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La pandémie de COVID-19 a radicalement transformé le contexte économique et les priorités financières à l’échelle mondiale. S’agissant du financement du développement, la crise a engendré un besoin de mobilisation plus fluide des ressources, sans que ne soient pour autant négligés les objectifs à long terme en matière de climat et de développement durable.

Ce constat se reflète dans le Plan d’activité 2021 de la Banque européenne d’investissement, qui souligne cette nécessité de réalignement. Selon Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI chargé du développement et de la politique climatique, le soutien du secteur privé, les partenariats internationaux et locaux et les projets qui réduisent les inégalités exacerbées par le COVID-19 seront essentiels pour relancer l’économie sur une base durable.

Il est crucial de mettre l’accent tant sur le court que sur le long terme, étant donné que la pandémie a mis en évidence à quel point « tout est intimement lié » et les conséquences potentielles des mesures non durables.

S’adressant lors du séminaire Devex, Ambroise Fayolle a expliqué comment la BEI utilise un large éventail d’outils et de stratégies pour répondre à tous ces besoins.

Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, comment la BEI a-t-elle évolué dans ses activités dans les pays à revenu faible et intermédiaire afin de continuer à lutter contre les changements climatiques et les inégalités sociales ?

En résumé, ce que nous avons essayé d’entreprendre en dehors de l’Union européenne est similaire à ce que nous avons fait au sein de l’UE : soutenir l’économie réelle et, dans la mesure de nos possibilités, les systèmes de santé.

>@Richard Willis/EIB

Hors de l’UE, l’année dernière, nos opérations se sont chiffrées à environ 10 milliards d’euros [11,4 milliards de dollars], dont près de la moitié pour des projets en Afrique. En Afrique subsaharienne, nous avons réalisé plus de 70 % de notre activité dans les pays les moins avancés et les États fragiles. Nous avons essayé d’accélérer les décaissements et de redéfinir les priorités.  

L’un de nos grands objectifs consiste à soutenir ce que nous appelons les investissements « porteurs » : des investissements qui attirent des investissements, par exemple dans l’économie numérique, dans les réseaux ou dans d’autres applications liées à la connectivité. L’appui accordé au secteur privé peut avoir un effet de catalyseur important pour contribuer à réduire l’impact de la crise.

Nous avons continué de soutenir les institutions financières qui sont essentielles pour l’économie réelle dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et nous nous sommes particulièrement appuyés sur des partenaires locaux. Pour n’en citer que quelques-uns, récemment : la Development Bank Ghana, des institutions de microfinance, des fonds d’impact et l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique, qui soutient les investissements grâce à l’assurance contre les risques politiques. Ces organismes nous aident à appuyer des entreprises de toutes tailles, afin qu’elles puissent croître et créer des emplois. La Banque de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe pour le commerce et le développement et Afreximbank, la banque qui soutient les importations et les exportations en Afrique, constituent d’autres bons exemples.

Quelle a été jusqu’à présent la réponse de la BEI face au COVID-19 dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ?

Elle s’est associée à la Commission européenne pour mettre à disposition 500 millions d’euros à l’appui de COVAX [l’initiative qui vise à assurer un accès équitable aux vaccins contre le COVID-19]. Il s’agissait d’un prêt de la BEI de 400 millions d’euros soutenu par la Commission européenne et d’une subvention de 100 millions d’euros de cette dernière. Nous appuyons également les pays en matière de logistique, car mettre à disposition gratuitement les vaccins est une chose, mais il faut également qu’un système de distribution complet soit mis en place.

En mai dernier, la BEI a également signé un protocole d’accord avec l’Organisation mondiale de la santé afin de travailler sur diverses questions liées à la santé. Avec la Fondation kENUP [une fondation publique à but non lucratif qui encourage l’innovation fondée sur la recherche dans le secteur de la santé au sens large, dans l’intérêt de la société], nous avons lancé un programme visant à accroître la production locale de principes actifs de médicaments en Afrique.

Quels sont les autres grands changements apportés par la BEI pour continuer à se concentrer sur ses priorités en dehors de l’Europe pendant la crise actuelle ?

L’accent a notamment été mis sur la vitesse. Nous avons dû travailler sur certains projets et initiatives beaucoup plus rapidement, sans pour autant négliger d’autres programmes qui avaient besoin d’évoluer à leur propre rythme – comme la construction de projets d’énergie renouvelable en Afrique.

Travailler en partenariat est devenu encore plus important en 2020, lorsqu’il a fallu agir rapidement et sans hésiter. L’approche Équipe Europe [une initiative de l’UE visant à soutenir la reprise mondiale post-COVID-19] pilotée par la Commission européenne a été un élément important de ces efforts, rassemblant les États membres de l’UE et les institutions de financement du développement en vue d’augmenter les volumes et d’accélérer la mise en œuvre sur le terrain.

Compte tenu de l’importance du financement du développement et des politiques extérieures de l’UE, nous examinerons également, cette année, les implications du débat sur l’architecture financière européenne pour le développement, afin que la BEI ait un impact encore plus marqué sur les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et que le rôle de la banque de l’UE au sein de l’Équipe Europe soit renforcé (...)