Réunis aujourd'hui à Luxembourg, les Ministres des finances de l'UE se sont félicités de la nature variée et évolutive des activités de la Banque européenne d'investissement à l'appui de la réalisation des politiques de l'Union européenne, en particulier dans la perspective de l'Union économique et monétaire. Les Ministres, qui sont les gouverneurs de la BEI, ont pris note des bons résultats obtenus par la Banque en 1996, avec des contrats signés pour plus de 23 milliards d'écus et des décaissements de près de 20,5 milliards d'écus.

A la Séance annuelle de la BEI, présidée par M. António Sousa Franco, gouverneur pour le Portugal, les gouverneurs ont approuvé le bilan de la Banque, qui totalise 135,7 milliards d'écus, et le rapport annuel sur ses activités de 1996. Les gouverneurs sont convenus d'affecter 100 millions d'écus supplémentaires aux provisions pour risques bancaires généraux et aux provisions spécifiques. L'encours des prêts au 31 décembre 1996 se montait à 127 milliards d'écus, le plafond statutaire de la BEI étant fixé à 155 milliards d'écus.

Dans le discours qu'il a prononcé devant les gouverneurs, Sir Brian Unwin, Président de la BEI et de son Conseil d'administration, a souligné que, pendant l'année écoulée, la Banque avait continué d'apporter une contribution significative aux politiques de l'UE, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Union.

S'agissant de l'avenir, Sir Brian a déclaré : "Nombre des tâches principales de la Banque vont rester inchangées, en particulier dans des domaines tels que le développement régional (...). Mais l'avenir est fait d'autres choses encore, et je crois que la Banque a maintenant l'occasion d'apporter une contribution spéciale à certains des changements les plus radicaux et les plus profonds de l'histoire de l'Union européenne, en particulier l'UEM et l'élargissement de l'Union."

Il a fait observer que l'UEM allait entraîner la création d'un immense marché financier et bancaire intégré, donner naissance au plus grand marché obligataire au monde, intensifier la concurrence, l'innovation et la restructuration dans le secteur bancaire et faire progressivement des marchés des capitaux eux-mêmes la source principale de gros volumes de ressources. La BEI, en tant qu'emprunteur de première qualité, se trouvera en position favorable pour lever des fonds destinés au financement des investissements productifs. Mais l'activité de prêt de la BEI sera plus directement concernée par les effets de l'UEM sur le volume et les schémas d'investissement, en particulier dans les zones assistées, où l'existence de différences régionales persistantes pourrait devenir une question de politique générale de plus en plus importante ; la Banque s'attachera en outre à contribuer à l'amélioration de l'infrastructure, de l'industrie et des normes environnementales des pays d'Europe centrale et orientale candidats à l'entrée dans l'Union.

Près de 90 % des prêts consentis par la BEI en 1996 l'ont été dans l'Union européenne, contribuant largement à maintenir le volume et la qualité des investissements, et ce au creux du cycle économique. Conformément à l'objectif principal de la Banque, plus des deux tiers de ces prêts ont été destinés à des projets réalisés dans des zones assistées, en particulier dans les régions les moins favorisées (Objectif 1). Les prêts dans les nouveaux Etats membres - Autriche, Finlande et Suède - ont doublé pour atteindre près de 1,6 milliard d'écus, en cette deuxième année complète d'activité.

Il a souligné la haute priorité que la Banque continue d'accorder au financement des réseaux transeuropéens. L'ensemble des 24 projets de RTE prioritaires retenus par le Conseil

européen d'Essen ont fait l'objet d'une évaluation, et des prêts ont été approuvés pour 16 d'entre eux. Pendant l'année 1996, 6,5 milliards d'écus ont été destinés à des projets de RTE, portant ainsi les engagements de prêts depuis 1993 à plus de 31 milliards d'écus, pour des investissements totalisant plus de 115 milliards d'écus. Ces projets de RTE sont de plus en plus nombreux à être fondés sur un partenariat entre secteurs public et privé, domaine dans lequel la Banque acquiert progressivement une expertise particulière.

Sur les marchés des capitaux, la BEI a levé 18,6 milliards d'écus dans 22 monnaies, principalement celles de l'UE, mais aussi, pour la première fois, en couronne tchèque, en rand sud-africain, et en dollars de Hong Kong et de la Nouvelle-Zélande. Depuis le début de 1997, la Banque a déjà emprunté plus de 11 milliards d'écus dans 13 monnaies, et elle a apporté un soutien concret à l'euro. En janvier 1997, la Banque a en effet lancé sa première émission obligataire en euro, ainsi qu'une série d'émissions "euro-confluentes" de référence en florin néerlandais, en deutsche mark, en franc français et en escudo. La fongibilité de ces émissions avec l'euro renforcera la liquidité du marché à partir de 1999 et permettra à la Banque d'établir ses propres émissions de référence et sa propre courbe de rendements en temps utile pour l'introduction de l'euro.

Les prêts de la BEI à l'extérieur de l'Union, qui viennent appuyer les politiques de coopération et de développement de l'UE en faveur de pays tiers, se sont élevés à 2,3 milliards d'écus, dont 1,1 milliard d'écus, chiffre record, en Europe centrale et orientale. Dans le cadre des nouveaux mandats approuvés cette année, la BEI prêtera 7,1 milliards d'écus au cours des trois prochaines années, dont 3,5 milliards en Europe centrale et orientale et 2,3 milliards dans les pays méditerranéens. Dans cette dernière région, la BEI s'attache avant tout à promouvoir le partenariat euro-méditerranéen et à relever le défi de la libéralisation économique qui préparera la voie à une union douanière avec l'UE.

Au chapitre de l'élargissement de l'Union, Sir Brian a souligné que l'intégration réussie des pays d'Europe centrale et orientale dans l'Union créera un cadre de progrès économique et social à l'échelle du continent européen et contribuera à préserver et à renforcer la paix grâce à la mise en commun de ressources. Pour ce faire, le soutien persistant de la BEI en tant qu'intermédiaire financier deviendra encore plus nécessaire dans une Union élargie. Sir Brian a confirmé que la Banque allait soumettre d'ici la fin de l'année des propositions en vue d'un mécanisme substantiel de prêt pré-adhésion pour les pays d'Europe centrale et orientale et d'autres pays qui auront entamé les négociations d'adhésion à l'Union.

Le Président a annoncé qu'il avait engagé avec le Conseil d'administration un processus d'examen de la stratégie à moyen terme en vue de déterminer les priorités de la BEI pendant la période cruciale qui sera marquée par l'UEM et l'élargissement. Cet examen aboutira aussi à des propositions concernant la prochaine augmentation de capital, qui deviendra nécessaire à la fin de 1998. Sir Brian a estimé qu'aucune raison ne s'opposait à ce que la Banque profite de sa solidité financière pour financer la part à verser de la prochaine augmentation de capital à l'aide de ses propres ressources. Les gouverneurs ont approuvé une proposition tendant à ce que la Banque finance elle-même les paiements restant dus au titre de l'augmentation de capital de 1990, soit 215 millions d'écus.

La BEI, l'institution financière de l'Union européenne, a été créée en 1958 pour financer, à l'aide de prêts, des projets d'investissement contribuant au développement équilibré de l'Union. Propriété des Etats membres, la BEI se procure ses ressources sur les marchés des capitaux, où ses émissions obligataires reçoivent régulièrement une excellente cote de crédit (AAA). Le Président de la BEI, Sir Brian Unwin, en fonction depuis 1993, est le premier président britannique de l'institution.