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Natasha Manyau-Katsiru a commencé comme stagiaire chez Kefalos, une entreprise laitière, il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, elle dirige le service de recherche. Elle parcourt le monde en quête de saveurs innovantes pour des glaces ou des yaourts. Nombre de ses camarades d’université ont peiné à trouver un emploi, alors elle se considère chanceuse de faire partie d’une entreprise qui soutient les jeunes talents.

Aujourd’hui âgée de 29 ans, elle se souvient, en traversant la laiterie ultramoderne et bruyante : « J’ai commencé ici quand j’étais étudiante. On m’a accompagnée dans mon travail jusqu’à ce que je devienne autonome. Ce serait formidable si les entreprises étaient plus nombreuses à valoriser les talents locaux. »

L’usine Kefalos est située à environ 40 km au sud d’Harare, la capitale du Zimbabwe. Ses nombreux congélateurs et machines à glaces, et ses arômes sont importés du Danemark, d’Allemagne et d’Italie. Kefalos a financé une partie de ces équipements grâce à un prêt que lui a accordé une banque locale zimbabwéenne. Tout le lait provient de petites fermes locales et les eaux usées de la laiterie sont filtrées puis réutilisées dans les pâturages voisins. Les femmes représentent plus de la moitié de l’équipe de direction de l’entreprise.

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Natasha Manyau-Katsiru a commencé comme stagiaire dans une laiterie et dirige aujourd’hui le service de recherche.
« Ce serait formidable si les entreprises étaient plus nombreuses à valoriser les talents locaux. »
Natasha Manyau-Katsiru

Directrice de la recherche chez Kefalos

Le prêt dont a bénéficié Kefalos n’est pas une aumône. Il s’agit bien d’un investissement dans l’avenir du Zimbabwe. Ce prêt a été rendu possible grâce à un programme de la Banque européenne d’investissement (BEI), qui accorde aux banques locales africaines des financements à des conditions avantageuses. Ce programme constitue le principal instrument de l’Union européenne dans le cadre de sa collaboration avec les économies africaines. Avec ce financement, les banques locales accordent de petits prêts à de nombreuses entreprises comme Kefalos. Et grâce aux conditions attrayantes des prêts, les remboursements n’absorbent pas la majorité des bénéfices des entreprises.

Ce financement améliore les conditions de vie de personnes comme Natasha Manyau-Katsiru et répond à un besoin crucial dans un pays endetté, où le crédit est rare.

« Les lignes de crédit accordées aux banques locales par des institutions comme la Banque européenne d’investissement sont absolument essentielles pour notre économie », explique Ben Mbanga, directeur général de Mangwana Capital, une société de capital-investissement basée à Harare qui investit dans les entreprises agricoles. « Le climat est très favorable à l’agriculture au Zimbabwe, mais le chaînon manquant, c’est l’accès à un financement raisonnable, assorti d’un taux et de conditions de remboursement favorables. »

C’est de cela qu’il s’agit : compléter les chaînons manquants. Il s’agit d’entreprises en croissance, d’emplois stables et de vies meilleures. Il s’agit d’enfants qui rêvent de diriger leur propre entreprise, parce qu’ils ont l’impression que les possibilités sont plus nombreuses aujourd’hui. Il s’agit aussi de l’effet domino que cela produit pour des communautés entières.

L’école est terminée à la ferme avicole Irvine’s. Les entreprises situées dans les zones rurales du Zimbabwe assurent souvent l’éducation des enfants des employés.

Un obstacle majeur à l’investissement

Le Zimbabwe a de multiples défis à relever. Dans le haut de la liste figure la dette que doit l’État aux institutions financières internationales depuis plus de vingt ans, un facteur dissuasif pour un grand nombre d’institutions internationales. Le Zimbabwe a aussi besoin d’investissements massifs dans les secteurs public et privé. Le réseau ferroviaire de fret est quasiment inexistant. Les coupures d’électricité sont si fréquentes que, lorsque les lumières s’éteignent brusquement au restaurant ou lors d’une réunion d’affaires, les conversations continuent dans le noir.

