone. Les autres co-bailleurs de fonds seront la SFI, la Banque africaine de développement, un groupement d’institutions financières européennes comprenant notamment Proparco, l’AfD, la FMO, la DEG et la KfW, ainsi que deux banques commerciales – Absa Bank et Standard Chartered Bank –, le montant global des prêts équivalant à 462 millions d’EUR.

Pour l’Ouganda, pays dépourvu d'accès à la mer, l’hydroélectricité produite sur le Nil est la source d’électricité la moins chère. Les deux barrages existants sont désormais insuffisants pour faire face à la demande croissante d'électricité, et les pannes de courant en période de faible débit d'eau provoquent de graves perturbations dans l’activité économique du pays. La construction d’un barrage de 30 m de hauteur à Bujagali – en aval des deux barrages existants – et de la centrale électrique associée est la solution la moins coûteuse pour augmenter la production d’électricité en Ouganda. Des études approfondies ont été menées sur les incidences environnementales et sociales du projet, qui se révèlent relativement limitées et qui, en tout état de cause, font et feront en permanence l’objet d’un suivi et de mesures d’atténuation selon des normes internationales rigoureuses (imposant notamment des consultations avec les habitants, les collectivités locales et les associations concernées). Le projet Bujagali remplacera en grande partie les installations thermoélectriques polluantes et coûteuses auxquelles l’Ouganda est actuellement contraint de recourir et doublera la production nationale en réutilisant l'eau déjà utilisée pour produire de l'électricité dans les barrages en amont. Il s’inscrit dans un vaste programme national de modernisation du secteur de l’électricité. Parallèlement au projet Bujagali, qui devrait être mis en service en 2011, l’Ouganda mène en effet une politique de réduction des pertes sur le réseau électrique, d’économies d'énergie et de création d’unités de petite dimension pour la production d’électricité à partir d’autres sources renouvelables.

Ce projet, qui prendra la forme d’un partenariat public-privé, conjugue les atouts du secteur privé dans le financement, la construction et l’exploitation d’ouvrages de cette nature et de cette dimension avec la volonté des autorités ougandaises de traiter certains problèmes tels que les variations de la demande et de la ressource hydrique. La participation d’investisseurs réputés est un signe de confiance dans l’économie ougandaise. La BEI apporte un financement d’une durée de 20 ans au maximum, selon des conditions et modalités qui correspondent aux besoins de trésorerie du projet. Le barrage de Bujagali devrait contribuer de manière significative à améliorer l’accès des Ougandais à l’électricité ainsi que les conditions de la croissance économique en Ouganda, deux buts qui sont tout à fait conformes aux objectifs visés par la BEI dans le cadre de l’Accord de Cotonou.

Note au responsable de publication :

Créée en 1958 par le Traité de Rome, la BEI finance des projets d’investissement concourant à la réalisation des grands objectifs de l’Union européenne (UE).Elle participe également à la mise en œuvre de la politique de coopération de l’UE avec les pays tiers qui ont conclu avec cette dernière des accords de coopération ou d’association.

Actuellement, les prêts de la BEI dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) sont accordés dans le cadre de la Facilité d’investissement (FI), mécanisme créé en vertu de la Convention de partenariat ACP-UE, signée à Cotonou en juin 2000.L’enveloppe financière totale disponible au titre de l’Accord de Cotonou se monte, pour la période 2002-2006, à 15,2 milliards d’EUR, dont 11,3 milliards d’EUR d’aide non remboursable fournie par les États membres de l’UE, 2,2 milliards d’EUR gérés par la BEI au titre de la FI et un maximum de 1,7 milliard d’EUR de prêts sur les ressources propres de la BEI. La Facilité d’investissement est un mécanisme renouvelable (le produit des remboursements est investi dans de nouvelles opérations), dont l’objectif consiste à soutenir des projets solides sur les plans technique, environnemental, financier et économique, et qui relèvent du secteur privé ou du secteur public marchand.