Discours de Nadia Calviño, présidente du Groupe BEI, à l’occasion de la rencontre « Global Dialogue on Women’s Leadership and Gender-Inclusive Finance » à Luxembourg.
Cher Ministre Roth, cher Monsieur Hannig, chers collègues et amis,
Je suis très heureuse de vous accueillir dans les locaux de la Banque européenne d’investissement (BEI). Et de pouvoir discuter avec vous et prononcer quelques mots d’introduction sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur, à savoir l’égalité de genre et l’autonomisation économique des femmes.
Si promouvoir l’égalité de genre et l’autonomisation économique des femmes me tient à cœur, c’est que cette démarche est non seulement juste, mais aussi judicieuse. Cela explique la présence de tant de représentantes et représentants du secteur financier ici aujourd’hui : cette démarche n’est pas seulement bénéfique pour nos sociétés et pour le progrès économique et social, elle l'est aussi pour les affaires. En effet, on estime que l’offre de services financiers à des femmes et la mobilisation des femmes dans le domaine de la finance pourraient représenter une manne de quelque 700 milliards de dollars pour les prestataires de services financiers à l’échelle mondiale. Donc, comme je le disais, c’est aussi une bonne chose pour les affaires. C’est du bon sens.
Les données sont sans équivoque. Les entreprises qui ont introduit une diversité dans les fonctions de direction obtiennent de meilleurs résultats. J’ai le plaisir de vous informer qu’au sein du Groupe Banque européenne d’investissement, nous avons atteint notre objectif d’avoir 40 % de femmes aux postes de direction. Et cela plus tôt que prévu. Je tiens à préciser que, pour y arriver, nous n’avons fait que choisir la meilleure personne pour chaque poste. C’est ce qui compte. Nous nous étions fixé un objectif, et nous l’avons atteint. Car lorsque vous parlez de talent, il y en a tout autant chez les femmes que chez les hommes. C’est pourquoi nous avons pu atteindre ce pourcentage.
Après vous avoir parlé de notre approche interne, je veux maintenant vous adresser un message fondamental, ou plutôt deux messages fondamentaux. Le premier, c’est combien il est important que nous poursuivions cet engagement, et que nous le fassions en bâtissant des partenariats. Car, dans le monde d’aujourd’hui, dans certains endroits, certains mots relèvent presque d’un lexique révolutionnaire. Et je le constate chaque jour lorsque d’autres institutions multilatérales de développement n’osent même pas à aborder la question du genre ou des femmes. Et ce n’est pas tout : des termes comme « climat », « élévation du niveau de la mer », « financement du développement » et même « entreprise » semblent aujourd’hui aussi être entrés dans le lexique révolutionnaire. Il est plus important que jamais que nous unissions nos forces et que nous continuions de promouvoir l’égalité de genre, car – comme je le disais il y a un instant – , c’est la voie qu’il faut suivre, sans aucune réserve.
Mon deuxième message est un message de gratitude et de reconnaissance pour célébrer le partenariat que nous entretenons avec le Luxembourg et avec ses dirigeantes et dirigeants, ainsi que le fait que le Luxembourg reste un pays dans lequel nous pouvons fièrement promouvoir cette priorité. Au cours des cinq dernières années, à la Banque européenne d’investissement, nous avons doublé nos financements en faveur de l’égalité de genre, pour dépasser 3,5 milliards d’euros en 2025. Nous avons créé des partenariats avec des banques européennes pour financer de jeunes pousses ainsi que des initiatives et projets dirigés par des femmes. Nous avons également investi dans d’importants projets visant à promouvoir la santé des femmes en Afrique et déployé des microcrédits dans le monde entier pour soutenir des initiatives portées par des femmes. Autrement dit, à la Banque européenne d’investissement, nous joignons le geste à la parole.
Et nous le faisons aussi en partenariat avec les institutions luxembourgeoises. Je crois que Julie Becker, la directrice générale de la Bourse de Luxembourg, ne peut pas être parmi nous aujourd’hui, mais nous entretenons un partenariat très étroit avec la Bourse de Luxembourg. Comme vous le savez, Monsieur le Ministre, en mars dernier, nous avons sonné la cloche pour marquer l’intégration du critère de l’égalité de genre dans nos obligations pour le développement durable et nos obligations à impact. Et je suis heureuse de pouvoir dire que ces obligations rencontrent un très grand succès sur les marchés financiers. Preuve que les marchés financiers comprennent parfaitement l’importance de cet enjeu.
Ces obligations pour le développement durable restent et resteront l’un de nos produits phares, marquant également notre partenariat avec le Luxembourg. Car lorsque les femmes réussissent, des communautés entières en bénéficient. Nous continuerons à travailler ensemble, et je tiens à saluer, cher Gilles, votre rôle de chef de file dans ce domaine. L’une des premières initiatives que vous avez lancées dès votre nomination au poste de ministre des finances a été d’engager le dialogue sur l’importance de l’égalité de genre et de l’autonomisation des femmes pour le gouvernement luxembourgeois. Je pense que votre présence parmi nous aujourd’hui envoie également un message très puissant.
Puisque je viens d’évoquer la cloche de la Bourse de Luxembourg, permettez-moi de conclure avec les paroles d’une chanson de Leonard Cohen, auxquelles je me réfère souvent ces temps-ci, alors que nous faisons face à tant de défis dans le monde, des défis qui mettent à l’épreuve les principes et les fondements de l’extraordinaire réussite européenne de ces 80 dernières années. C’est un appel à l’action pour nous toutes et tous : faire résonner les cloches qui peuvent encore sonner, parce qu’il y a une faille, une faille en toute chose, et c’est par là qu’entre la lumière. C’est ce que nous faisons aujourd’hui. Nous faisons sonner les cloches pour que la lumière continue d’entrer. Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au Ministre Roth.