Pour John Mushayavanhu, gouverneur de la banque centrale du Zimbabwe, les défauts de paiement sont un obstacle majeur à la stabilité économique. Dans son bureau, au sommet de la tour de la banque centrale à Harare, le plus haut bâtiment du pays, il insiste sur l’importance d’une nouvelle collaboration mondiale.

« Évidemment, la première chose à faire est de remédier au problème de l’endettement, puis il faut nous moderniser et passer au numérique », explique John Mushayavanhu. « Nous devons aussi coopérer avec le reste du monde et nous avons besoin du soutien du reste du monde. »

« Le Zimbabwe a besoin de l’Europe et l’Europe a besoin du Zimbabwe. »
Mthuli Ncube

Ministre des finances du Zimbabwe

En attendant de parvenir à un règlement de la dette, la Banque européenne d’investissement, l’Union européenne et de rares institutions de développement présentes au Zimbabwe misent surtout sur le secteur privé, en particulier sur l’agriculture, principal employeur du pays.

Mthuli Ncube, ministre des finances du Zimbabwe, estime que la solution pour l’avenir est de maintenir le dialogue ouvert des deux côtés.

« Le Zimbabwe ne peut être un îlot isolé sans partenaires essentiels comme l’Union européenne et sans bailleurs de fonds comme la BEI », affirme Mthuli Ncube. « Il y a tant à partager, que ce soit en matière de formation, d’acquisition de compétences auprès de l’Europe ou de tourisme. Nul doute qu’à l’avenir, le Zimbabwe aura besoin de l’Europe et que l’Europe aura besoin du Zimbabwe. »

Un rôle à jouer dans la communauté

La ferme avicole Irvine’s, située à environ une heure au sud d’Harare, crée des emplois et se développe grâce au financement d’une banque locale. Ce qui a commencé en 1957 dans la chambre d’amis de la famille Irvine, à Waterfalls, est devenu une multinationale qui élève 50 millions de poussins et produit plus de 200 millions d’œufs par an. L’entreprise compte plus de 2 000 salariés.

Irvine’s sait que, pour prospérer, elle doit aussi jouer un rôle à l’échelle locale. Elle gère deux écoles pour environ 700 enfants et fournit repas et soins médicaux à la population locale. L’entreprise a ouvert des magasins dans tout le Zimbabwe pour former chaque année plusieurs milliers d’« exploitants partenaires », principalement des femmes. Ils apprennent à élever des volailles qu’ils revendent à Irvine’s avec un bénéfice.

« Élever des poulets n’est pas aussi simple qu’on le pense », explique Robert Armstrong, directeur général adjoint chez Irvine’s. « Cela demande beaucoup de soin et de formation. Il s’agit d’un produit vivant sans mère. Les éleveuses partenaires sont des mères de substitution. Sans formation, elles perdent environ 50 % des poussins, mais lorsqu’elles sont formées, elles n’en perdent plus qu’à peu près 10 %. »

Un grand coq en métal garde l’entrée de la ferme avicole Irvine’s.

En 2025, Irvine’s a souscrit un prêt auprès de Central Africa Building Society (CABS) pour développer l’élevage et les exportations. Cette banque avait bénéficié d’un prêt de 15 millions d’euros de la BEI en 2021. Sans ce prêt de CABS, l’entreprise n’aurait pas pu s’agrandir comme prévu. Les nouvelles embauches auraient été reportées et la production de poussins aurait été moindre.

« Ce qui ne fonctionne pas dans ce pays, c’est le financement des entreprises : il est difficile d’obtenir un crédit ou un financement », explique Philip Mushosho, directeur des opérations commerciales chez Irvine’s. « Et cette situation freine la consommation et pèse sur le pouvoir d’achat des familles. Cela nuit à l’économie dans son ensemble. »

« Élever des poulets n’est pas aussi simple qu’on le pense. »
Robert Armstrong

Directeur général adjoint chez Irvine’s

Soutenir les petits acteurs

Lois Ngonyamo, responsable de l’assurance qualité chez Irvine’s, estime que le succès des petites entreprises contribue au succès du pays. « Ce dont le pays a besoin, c’est d’un soutien qui permette aux petits acteurs de grandir, car nous savons que la croissance des entreprises crée de l’emploi », explique-t-elle.

