La cinquième réunion au niveau ministériel de la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement de la BEI (la FEMIP), dont l'hôte était le Premier ministre marocain, M. Driss Jettou, s'est déroulée à Skhirat, au Maroc, le 20 juin 2005. Y ont été passées en revue les questions de politique générale auxquelles sont confrontés les pays partenaires méditerranéens dans leur quête d'une croissance et d'un développement soutenus et durables. Les ministres se sont penchés en particulier sur les problèmes de l'eau et de l'assainissement et sur le développement du secteur des transports ainsi que des secteurs bancaire et financier dans la région.
Tenue sous la Présidence de l'Union européenne, dans le cadre du 10ème anniversaire de la Déclaration de Barcelone et de la célébration de « 2005 - Année de la Méditerranée », la réunion était couplée à une réunion extraordinaire, le jour précédent, du Conseil ECOFIN euro-méditerranéen (ministres de l'économie et des finances).
La réunion de l'ECOFIN euro-méditerranéen du 19 juin a été ouverte et co-présidée par le Ministre marocain des finances et de la privatisation, M. Fathallah Oualalou, le Ministre luxembourgeois de l'économie et du commerce extérieur, M. Jeannot Krecké, qui représentait la Présidence de l'UE, et par le Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, M. Joaquín Almunia.
La réunion du Comité ministériel de la FEMIP a eu lieu le lendemain sous la présidence conjointe de M. Oualalou et du Président de la BEI, M. Philippe Maystadt, en présence de M. Philippe de Fontaine Vive, Vice-président de la BEI responsable de la FEMIP. Y assistaient des ministres des 25 États membres de l'UE et des 10 pays partenaires méditerranéens, ainsi que des représentants de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne, du Comité économique et social européen, du Fonds monétaire international, du groupe de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et du Fonds monétaire arabe.
À cette cinquième réunion du Comité ministériel de la FEMIP, 35 ministres de l'économie et des finances de l'UE et des pays partenaires méditerranéens ont réaffirmé leur détermination à resserrer la coopération économique et financière et accueilli avec satisfaction les résultats présentés dans ce qui est le premier rapport annuel de la FEMIP.
Le Président de la BEI, M. Maystadt, a déclaré dans son allocution d'ouverture : « En novembre de cette année, nous aurons pour la première fois un Sommet extraordinaire à haut niveau des chefs d'État et de gouvernement européens et méditerranéens. Nos discussions dans le cadre du partenariat entre la FEMIP et les ministres de l'ECOFIN relèvent d'un processus crucial pour inscrire dans la durée le resserrement des relations économiques et politiques dans la région. Le couplage du Conseil ECOFIN à la réunion du Comité ministériel de la FEMIP traduit toute la portée de la FEMIP, bâtie sur plus de trente années de financement de projets par la BEI dans le bassin méditerranéen. La FEMIP joue un rôle central dans les débats consacrés à la réforme et aux stratégies pour la région. Dix ans après le lancement du processus de Barcelone, il est temps maintenant de faire le point sur ce qui a été accompli et de préparer une nouvelle stratégie pour les nombreux défis majeurs qui nous attendent. »
M. de Fontaine Vive a pour sa part déclaré : « Nos résultats pour 2004 marquent un record dans l'activité de la BEI dans la région méditerranéenne. Nous avons acheminé 2,2 milliards d'EUR en faveur d'investissements clés pour la promotion du développement. Plus du tiers de ce montant est allé au secteur privé. La contribution majeure de la FEMIP est la construction d'un partenariat. Nous y sommes parvenus ensemble, grâce à un dialogue ininterrompu et ouvert avec les dirigeants politiques et les spécialistes de l'économie et de l'entreprise de toutes les rives de la Méditerranée ainsi qu'avec les principaux bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux qui interviennent dans la région.
Notre objectif est d'ouvrir la voie en stimulant et en renforçant l'investissement privé, en provenance à la fois des pays partenaires et des pays de l'Union, en faveur de la région. Parmi les initiatives récentes de partenariat représentatives de l'action de la FEMIP, on peut citer la mise en place du « Fonds fiduciaire de la FEMIP », doté de plus de 30 millions d'EUR de ressources engagées par les États membres de l'UE et par la Commission et qui vient élargir la palette des instruments financiers accessibles au secteur privé, et de l' « Enveloppe spéciale FEMIP », destinée à accroître le soutien pour des investissements à plus haut risque dans la région. »
Les participants à cette réunion du Comité ministériel ont aussi examiné les orientations futures de la FEMIP sur lesquelles le Conseil européen de décembre 2006 aura à se pencher. Il a été décidé que la FEMIP devrait se consacrer à favoriser la création d'emplois (en particulier en soutenant le secteur privé) et la valorisation du capital humain (à travers l'éducation), et à contribuer au processus de paix (en finançant des investissements clés à Gaza et en Cisjordanie ainsi que des projets régionaux associant tous les pays voisins).
