Nombre de pays membres de l’UE ont été durement touchés par la crise, mais peu l’ont été autant que la Grèce. Différents facteurs nationaux et internationaux se sont conjugués en République hellénique, laissant le pays aux prises avec la plus grave crise économique survenue depuis près de 30 ans et ébranlant la confiance des autres pays en la capacité de la Grèce à rembourser ses dettes. Au cours des six dernières années d’instabilité économique, la BEI est demeurée un partenaire loyal, continuant d’investir en Grèce quand bien même ce fut parfois une position solitaire.

Si la BEI a continué d’investir dans tous les secteurs de l’économie grecque, le taux de chômage élevé du pays – qui atteint 30 %, dépassant même 60 % pour les moins de 25 ans – a incité le Groupe BEI à porter plus particulièrement ses efforts sur le financement des PME qui ont le potentiel de stimuler la croissance et de créer des emplois, notamment pour les jeunes. Au cours des cinq dernières années, la BEI a signé des prêts totalisant près de 2,3 milliards d’EUR en faveur des PME grecques.

Des financements sûrs et personnalisés

Au-delà de ses dispositifs classiques de prêt, la BEI a coopéré avec les autorités grecques pour concevoir des instruments innovants permettant de fournir de la liquidité supplémentaire au secteur bancaire grec. Cela conduit non seulement à réduire les coûts de financement pour les petites entreprises du pays, mais présente aussi l’avantage de favoriser la création d’emplois, y compris pour les jeunes. À partir de 2011-2012, deux instruments de garantie – la Facilité de garantie d’État, suivie par le Fonds de garantie pour les PME grecques – ont permis de mobiliser au total 645 millions d’EUR de financements au profit de plus de 850 PME, ETI et petits projets d’infrastructures et 100 millions d’EUR supplémentaires devraient être investis très prochainement.

En juin 2013, la BEI a signé son tout premier Mécanisme de financement du commerce extérieur visant à permettre aux entreprises locales de rester des acteurs mondiaux. Un an plus tard, le mécanisme s’est vu décerner par le magazine Trade Finance le prix de la meilleure opération de l’année 2013 pour avoir apporté une aide vitale à la Grèce. Sabo S.A., société grecque spécialisée dans la livraison d’usines clés en main pour la fabrication de briques et de tuiles et pour l’industrie en général, a été l’un des bénéficiaires de cette aide. Cette société est fortement axée sur les exportations et l’emploi des jeunes, la moyenne d’âge du personnel se situant à 27 ans. Elle a vendu et installé des usines sur quasiment tous les continents et a obtenu des contrats en Belgique, en Russie, en Arabie saoudite, au Mexique et au Brésil. Eurobank a soutenu Sabo par l’émission d’une lettre de crédit de 200 000 EUR à titre de paiement pour des machines, essentielles pour ses activités, à un moment où le marché grec du financement du commerce extérieur était touché par la crise économique. La lettre de crédit a été confirmée par Commerzbank grâce au mécanisme de la BEI pour le financement du commerce extérieur.

Accéder à des financements abordables

Toutefois, la principale préoccupation des PME grecques demeure l’accès aux financements. Septona a obtenu en 2013 un prêt de la BEI pour les PME par l’intermédiaire de la National Bank of Greece. La société, qui produit des articles d’hygiène personnelle destinés au marché grec et à l’exportation, s’est heurtée à des problèmes de financement lors du début de la crise. Alors que la demande ne variait pas, l’entreprise avait de plus en plus de difficultés à se procurer des matières premières à l’étranger sur des marchés devenus sceptiques. Après avoir obtenu le prêt de la BEI en 2013, la société a reçu un prix d’État pour ses activités d’exportation, dont la moitié environ est consacrée à des marques de distributeurs internationaux de premier plan.

Le FEI a également apporté une contribution durable à la possibilité, pour les PME, d’accéder aux financements en Grèce. Pour reprendre les propos de Nicos Moraitakis, fondateur et directeur général de Workable, entreprise spécialisée dans les logiciels de recrutement, « le FEI a mis assez de ressources à disposition d’une jeune pousse comme Workable non seulement pour lui permettre de démarrer son activité, mais aussi d’accéder à un niveau où de grandes sociétés européennes de capital-risque souhaitent à leur tour soutenir son développement ». Workable s’est bâtie sur la conviction de deux recruteurs selon laquelle les logiciels de recrutement doivent être aussi agiles que les sociétés à croissance rapide qui les utilisent. Au départ, les fondateurs ne prévoyaient pas de solliciter un financement, mais l’intérêt manifesté par les marchés s’est présenté comme une occasion d’accélérer la croissance. Dix-huit mois plus tard, avec à son actif 20 employés talentueux et plus de 300 clients, dont 60 % sont implantés aux États-Unis, ainsi qu’une progression des recettes de 30 % en rythme mensuel, il est clair que Workable a fait le bon choix en saisissant les possibilités de financement qui s’offraient à un moment où les financements d’amorçage étaient rares.