Et un emploi stable constitue une grande réussite. Lois Ngonyamo travaille chez Irvine’s depuis 27 ans. « C’est important pour moi d’avoir un bon emploi. Parce que j’ai une famille à charge : j’ai deux garçons. Je suis mariée et mes garçons doivent aller à l’école. Je veux le meilleur pour mes enfants. »

Au cours des cinq dernières années, la Banque européenne d’investissement a signé des prêts d’un montant de 60 millions d’euros avec des banques du Zimbabwe pour améliorer l’emploi et l’inclusion. Le prêt le plus récent, de 20 millions d’euros, a été accordé en mars 2025 à Stanbic Bank.

« Ce qui ne fonctionne pas dans ce pays, c’est le financement des entreprises : il est difficile d’obtenir un crédit ou un financement. »

Philippe Mushosho
Directeur des opérations commerciales de la ferme avicole Irvine’s

Le financement de la BEI permet aux banques locales d’accorder des prêts dans des secteurs comme l’agriculture et les énergies renouvelables, pour une durée pouvant aller jusqu’à sept ans. Un prêt commercial classique au Zimbabwe doit être remboursé en deux ou trois ans. Il est donc difficile d’investir à long terme.

Les nouveaux prêts flexibles apportent justement la stabilité dont parle Lois Ngonyamo. Pour Irvine’s, cet aspect a été essentiel pendant la pandémie de COVID-19.

« Nous avons aidé des élevages avicoles qui venaient tout juste de surmonter la grippe aviaire et ont ensuite fait face à la pandémie », explique Liana Kawisa, responsable clientèle chez Central Africa Building Society à Harare, qui a travaillé sur le prêt à Irvine’s. « Les entreprises du Zimbabwe ont besoin de financements pour relancer et moderniser leurs activités afin de respecter les normes industrielles et d’augmenter leur production. »

Les prêts aux banques locales – Central Africa Building Society, NMB, First Capital Bank et Stanbic – ont donné un nouveau souffle à plus de 30 entreprises et permis la création de 6 000 emplois. Des pourparlers sont en cours entre la Banque européenne d’investissement et la Commission européenne concernant l’octroi de nouveaux prêts à ces banques.

« Les lacunes sont importantes en Afrique mais le potentiel de croissance est énorme dans de nombreuses régions du continent », souligne Charmaine Lebese, analyste économique au bureau de la BEI en Afrique du Sud. « L’accès au financement est vraiment ce qui permettra au continent de franchir une nouvelle étape. »

De nouveaux outils économiques au service des femmes

Un aspect clé des prêts de BEI Monde en Afrique est l’autonomisation des femmes. En Afrique, le pourcentage d’entrepreneuses est l’un des plus élevés au monde. Plus de la moitié des petites entreprises du Zimbabwe sont dirigées par des femmes. Obtenir un prêt est difficile pour n’importe quelle petite entreprise en Afrique, mais c’est encore plus compliqué pour les femmes car elles disposent rarement d’une sûreté.

En marge d’un forum économique UE-Zimbabwe à Harare fin mai, Gerald Gore, directeur général de NMB, l’une des plus grandes banques du pays, a expliqué que son établissement proposait des formations pour aider les femmes à créer leur entreprise et à gérer leur comptabilité.

« Les femmes empruntent de l’argent pour faire des choses utiles », affirme-t-il. « Les bénéfices servent à payer les frais de scolarité ou la couverture médicale. Tout ce qui est important. Pardonnez ma franchise, mais on ne peut pas toujours en dire autant des hommes. »

Stanford Dobvu, responsable de la banque commerciale chez First Capital Bank à Harare, se rend plusieurs fois par mois dans des exploitations agricoles dans tout le Zimbabwe et constate les bénéfices de ce programme pour les femmes et la société en général.

