M. Philippe Maystadt, Président de la BEI, annonce que la Banque est prête à limiter la croissance de ses prêts dans les États membres pour élargir sa marge de manœuvre à l'extérieur de l'Union.

M. Maystadt s'exprimait aujourd'hui à l'occasion de la Séance annuelle du Conseil des gouverneurs de la BEI, à Luxembourg.

"Les fondements de la stratégie du Groupe de la BEI sont clairs : la BEI se doit d'opérer comme une banque publique dont l'action est inspirée avant tout par des politiques déterminées et dont la mission est de contribuer à la réalisation des grands objectifs de l'Union européenne, comme le stipulent les Statuts de la Banque et les décisions du Conseil européen. La Banque va donc se concentrer encore davantage sur la qualité de son activité de prêt, dans les domaines où la valeur ajoutée qu'elle apporte peut être clairement mise en évidence.

Le Plan d'activité de la Banque pour 2001-2003 spécifie que, dès 2001, le volume des prêts accordés dans l'Union ne devrait pas dépasser le niveau de 30 milliards d'EUR atteint l'année dernière. Il restera ainsi une marge de manœuvre suffisante, en particulier dans les pays préadhésion et ceux du Bassin méditerranéen ainsi que, à un stade ultérieur, dans les pays ACP, en Asie et en Amérique latine." 

D'après M. Maystadt, cette stratégie s'inscrit dans un contexte caractérisé par un environnement économique et politique en mutation rapide, par un appel, de la part de diverses parties intéressées, à une responsabilisation et une transparence plus grandes, par une importance accrue accordée à l'environnement et aux questions sociales, ainsi que par des débats sur le rôle qui revient aux institutions financières internationales.

"Il en découle un recentrage sur les priorités réelles de la Banque : nous devons nous concentrer sur les activités de base les plus importantes, et limiter notre activité dans d'autres domaines. Les secteurs clés seront les réseaux transeuropéens, l'environnement, les petites et moyennes entreprises, les domaines relevant de l'initiative Innovation 2000 (i2i) tels que les hautes technologies et le capital humain, ainsi que les autres types de projets qui contribuent manifestement au développement régional, en particulier dans les régions les plus défavorisées."

À l'extérieur de l'Union, les domaines prioritaires sont les pays préadhésion et la coopération méditerranéenne ; il s'agit notamment du nouveau mécanisme de partenariat méditerranéen, d'un montant de 1 milliard d'EUR, des activités en Turquie concernant l'inclusion de ce pays dans le mécanisme préadhésion de la Banque et un programme d'action spécial de 450 millions d'EUR qui lui est consacré ; et de la participation de la Banque à l'initiative communautaire intitulée "dimension septentrionale", dans le cadre d'un mandat de prêt de 100 millions d'EUR en faveur d'investissements dans la protection de l'environnement en Russie, en étroite coopération avec d'autres institutions financières internationales. 

"Pour donner plus de poids à cette activité de prêt à l'appui d'objectifs de politique générale, nous estimons que la Banque devrait entretenir des relations plus étroites et plus profondes avec la Commission, en devenant notamment un partenaire à part entière dans ses activités de programmation. Des progrès sensibles ont déjà été enregistrés, avec l'établissement de contacts réguliers dans les domaines du développement régional, de l'environnement et du changement climatique, mais aussi dans d'importants domaines relevant de l'i2i, tels que la recherche, les télécommunications et l'audio-visuel", a déclaré M. Maystadt au Conseil des gouverneurs. 

La nécessité d'une augmentation de capital

Du fait des nouvelles missions confiées à la Banque (en particulier i2i et un effort accru en faveur de la préparation à l'élargissement), il devient nécessaire d'envisager une nouvelle augmentation de capital. Le Le plafond statutaire de l'encours des prêts pourrait en effet être atteint en 2003. 

"C'est là le résultat des nouvelles missions et des nouveaux mandats qui ont été confiés à la Banque, mais aussi d'un niveau d'activité robuste dans les domaines d'activité "traditionnels", tels que le développement régional et les RTE", a déclaré M. Maystadt.

"Pour éviter toute perturbation importante des activités de prêt de la Banque, il conviendrait que les propositions d'augmentation du capital soient soumises à la prochaine Séance annuelle du Conseil des gouverneurs, en juin 2002." 

En 1998, le Conseil des gouverneurs de la BEI a approuvé une augmentation du capital de la Banque, qui est passé de 62 à 100 milliards d'EUR. Cette mesure est entrée en vigueur au 1er janvier 1999. Le capital versé représente 6 % du capital souscrit et le versement a été assuré à partir des réserves de la Banque. 

