La Commission européenne, la Banque européenne d'investissement (BEI) et le Fonds européen d'investissement (FEI) proposent à l'industrie audiovisuelle européenne un nouveau volet d'actions destinées à renforcer sa base financière et à accélérer son adaptation aux technologies numériques. Intervenant en complément du programme Media Plus (2001-2005), ce paquet financier se donne pour objectif d'accroître la compétitivité de cette industrie et de favoriser le développement de contenus audiovisuels européens.

Viviane Reding, commissaire européenne chargée de la Culture et de l'Audiovisuel, et Philippe Maystadt, Président de la Banque européenne d'investissement, ont présenté aujourd'hui à Bruxelles une nouvelle stratégie de coopération entre Commission, BEI et FEI qui met en œuvre, dans le domaine audio-visuel, le mandat donné à Lisbonne en mars 2000 par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE) visant à faciliter la transition des Quinze vers une économie et une société fondées sur l'information et la connaissance.

Quatre lignes d'actions concrètes ont été présentées :

  • La mise à disposition de lignes de crédit (ou « prêts globaux ») de la BEI au secteur bancaire spécialisé dans l'audiovisuel pour le financement de petites et moyennes entreprises (PME) de création audiovisuelle, de technologies audiovisuelles ou réalisant des travaux de sous-traitance dans ce secteur. Certains de ces prêts globaux pourront completer des mécanismes d'aide publique à la création cinématographique ou télévisuelle, tandis que d'autres pourraient comporter des éléments de partage des risques et bénéficier de structures de garanties appuyées notamment par le FEI.
  • Le financement à moyen et long terme par la BEI, en coopération avec le secteur bancaire, de grands groupes privés ou publics de télévision, de production ou de distribution audio-visuelle pour leurs investissements d'infrastructures (studios, installations numériques, stations d'émissions, etc.) ou de création (production de « bouquets » de films, distribution d'œuvres ou de catalogues). Cette action, qui pourra, dans des cas appropriés, prendre la forme de financements structurés dont les conditions de remboursement sont partiellement liées à la réussite des projets financés, a pour objectifs la compensation de certaines faiblesses industrielles du secteur par rapport à la concurrence mondiale et la création d'activités ayant un impact positif sur les nombreuses PME agissant en sous-traitance de ces groupes.
  • Le financement de fonds de capital risque spécialisés dans l'audiovisuel, par le biais de prises de participations du FEI. Agissant en fonds de fonds, le FEI fera ainsi porter son action dans un domaine sectoriel très spécialisé où le manque de ressources financières et d'opérateurs pan-européens empêche l'établissement d'un marché du capital-risque efficace. Une première opération, signée le 19 décembre 2000 entre le FEI et le fonds spécialisé « Venture Capital for Creative Industries » en présence de M. Maystadt et de Mme Reding porte sur un volume total de 50 millions d'euros.
  • Des actions conjointes du Groupe BEI et de la Commission européenne en faveur de la création culturelle ou du développement de l'industrie audio-visuelle, notamment cinématographique ou télévisuelle, visant à assurer une meilleure complémentarité entre les ressources bancaires du Groupe et les subventions communautaires du programme Media Plus, qui est doté d'un budget de 400 millions d'euros sur 5 ans.

L'intervention de la BEI et du FEI, appelée programme « i2i Audiovisuel » et d'une durée initiale de trois ans, fait partie intégrante de l'initiative Innovation 2000 « i2i » mise en place en juin 2000 par le Groupe BEI pour appuyer le développement d'une économie européenne fondée sur la connaissance et l'innovation. D'une portée de 12 à 15 milliards d'euros de prêts et d'un milliard d'euros de capital-risque au cours des trois années à venir, « i2i » constitue une re-orientation qualitative des activités du Groupe BEI vers des secteurs à forte valeur ajoutée technologique et humaine, porteuses d'avenir. En quelques mois, le bien fondé de ces orientations est illustré par le volume des financements déjà accordés qui, à la fin de l'année 2000, totalisent 1,6 milliard d'euros, soit 11% des prêts de la BEI dans l'Union.

Les mesures proposées aujourd'hui ont un enjeu industriel autant que culturel : il s'agit de soutenir le volume des activités et de renforcer la stabilité financière des grandes comme des petites entreprises européennes de l'audiovisuel et de favoriser l'émergence d'une dimension pan-européenne de cette industrie. Ceci est d'autant plus nécessaire que le déséquilibre entre les États-Unis et l'Europe dans ce domaine risque de s'accentuer avec l'arrivée des technologies numériques. Il s'agit aussi d'aider la création de nouveaux contenus dans un domaine devenu l'un des principaux diffuseur de nos cultures.

Commentant ces décisions, Philippe Maystadt a déclaré : « Il est crucial que l'Europe prenne sa place dans l'industrie de l'audiovisuel. Pour des raisons tant culturelles qu'économiques, il est indispensable d'offrir un financement adapté aux créateurs européens. C'est ce que nous tentons de faire à travers le programme « i2i » lancé à la suite du Sommet de Lisbonne ».