« Je sais que cette ferme emploie principalement des femmes. Cela montre que ces prêts profitent à toute la communauté alentour », explique-t-il au cœur d’une plantation, où les rangées de myrtilliers aux baies charnues s’étendent à perte de vue. « Ces partenariats sont bénéfiques pour tout le monde, mais surtout, ils génèrent des revenus. Évidemment, chaque entreprise veut gagner de l’argent. En tant que banque, nous en gagnons aussi. C’est un partenariat vertueux. »

La culture fruitière remédie en grande partie au problème de chômage du Zimbabwe.
« Ces partenariats sont bénéfiques pour tout le monde. »
Stanford Dobvu

Responsable de la banque commerciale chez First Capital Bank

La lutte contre les changements climatiques, une nécessité

Les salariés de Luxaflor inspectent les rangs et coupent délicatement les tiges à épines lorsque les fleurs sont à maturité.

Les quinze minutes de trajet sur une route cahoteuse jusqu’à l’entrée de Luxaflor Roses, dans la province du Mashonaland central, s’apparentent aux montagnes russes. Cette région vallonnée, appelée le Highveld, est caractérisée par une altitude élevée, des sols fertiles et un climat favorable. L’endroit est idéal pour cultiver des fleurs et des fruits.

« Désolé pour la route », lance Roelof Nugteren, directeur général de l’entreprise, à l’arrivée des visiteurs sur l’exploitation.

Luxaflor est l’une des plus grandes entreprises floricoles du Zimbabwe. Elle est située à côté d’une réserve naturelle, à environ une heure au nord de la capitale. Le climat du Zimbabwe, avec ses journées chaudes, ses nuits froides, l’absence de gel et de vents violents, est propice aux fleurs et aux fruits délicats. Mais il faut recourir fortement à l’irrigation et protéger les cultures du soleil brûlant. Cela nécessite des équipements spéciaux, souvent importés d’Europe, et un soutien financier supplémentaire.

Avec une marge de manœuvre financière, on peut adopter une perspective de long terme, plutôt que de se contenter de solutions à court terme, explique Roelof Nugteren, qui cultive plus de 30 variétés de roses et en exporte la majeure partie vers les Pays-Bas.

Préparation des roses à la réfrigération chez Luxaflor. Les fleurs sont l’une des principales exportations du Zimbabwe.

Les fleurs comptent parmi les principales exportations du Zimbabwe. Le cœur des opérations de Luxaflor est constitué par des serres modernes couvrant des centaines de rangées de rosiers et d’autres fleurs, réparties sur des surfaces plus grandes que des terrains de football. La ferme de 22 hectares est la première exportatrice de fleurs du Zimbabwe et la majorité des salariés sont des femmes. En 2023, Luxaflor a obtenu un prêt de First Capital Bank, une banque locale. Les fonds ont servi à acheter des matériaux de serre en Europe pour protéger les fleurs des rayons ultraviolets et à installer de grands tuyaux d’arrosage goutte-à-goutte entre les rangées.

Lorsque l’on entre dans l’une des serres, l’air est chaud, humide et doux. Femmes et hommes, les mains gantées, inspectent les rangs et coupent délicatement les tiges à épines lorsque les fleurs sont à maturité. Les fleurs coupées sont acheminées vers une salle de tri, puis entreposées au froid avant d’être expédiées vers d’autres pays d’Afrique et en Europe. Roelof Nugteren partage le constat de tous les exploitants rencontrés : le facteur clé pour la survie d’une entreprise est un bon financement.

« Le Zimbabwe est unique en ce sens que, si l’on n’est pas rentable dès le premier jour, il est très difficile de maintenir son entreprise à flot », explique Roelof Nugteren.

Autour de lui, la beauté des lieux est évidente. Les installations de conditionnement, les entrepôts frigorifiques et les serres sont entourés de prairies parsemées de palmiers et d’autres arbres tropicaux. À quelques centaines de mètres, des gnous paissent tranquillement derrière une clôture basse. Mais c’est aussi un environnement impitoyable. « Vous savez, dans des régions comme celle-ci, les gens vivent au jour le jour », dit-il.

Des accords mutuellement bénéfiques pour l’Europe et l’Afrique

De plus en plus d’entreprises européennes s’implantent au Zimbabwe, et les échanges commerciaux avec l’Union européenne ont augmenté de plus de 30 % entre 2021 et 2025. Les investissements étrangers ont progressé d’environ 90 % sur la même période, l’État redoublant d’efforts pour attirer les investisseurs et renouer les collaborations.