L'ACTIVITÉ DE LA BEI EN 2000

L'année dernière, l'activité de la BEI a été marquée par la mise sur pied et le lancement de l'initiative "Innovation 2000" (i2i, centrée sur le secteur des hautes technologies et sur le capital humain) et par la constitution du Groupe de la BEI, suite à la réforme du Fonds européen d'investissement (FEI). 

Dans l'ensemble, l'activité a progressé fortement, avec un total de prêts atteignant 36 milliards d'EUR, dont 30,6 milliards d'EUR dans les États membres. 

À L'INTÉRIEUR DE L'UNION EUROPÉENNE

Au sein de l'Union européenne, 73 % des prêts individuels ont servi à financer des projets situés dans des zones de développement régional, avec plus de 50 % dans des régions relevant de l'Objectif 1, ce qui répond à la mission de base de la BEI : la promotion de la cohésion économique et sociale dans l'Union. 

Les prêts ayant bénéficié directement aux secteurs de la santé et de l'éducation sur tout le territoire de l'Union ont plus que doublé, à 1,2 milliard d'EUR. Une autre caractéristique importante, l'année dernière, a été la hausse substantielle des financements destinés aux PME, avec plus de 6,2 milliards d'EUR de prêts, soit une augmentation de 44 % par rapport à 1999, imputable principalement aux opérations de prêt global (5,7 milliards d'EUR), qui témoigne d'une coopération étroite avec le secteur bancaire des pays de l'Union. La mise en œuvre de i2i a connu un démarrage rapide dans les États membres : 1,7 milliard d'EUR ont déjà été prêtés à ce titre en 2000. Un effort tout particulier a été déployé pour accroître la part des projets qui contribuent à sauvegarder l'environnement naturel et urbain : ils ont ainsi bénéficié de plus de 8,4 milliards d'EUR de prêts en 2000 (+35 %).

À l'EXTÉRIEUR DE L'UNION EUROPÉENNE

Un effort similaire a été accompli en faveur de l'environnement dans les pays candidats d'Europe centrale et orientale, où les projets relatifs à l'environnement ont représenté presque un quart des 2,9 milliards d'EUR prêtés dans ces pays.

Dans les autres régions, le niveau d'activité a été soutenu en Méditerranée (1,2 milliard d'EUR de prêts), ainsi qu'en Asie et en Amérique latine (532 millions d'EUR). L'activité a également progressé dans les pays ACP et en Afrique du Sud, avec des prêts à hauteur de 540 millions d'EUR. En dépit des conditions difficiles qui règnent dans les Balkans, la Banque y a accompli des progrès certains dans l'exécution de sa mission au titre du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est ; ainsi, le montage financier est déjà en place pour dix des onze projets à démarrage rapide dont la Banque est responsable. 

EMPRUNTS

L'année dernière, la Banque a mobilisé 29,0 milliards d'EUR en lançant 149 émissions dans dix monnaies différentes. La part des trois grandes monnaies d'emprunt (l'euro, la livre sterling et le dollar E.-U.) est restée stable, à plus de 90 % du total des emprunts. En raison de conditions favorables sur le marché, les émissions en livre sterling ont toutefois enregistré une hausse significative (près de 50 % du total des emprunts avant échanges) aux dépens du dollar et de l'euro. L'euro est resté la principale monnaie de décaissement. 

LE BILAN ET LE COMPTE DE PROFITS ET PERTES

Le Conseil des gouverneurs a approuvé à l'unanimité le rapport annuel de la Banque pour 2000 et le bilan, qui s'élevait en fin d'exercice à 219,2 milliards d'EUR, soit une hausse de 9 % sur 1999. L'encours total des prêts et garanties se montait à 200 milliards d'EUR, le plafond statutaire étant de 250 milliards d'EUR. 

La Banque européenne d'investissement (BEI) finance, par des prêts à long terme, des projets d'investissement qui concourent à la réalisation des objectifs de l'Union européenne, et notamment : le développement régional ; la création de réseaux transeuropéens de transport, de télécommunications et d'énergie ; la promotion des PME ; le développement des infrastructures et des services de santé et d'éducation ; la protection de l'environnement et la rénovation urbaine ; et la sûreté de l'approvisionnement énergétique de l'Union. La Banque finance également des opérations à l'extérieur de l'Union dans le cadre des politiques communautaires d'aide et de coopération au développement en faveur de plus de 160 pays dans le monde.Le Fonds européen d'investissement (FEI) est la branche du Groupe de la BEI spécialisée dans le capital-risque.La BEI, dont les actionnaires sont les États membres de l'Union, se procure ses ressources sur les marchés des capitaux en émettant des obligations notées AAA. Le Conseil des gouverneurs, l'instance supérieure de décision de la BEI, réunit les ministres désignés par chacun des États membres, généralement les ministres des Finances.