La Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP) ouvre un bureau à Rabat, qui concrétise le rapprochement entre le Royaume du Maroc et la FEMIP. Le nouveau bureau facilitera les communications avec le secteur privé, qui constitue un enjeu prioritaire pour le développement marocain.

M. P. de Fontaine Vive et M. F. Oualalou, Ministre des finances, ont signé l'accord de siège qui permettra d'ouvrir la représentation de la FEMIP au Maroc en 2005.

L'ouverture du bureau, ainsi que la prochaine réunion du Comité ministériel de la FEMIP qui aura lieu au Maroc en juin 2005, s'inscrivent dans le cadre du développement du volume des financements au titre de la FEMIP dans le pays. Le volume des prêts qui seront signés en 2004 s'élève à 241 millions d'EUR, en augmentation de 31 % par rapport à 2003. De ce montant, des prêts pour un total de 191 millions d'EUR ont été signés ce jour pour le logement social et le développement d'infrastructures électriques prioritaires et la protection de l'environnement.

Les contrats de financement relatifs à ces prêts ont été signés ce jour à Rabat par M. P. de Fontaine Vive, vice-président de la BEI en charge de la FEMIP, et M. Nakkouch, directeur général de l'Office national de l'électricité (ONE), et M. Filali, directeur général d'Al Omrane, organisme responsable du logement social. Les contrats ont été signés en présence des ministres de tutelle, M. Hjira, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé du logement et de l'urbanisme et M. Boutaleb, ministre de l'énergie et des mines, ainsi que de M. F. Oualalou, ministre des finances, qui a également signé les contrats de garantie.

M. de Fontaine Vive s'est exprimé en ces termes : « L'engagement du Processus de Barcelone d'établir une zone de libre-échange entre la rive sud et la rive nord de la Méditerranée d'ici à 2010 exige non seulement un soutien financier important, mais aussi une volonté politique sans faille des deux côtés de la Méditerranée ; il s'agit de susciter des réformes de grande envergure qui permettront l'amélioration de la qualité du climat d'investissement et l'émergence d'un secteur privé prospère dans une économie de marché performante. Pour y parvenir, la FEMIP apportera un soutien quantitatif, par un volume de prêts de 2 milliards d'EUR par an, mais aussi qualitatif, par le biais de nouveaux instruments et techniques de prêt, aussi bien qu'avec l'intensification du dialogue avec les pays partenaires à travers ses comités ministériels et des experts, et en ouvrant des bureaux dans la Région. Notre présence, aujourd'hui et demain au Maroc, constitue la concrétisation de ces dispositifs. Le rôle du bureau à Rabat sera d'assurer une coordination plus étroite avec les pouvoirs publics et les promoteurs des projets, et de développer les activités de la FEMIP avec le secteur privé local. D'ailleurs, dans cet esprit d'intégration physique de l'espace euro-méditerranéen, la FEMIP a appelé, la semaine passée lors de la deuxième réunion de son Comité des experts à Amsterdam, à l'intégration du bassin méditerranéen par l'extension des réseaux transeuropéens de transport (RTE). Ses propositions seront soumises à la prochaine réunion du Comité ministériel de la FEMIP qui aura lieu ici au Maroc en juin 2005 ».

Les prêts signés aujourd'hui concernent les projets suivants :

71 millions d'EUR sont accordés à la holding d'aménagement Al Omrane (Al Omrane), société d'aménagement de zones urbaines destinées à la construction de logements sociaux.

Ce projet représente une première pour la Banque européenne d'investissement dans le secteur du logement social en dehors de l'Union. Le projet contribuera à l'amélioration des conditions de vie de ménages marocains en finançant les infrastructures primaires dans des zones résidentielles non équipées ou dans des zones ouvertes à l'urbanisation. En s'associant à Al Omrane, la FEMIP contribuera à la résorption des bidonvilles et à la réhabilitation des quartiers de logements insalubres, et aidera à résoudre le problème difficile de la crise de logements sociaux aux Maroc.

Le projet s'intègre dans le programme « Villes sans bidonvilles », prévoyant la construction, sur une base annuelle, de 100 000 logements à faible valeur immobilière totale (VIT). La FEMIP a développé une approche coordonnée (i) avec l'Agence française de développement (AFD) qui prépare actuellement un projet complémentaire, (ii) avec la Banque mondiale qui développe un projet d'appui aux réformes institutionnelles dans ce secteur, (iii) ainsi qu'avec la Commission européenne qui inscrira l'éradication des bidonvilles parmi ses axes prioritaires pour 2005 et 2006. À travers ce projet, la FEMIP contribuera à la réalisation de l'un des objectifs de développement des Nations Unies (ONU) pour le millénaire : assurer un environnement durable en améliorant sensiblement la vie d'au moins 100 millions d'habitants de taudis d'ici à 2020.