« Je pense que les partenariats sont au cœur de la coopération entre l’Union européenne et d’autres pays d’Afrique aujourd’hui », affirme Jobst von Kirchmann, ambassadeur de l’UE au Zimbabwe. « On s’éloigne de l’aide au développement, on rompt avec l’ancienne approche, au profit de relations de travail mutuellement bénéfiques. »

Fin mai 2025, Jobst von Kirchmann a organisé un forum très suivi entre l’Europe et le Zimbabwe pour attirer des entreprises des continents européen et africain et discuter de coopération en matière de commerce et d’investissement. L’événement a mis en avant le programme « Global Gateway », grâce auquel la BEI et l’Union européenne intensifient leurs échanges commerciaux et leurs partenariats dans le monde entier.

La stratégie « Global Gateway » vise à encourager l’expansion des entreprises à l’international. Les entreprises qui obtiennent un financement au Zimbabwe achètent des équipements ou des fournitures en Europe pour améliorer leur production – comme les machines à glace danoises et italiennes de Kefalos – et expédient à leur tour des produits de meilleure qualité vers l’Europe.

« Avec les bons partenariats, l’Afrique peut atteindre bien plus d’objectifs de développement et améliorer les conditions de vie de milliers de familles. »
Jim Hodges

Chef du bureau régional de la BEI en Afrique du Sud

Jim Hodges a passé une grande partie de son enfance à Harare et dirige le bureau régional de la BEI à Pretoria. Depuis plusieurs années, il travaille avec Peter Zajc, chargé de prêts, à renforcer le secteur privé zimbabwéen avec la signature de prêts à bénéficiaires multiples. Les taux de défaut des entreprises privées auprès des banques locales sont très faibles. C’est pourquoi la BEI est en mesure de soutenir le secteur privé. En revanche, les préoccupations liées à la dette rendent difficile la collaboration avec le secteur public.

« Avec les bons partenariats et une bonne préparation, l’Afrique peut atteindre bien plus d’objectifs de développement et améliorer les conditions de vie de milliers de familles, lorsque l’économie se met en marche », explique Jim Hodges lors d’une table ronde au forum économique UE-Zimbabwe.

Des enfants à la garderie de l’exploitation fruitière Selby Enterprises.

Redonner aux communautés locales

À une demi-heure au nord de la capitale, Selby Enterprises est devenue l’un des plus grands producteurs de fruits et légumes. Elle a établi des relations commerciales avec l’Europe et soutenu les communautés locales. L’entreprise fournit logement, éducation, soins de santé et loisirs à plus de 300 familles. Dans son centre de loisirs, elle encourage les femmes à se réunir régulièrement pour discuter de leurs besoins, de leur vie de famille ou de leur carrière.

Selby met à la disposition de ses salariés une épicerie, une garderie, une salle de sport et un terrain de football. L’entreprise livre depuis longtemps le grand distributeur néerlandais Albert Heijn. Elle exporte ses myrtilles, pois, légumes, agrumes, piments et thés aux Pays-Bas, ainsi qu’ailleurs en Europe, en Afrique et en Asie.

Toutes ces activités nécessitent un financement solide. En 2021, Selby a obtenu un prêt de Central Africa Building Society pour développer la production de myrtilles. En 2022, elle a souscrit un autre prêt auprès de NMB pour moderniser la réfrigération, le stockage des bananes et la production d’électricité. « Ce dont nous avons le plus besoin pour croître », explique Derek Selby, directeur général de l’entreprise, « c’est d’un bon financement. »

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Pour Brighton Lumbilani, les jeunes ont de solides compétences, mais ils ont besoin de plus de soutien financier.

Brighton Lumbilani, 34 ans, travaille au service export de Selby. Au décès de son père, survenu quand il n’avait qu’une dizaine d’années, il a été pris en charge par l’entreprise et a vécu dans un village sur l’exploitation. Selby a payé ses frais de scolarité et ses livres. Après avoir terminé le secondaire, il a commencé à travailler dans l’entreprise. Il est aussi l’entraîneur de l’équipe de football de l’entreprise.