Le Comité ministériel a aussi approuvé, concernant l'eau, l'assainissement et les transports ainsi que le développement des secteurs bancaire et financier, des recommandations opérationnelles présentées par le Comité des experts de la FEMIP lors de ses réunions d'Amsterdam en octobre 2004 et de Luxembourg en mars 2005.
Pour les secteurs de l'eau, de l'assainissement et des transports, le Comité ministériel a appelé de ses vœux :
- Un nouveau renforcement de la coordination entre bailleurs de fonds pour parvenir à une meilleure efficacité.
- La publication en plus grand nombre d'appels d'offres ouverts dans le cadre des privatisations ou des concessions, afin de renforcer l'attractivité des pays, notamment pour attirer les investissements étrangers directs et optimiser les coûts de financement. La FEMIP va organiser une réunion de travail sur cette question à Luxembourg à l'automne.
- Le développement de prêts en monnaie locale afin de réduire le risque de change . Des progrès significatifs ont été accomplis lors des discussions avec le Royaume du Maroc concernant la mise en place du cadre approprié pour le lancement d'une activité d'émission sur le marché des capitaux en dirham.
- Des études préparatoires pour la mise au point d'un schéma régional de plates-formes logistiques d'importance majeure. L'Assemblée des donateurs du Fonds fiduciaire de la FEMIP a approuvé une proposition en vue d'analyser les besoins logistiques de la région, en particulier en matière de plates-formes logistiques, de manière à déterminer le rôle de catalyseur qu'elles pourraient jouer dans la diffusion d'un savoir-faire en la matière, et à établir si oui ou non leur interconnexion en tant que parties d'un réseau pourrait contribuer à intégrer les chaînes intermodales d'approvisionnement avec davantage d'efficacité dans le bassin méditerranéen.
Pour les secteurs bancaire et financier, les participants à la réunion ont appelé de leurs vœux :
- Un appui plus direct pour les efforts de réforme dans la région. L'Assemblée des donateurs du Fonds fiduciaire de la FEMIP a également approuvé une proposition de cofinancement d'activités d'assistance technique avec le FMI à travers le Centre d'assistance technique du Moyen-Orient (METAC), inauguré récemment à Beyrouth et qui coordonne les activités pertinentes dans plusieurs pays de la région (Égypte, Jordanie, Liban, Syrie et Cisjordanie/Gaza).
- Un appui en faveur du développement des secteur bancaire et financier dans le bassin méditerranéen. La FEMIP, source primordiale de financement pour les petites et moyennes entreprises de la région, notamment au travers de ses « prêts globaux » ou lignes de crédit, entend élargir l'éventail des intermédiaires ayant accès à ses ressources. Les deux premières opérations au titre de l'Enveloppe spéciale FEMIP créée récemment devraient être réalisées au bénéfice d'institutions financières au Maroc et au Liban.
- Un manuel de gestion de la dette pour les pays méditerranéens. Ce document, qui sera disponible d'ici la fin de l'année, est destiné à aider les investisseurs potentiels et les autres acteurs des marchés internationaux qui souhaiteraient investir dans des actifs libellés dans les monnaies de la région.
En marge de la réunion du Comité ministériel à Skhirat, un prêt de 80 millions d'EUR a été signé, par M. Mohamed Jouini, Ministre tunisien du développement et de la coopération internationale, et M. de Fontaine Vive, en faveur de cinq parcs scientifiques et technologiques en Tunisie.
Ce financement est consacré à un programme du Ministère tunisien de la recherche scientifique, de la technologie et du développement des compétences pour la mise en place des infrastructures nécessaires à la création et au développement de cinq parcs scientifiques et technologiques, à savoir les technopoles de Sousse, Sfax, Monastir, Bizerte et Sidi Thabet. Le concept de technopole consiste à établir un lien et des synergies entre des activités de recherche, de formation et de production regroupées sur un même site ; dans la présente opération, les activités se répartissent comme suit :
- Sousse : ingénierie mécanique et électronique.
- Sfax : activités en rapport avec les TIC.
- Sidi Thabet : biotechnologies et produits pharmaceutiques.
- Monastir : textiles et habillement.
- Bizerte : secteur agro-alimentaire.
Le prêt porte également sur la mise en place d'infrastructures dans les domaines des transports, de l'eau, de l'assainissement, de l'électricité et du gaz. Pour la préparation du projet, une importante assistance technique est prévue au titre de la FEMIP.
La prochaine réunion du Comité ministériel aura lieu en Tunisie au printemps 2006 et sera préparée par une réunion du Comité des experts qui se tiendra en Autriche.