Une première liste d'opérations à financer par la FEMIP a été définie, qui porte sur les localités suivantes : aire urbaine de Bouznika-Rabat-Kénitra : Essalam à Bouznika, Nour Zaërs près de Témara, Bouknadel près de Salé et Le Vallon à Kénitra ; aire urbaine du Grand Agadir : Adrar et Taddart ; agglomération de Tanger : Ibn Batouta et Sania Prevention ; villes de l'Oriental : Taourirt, Berkane et Oujda, et ville de Meknès.

80 millions d'EUR sont octroyés à l'Office national de l'électricité (ONE) afin de construire un parc éolien d'une capacité génératrice de 140 MW qui sera situé dans la région Nord du pays, entre Tanger et Tétouan. Le projet contribuera à développer le potentiel des sources d'énergies renouvelables au Maroc et permettra de produire de l'électricité pour approvisionner le réseau public et ainsi faire face à l'augmentation de la demande d'électricité. Ayant pour buts le développement d'infrastructures électriques prioritaires et la protection de l'environnement, l'intervention de la FEMIP est en synergie avec la politique de coopération d'autres bailleurs de fonds comme la KfW-Entwicklungsbank qui prépare un cofinancement du projet.

La construction du parc débutera en 2005 et il est prévu que tous les travaux soient achevés et que le site soit entièrement opérationnel au plus tard en 2007 et en conformité avec les dispositions nationales et communautaires pertinentes en matière d'environnement.

Au Maroc, le secteur de l'énergie éolienne commence à connaître une croissance du fait de l'existence de bonnes ressources éoliennes. Actuellement, seulement un peu plus de 1 % de l'approvisionnement total en énergie primaire du pays provient de sources renouvelables (parc éolien de Tétouan - Koudia al Baida, financé également par la FEMIP en 1996 et opérationnel depuis 2001). Cette part est néanmoins appelée à prendre plus d'importance au cours des années à venir (pour atteindre 10 %) du fait du développement d'un grand nombre de parcs éoliens importants comme celui de Tanger.

40 millions d'EUR sont également prêtés à l'ONE pour des investissements qui permettront d'améliorer la performance technique et de prolonger la vie utile de la centrale thermique située à Mohammedia, à 25 Km au nord de Casablanca, dont la capacité installée totale est de 600 MW. Le projet aura des effets positifs sur l'environnement en réduisant substantiellement la production de déchets solides et les émissions atmosphériques de gaz de combustion. Le projet contribuera ainsi à l'amélioration de l'environnement dans la région de Casablanca, le plus grand centre urbain et économique du pays. Le financement bénéficiera à ce titre d'une bonification d'intérêt consentie à partir du budget communautaire des États membres de l'Union européenne.

Les financements dans les pays partenaires méditerranéens sont accordés au titre de la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP). Cette facilité vise essentiellement à développer le secteur privé et à financer des infrastructures socio-économiques de nature à favoriser ce développement.

La FEMIP est l'aboutissement d'un partenariat entre l'Union européenne et les pays voisins du bassin méditerranéen qui remonte à plus de trente ans et s'est intensifié dans les années 90 pour appuyer le Processus de Barcelone, enclenché par la Conférence de Barcelone en novembre 1995. La FEMIP a pour objet d'aider les pays partenaires méditerranéens à relever les défis de la modernisation économique et sociale et de leur meilleure intégration régionale, en accord avec la politique de voisinage de la nouvelle Europe élargie et dans la perspective de la création d'une zone de libre-échange euro-méditerranéenne. Elle permet à l'Europe de renforcer sa coopération avec les pays partenaires. Grâce à cette facilité, qui dispose de ressources financières accrues, la BEI a pu porter progressivement le volume annuel de ses prêts dans la région de 1,5 milliard d'EUR à 2 milliards d'EUR. La FEMIP accorde la priorité au financement de projets réalisés par le secteur privé, dans le double but de libéraliser l'économie des pays partenaires méditerranéens et de développer leur potentiel, en prévision de la création d'une union douanière entre ces pays et l'UE à l'horizon 2010. Elle met l'accent sur les investissements étrangers directs et les initiatives du secteur privé local, ainsi que sur les projets relevant du secteur social, notamment la santé, l'éducation et la protection de l'environnement, dans le souci de promouvoir la stabilité sociale et d'encourager la réalisation d'investissements productifs.

La FEMIP a contribué au développement de l'économie marocaine en prêtant environ 2 milliards d'EUR pour le financement de projets d'envergure en faveur des infrastructures économiques et du secteur privé. Parmi les projets financés, on retiendra la première interconnexion électrique UE-Maroc par le détroit de Gibraltar, le transport d'électricité à haute tension et la distribution d'électricité en zones rurales, le renforcement des réseaux téléphoniques inter-régionaux et internationaux, ainsi que la réalisation d'importants ouvrages de gestion des eaux (assainissement de plusieurs villes, irrigation de périmètres agricoles de Doukkala, etc.), ainsi que le développement des ports du pays. En outre, la FEMIP a favorisé le financement de petites et moyennes entreprises des secteurs productif et coopératif par le biais de ses prêts globaux, en particulier dans une perspective de développement de coentreprises entre opérateurs marocains et européens.