La Banque européenne d'investissement (BEI) prête 100 millions d'EUR à la société EGAS (Egyptian Natural Gas Holding Company) aux fins de la construction, entre le sud et le nord de la Jordanie (entre Aqaba et Rehab), d'un gazoduc d'une longueur de 393 Km qui permettra d'acheminer le gaz naturel égyptien vers de grandes centrales électriques, des entreprises industrielles et d'autres utilisateurs situés sur l'ensemble du territoire jordanien. Ce gazoduc est également désigné sous le nom de « gazoduc arabe » ou de « gazoduc jordanien ».

L'accord a été signé ce jour au Caire en présence de M. Sameh Fahmy, ministre égyptien du pétrole, par M. Mohamed I. Tawila, président d'EGAS, et M. Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la BEI chargé de la FEMIP, à l'occasion de sa visite officielle en Égypte, où il préside, à Alexandrie le 7 juin, la 4ème réunion du Comité ministériel de la FEMIP.

Revêtant une dimension régionale « Sud-Sud », ce projet de gazoduc se classe parmi les projets prioritaires de la FEMIP et illustre parfaitement le rôle de catalyseur qu'elle joue à l'égard des investissements dans les PPM.

Dans le contexte du prix courant élevé du pétrole il se traduira par des avantages économiques pour la Jordanie et l'Égypte, mais aussi, potentiellement, pour d'autres pays de la région. En Jordanie, le projet contribuera à abaisser le coût de la production d'électricité, puisque le gaz remplacera le fioul dans les centrales électriques existantes. De plus, l'alimentation au gaz des nouvelles turbines à cycle combiné améliorera l'efficacité globale du réseau électrique, accroîtra l'offre d'électricité en vue de répondre à la croissance de la demande, et diversifiera le régime énergétique du pays. L'industrie jordanienne bénéficiera quant à elle d'un abaissement du coût de l'électricité et pourra, à terme, adopter des technologies au gaz concurrentielles sur le plan international. De plus, cette conversion aura un effet très bénéfique sur l'environnement car elle réduira considérablement les émissions polluantes.

L'Égypte bénéficiera des activités en amont et des recettes de la vente de gaz, qui seront dans une certaine mesure partagées avec les sociétés européennes et d'autres compagnies internationales qui participent aux activités de prospection et de production. De plus, le projet représente une importante avancée régionale dans la zone euro-méditerranéenne, car il instaure un commerce international de gaz entre l'Égypte et la Jordanie, et ouvre la possibilité d'étendre ces échanges à la Syrie et au Liban lors de l'extension future du gazoduc. Enfin, dans des phases ultérieures, le gazoduc pourrait éventuellement être prolongé vers la Turquie et le réseau gazier européen.

Cette opération illustre le soutien que la FEMIP continue d'apporter à l'Égypte pour qu'elle puisse développer, à l'aide d'investissements publics et privés, son secteur du gaz, très prometteur depuis les importantes découvertes réalisées ces dernières années dans le pays. La structure de l'opération souligne en outre le rôle clé que jouent EGAS et ses filiales - grands bénéficiaires de financements de la BEI depuis 1998 - dans la politique menée par l'Égypte pour promouvoir les exportations de gaz naturel et générer ainsi des réserves de devises.

La FEMIP représente un grand pas en avant dans la coopération financière et économique entre l'Union et les pays partenaires méditerranéens (PPM). D'ici 2006, il est prévu de financer dans ce cadre 8 à 10 milliards d'EUR d'investissements dans les PPM. La FEMIP dispose de ressources au titre des mandats euro-méditerranéens existants, de capitaux à risques ainsi que de ressources d'assistance technique provenant du budget de l'UE. Sa principale priorité est de promouvoir le développement du secteur privé (en particulier les PME et l'IED) et d'appuyer des projets concourant à la création d'un climat propice à l'investissement privé (infrastructures économiques, projets dans les secteurs de la santé et de l'éducation). Son but ultime est d'aider les PPM à relever le défi de la modernisation économique et sociale et de renforcer l'intégration régionale dans la perspective de la création d'une zone de libre-échange euro-méditerranéenne, prévue pour 2010.

La BEI a des liens opérationnels avec l'Égypte depuis 1978 et a déjà mis à la disposition de ce pays quelque 3 milliards d'EUR de financements. Ces ressources ont été consacrées principalement à des projets concernant les infrastructures, l'environnement et les entreprises du secteur privé - aussi bien de grandes sociétés mises sur pied dans le cadre d'une coopération entre des opérateurs locaux et européens que des PME financées en partenariat avec le secteur bancaire égyptien. En 2003, la Banque a prêté un total de 509,5 millions d'EUR pour la construction d'une usine de gaz naturel liquéfié à Idku, la construction d'un deuxième module de 650 MW dans une centrale électrique à cycle combiné alimentée au gaz naturel à Nubariya, et la modernisation et l'extension des réseaux de collecte et de traitement des eaux usées du Caire.