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Les besoins annuels en investissements dans l'éducation, l'innovation et les infrastructures en Europe se chiffrent à 500 milliards d'EUR. Ouvrant aujourd'hui à Berlin une conférence de haut niveau organisée par la Banque européenne d'investissement (BEI), Werner Hoyer, président de cette dernière, a pris les principales économies mondiales comme référence pour les efforts d'investissement à déployer en Europe. La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ont ensuite pris la parole pour évoquer les défis en matière de politique de l'innovation et les moyens de réduire les déficits d'investissement.

Intitulée « Une nouvelle dynamique pour l'Europe – Innovation et compétitivité », la conférence BEI, qui se tient sur deux journées, est consacrée aux défis liés au financement et à la promotion de l'innovation en Europe. Pour Werner Hoyer, il faut investir de toute urgence dans l'extension des infrastructures numériques en Europe car des réseaux numériques performants sont l'épine dorsale de l'économie mondiale. Or, avec l'augmentation fulgurante du volume de données, l'Europe risque de se laisser distancer par ses concurrents. La taille du marché européen et le positionnement de l'Europe comme l'une des régions du monde à la pointe de l'innovation font que l'Europe ne peut pas se replier sur des marchés de niche et qu'elle doit au contraire retrouver sa place, à large échelle, parmi les leaders mondiaux de l'innovation. D'après Werner Hoyer, « les opportunités de croissance qui s'offriront à nous sur le marché mondial sont énormes. Mais nous devons savoir les utiliser ! » Des investissements intelligents axés sur la rentabilité et l'accroissement de la productivité s'imposent de toute urgence pour que l'Europe ne se retrouve pas à la traîne de régions économiques portées par l'innovation, comme les États-Unis et une grande partie de l'Asie.

Prenant ensuite la parole, le président Juncker s'est exprimé sur le plan d'investissement pour l'Europe qui a été proposé par la nouvelle Commission européenne et dont la mise en œuvre, en collaboration avec la Banque européenne d'investissement, est en plein élan. À ce titre, il a évoqué le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) qui doit, sur une période de trois ans, mobiliser jusqu'à 315 milliards d'EUR de financements à l'appui de projets viables et porteurs de croissance en Europe. Le FEIS cible précisément aussi des projets qui, par leur caractère innovant, présentent un risque comparativement élevé, mais qui dans le même temps sont une source importante de création de valeur et de compétitivité. « L'Allemagne a besoin d'investissements privés et publics. L'UE souffre d'un déficit d'investissement. Avec l'offensive pour l'investissement en Europe, nous allons mobiliser 315 milliards d'EUR d'investissements supplémentaires. Ces fonds vont aller directement à des secteurs d'avenir comme les infrastructures de transport et d'énergie, le numérique, la santé, l'éducation, la recherche et l'innovation. Parallèlement aux investissements, des réformes structurelles doivent en outre résolument être mises en œuvre, et une politique budgétaire solide doit être suivie », a affirmé Jean-Claude Juncker.

La chancelière allemande Angela Merkel a, quant à elle, souligné la nécessité d'un cadre adéquat pour les investissements et une meilleure coordination économique. Elle a fait remarquer que la BEI avait atteint bien plus tôt que prévu les objectifs de volumes d'investissements supplémentaires visés après son augmentation de capital : « La Banque européenne d'investissement se caractérise par le fait qu'elle tient ses promesses, et va parfois même au-delà. Elle visait par exemple des investissements à hauteur de 180 milliards d'EUR, et elle a atteint cet objectif plus rapidement que prévu. » Angela Merkel a également abordé le thème du chômage des jeunes et souligné que la BEI, au lieu des 6 milliards d'EUR annoncés initialement, avait effectivement engagé 13 milliards d'EUR pour la mise en œuvre de projets pour l'emploi des jeunes.

Après les introductions de l'économiste américain Jeremy Rifkin et de Martyn Thomas de la Royal Academy of Engineering (Royaume-Uni), deux tables rondes ont été consacrées aux défis liés à la future économie de l'innovation et aux infrastructures de demain. Les représentants des entreprises ont discuté de la manière dont l'Europe pourra à l'avenir mieux soutenir les chefs de file technologiques et les entreprises particulièrement innovantes et mettre en place des offres de financement adaptées. Ils ont également débattu de l'importance des infrastructures stratégiques au regard des obstacles auxquels les promoteurs privés et publics sont souvent confrontés dans la réalisation de leurs projets. Carlos Moedas, commissaire européen chargé de la recherche, de la science et de l'innovation, a donné un aperçu des futures possibilités d'action sur le plan politique. Wilhelm Molterer, vice-président de la BEI, a résumé les conclusions des débats et clôturé la première journée de la conférence. La manifestation doit se poursuivre demain (mardi) avec des ateliers pratiques, notamment sur les thèmes du financement sur projet, du financement d'entreprises technologiques et des nouveaux instruments de financement.

Le financement de la recherche, du développement et de l'innovation ainsi que de l'éducation et de la formation est l'une des principales missions de la BEI. Rien qu'en 2014, la banque de l'UE et le Fonds européen d'investissement, la filiale de la BEI spécialisée dans les opérations de capital-risque, ont mis 14,7 milliards d'EUR à disposition pour des projets apportant une contribution importante à l'innovation et à la connaissance. Ainsi, le montant total des financements dans ce secteur essentiel pour la compétitivité de l'Europe s'est élevé à quelque 85 milliards d'EUR sur les six dernières années. Les financements vont à des projets de recherche d'entreprises et d'instituts de recherche publics ainsi qu'à de petites entreprises essaimées hautement spécialisées ou à l'extension de réseaux numériques.