« C’est vraiment difficile, surtout pour les jeunes comme moi, au Zimbabwe », explique Brighton Lumbilani. « Nous avons le savoir-faire, les compétences et la motivation. Mais nous sommes encore très loin d’avoir accès au capital et à tous les outils nécessaires pour améliorer nos conditions de vie. »

Des myrtilles à la rescousse

La culture fruitière remédie en grande partie au problème du chômage au Zimbabwe. Les recettes de l’exportation de myrtilles sont passées de 1 million de dollars en 2018 à environ 50 millions de dollars en 2024 selon les estimations. Les Pays-Bas sont le premier acheteur de myrtilles zimbabwéennes, suivis par la Chine et l’Allemagne. Les baies du pays sont très recherchées, car elles arrivent sur le marché lorsque la récolte est terminée ailleurs dans le monde.

« Le climat nous permet de récolter 95 % du temps dans des conditions idéales », explique Stuart Torr, qui dirige avec son frère Craig PalmLife, l’une des plus grandes exploitations de myrtilles du pays. « La météo nous procure un énorme avantage sur nos concurrents. En outre, nous avons une main-d’œuvre qualifiée et de grandes superficies. En conséquence, les perspectives pour les myrtilles du Zimbabwe sont excellentes. »

« Avoir un emploi au Zimbabwe est une vraie bénédiction, car le taux de chômage est très élevé et c’est un enfer de ne pas avoir de travail. »
Stewart Pedzisi

Responsable des ressources humaines chez PalmLife

Dans l’exploitation de Stuart Torr, des centaines de myrtilliers sont plantés dans de grands pots sur des buttes de terre en rangées de plus de 100 mètres, sous des filets de protection. Les pots servent à améliorer la qualité des sols et à optimiser l’utilisation de l’eau. Les myrtilles aiment les sols acides et peu humides. Quand vient le moment de la récolte, en mai, de grandes équipes composées en majorité de femmes effectuent la cueillette des baies à la main. Les myrtilles sont rapidement acheminées vers les installations de réfrigération. Un flux d’air froid les garde fraîches plusieurs semaines pendant le transport.

PalmLife, dans la province de Mash East, à environ une heure à l’est d’Harare, a commencé ses activités en 2019 avec dix hectares. Aujourd’hui, l’exploitation s’étend sur 80 hectares. Elle a bénéficié d’un prêt de NMB pour augmenter sa superficie de 20 hectares. L’entreprise exporte vers les Pays-Bas, l’Italie, la France, l’Espagne, l’Autriche et le Royaume-Uni. Son matériel d’irrigation provient d’Italie, de Chypre et du Royaume-Uni. L’entreprise emploie environ 1 000 personnes en haute saison. Les salariés viennent principalement des communautés locales et 80 % d’entre eux sont des femmes.

« Avoir un emploi au Zimbabwe est une vraie bénédiction, car le taux de chômage est très élevé et c’est un enfer de ne pas avoir de travail », explique Stewart Pedzisi, responsable des ressources humaines chez PalmLife, près de milliers de myrtilles mûrissant sous un ciel d’azur. Les communautés voisines tirent de grands avantages de ces emplois, explique-t-il, car les familles peuvent acheter une voiture, envoyer les enfants dans de bonnes écoles, obtenir de meilleurs soins de santé, épargner pour l’avenir. « Je vois clairement le changement qui s’opère chez les gens de ma communauté », affirme Stewart Pedzisi.

Le Zimbabwe aussi est en train de changer. La collaboration mondiale permet aux petites entreprises de prendre un bon départ et de prospérer, tout en créant des communautés plus fortes et plus saines. Pour Brighton Lumbilani, l’entraîneur de football de l’exploitation fruitière Selby, il faut davantage de coopération de ce type pour que le Zimbabwe continue d’aller dans la bonne direction.

« Il faut donner les bons outils à tout le monde », explique-t-il, près de la salle de sport moderne de son équipe sur l’exploitation. « Il faut que les autres pays nouent des partenariats avec le Zimbabwe, notamment pour aider la jeunesse. »