Le gouvernement du Kenya et la Banque européenne d'investissement (BEI) ont signé ce jour un accord qui conduira à l'ouverture, à Nairobi, d'une représentation régionale de la BEI pour l'Afrique centrale et orientale. Il s'agira de l'une des trois représentations régionales que la BEI va ouvrir en Afrique subsaharienne pour se rapprocher de ses emprunteurs et intensifier ses activités sur le terrain. Les deux autres seront implantées l'une à Dakar (Sénégal), pour desservir l'Afrique occidentale, et l'autre à Pretoria (Afrique du Sud), pour desservir l'Afrique australe et l'océan Indien.

M. Chirau Ali Mwakwere, Ministre des affaires étrangères, et M. Martin Curwen, Directeur des opérations de prêt dans les pays ACP à la BEI, ont signé un « accord de siège » aux termes duquel le Kenya facilite la mise en place de la représentation, pour le bénéfice de l'ensemble de la région.

La BEI mène en Afrique depuis une quarantaine d'années, au titre des conventions successives conclues entre l'Union européenne et les pays concernés, des activités qu'elle gère à partir de son siège de Luxembourg. Ces dernières années, cette tâche a pris de l'ampleur, avec la focalisation de l'aide à l'Afrique sur le secteur privé et sur l'amélioration des services d'utilité publique - énergie, eau, communications - à travers la transformation des organismes d'État en entreprises gérées selon des principes commerciaux ou leur privatisation.

Rien que sur les cinq dernières années, la BEI a financé des investissements pour un total de 650 millions d'EUR, au moyen de prêts et d'instruments de capital-risque, dans les pays qui se trouveront dans la sphère opérationnelle de sa représentation régionale de Nairobi (1). 250 millions d'EUR ont été accordés au secteur bancaire local à l'appui de projets de petites et moyennes entreprises, d'initiatives privées de dimension modeste et d'opérations de microcrédit (les principaux pays bénéficiaires étant le Cameroun, l'Éthiopie, le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda). Entre autres opérations, la Banque a prêté 25 millions d'EUR pour l'amélioration du réseau d'électricité éthiopien, 8 millions d'EUR pour la modernisation du secteur bananier au Cameroun, 12 millions d'EUR pour des investissements dans les chemins de fer camerounais, et 144 millions d'EUR pour le projet d'infrastructure d'exportation via le Cameroun du pétrole du Tchad. Au Kenya, la BEI a cofinancé à hauteur de 21 millions d'EUR le projet Magadi Soda Pure Ash et au Rwanda, elle a financé la mise à niveau technique de l'aéroport de Kigali à hauteur de quelque 11 millions d'EUR. En Tanzanie, la Banque a prêté 35 millions d'EUR en faveur de l'approvisionnement en eau de Dar es-Salaam et 55 millions d'EUR pour la mise en valeur du gisement de gaz de Songo-Songo. En Ouganda, le projet MTN Telecom a bénéficié de prêts pour un total de 11 millions d'EUR. Au Gabon, la BEI a participé à hauteur de 22 millions d'EUR au financement du raccordement de la société gabonaise de télécommunications au câble sous-marin à longue distance SAT 3 et à la modernisation des services gabonais de télécommunications à longue distance ; elle a aussi accordé dans ce pays un prêt de 12 millions d'EUR en faveur d'un projet de production de manganèse.

Aux termes de l'Accord de partenariat de Cotonou conclu entre l'Union européenne et les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), la Banque est chargée d'affecter des ressources à long terme, à concurrence de 3,9 milliards d'EUR, pour des projets réalisés dans les pays ACP en application d'une stratégie destinée à promouvoir les investissements du secteur privé et à mettre en place les infrastructures nécessaires à cet effet. En complément des aides non remboursables fournies par l'UE, cette stratégie vise à permettre le développement durable et l'insertion des pays ACP dans l'économie mondiale.

Sur cette enveloppe de 3,9 milliards d'EUR, 2,2 milliards d'EUR proviennent de la Facilité d'investissement, mécanisme renouvelable (pour le financement de prêts et d'instruments de capital-risque) créé dans le cadre de l'Accord de Cotonou grâce à des ressources apportées par les États membres et géré par la BEI. La Banque peut de son côté apporter, sur ses ressources propres, un montant de 1,7 milliard d'EUR.

La représentation régionale de Nairobi permettra à la BEI d'accroître l'efficacité de ses activités et de renforcer sa visibilité dans les pays d'Afrique orientale et centrale appartenant à la zone ACP. Comme l'a déclaré le Président de la Banque, Philippe Maystadt, lors du lancement de la Facilité d'investissement, la BEI a pris la mesure du fait que, pour s'acquitter pleinement de son mandat de « banque de développement » de l'UE, il lui faut une présence permanente dans les principales régions d'Afrique.

La représentation régionale de la BEI à Nairobi sera pleinement opérationnelle d'ici la fin du premier trimestre de 2005. Elle sera au service des milieux d'affaires en Afrique centrale et orientale ainsi que dans la Corne de l'Afrique. Aux investisseurs potentiels, elle fournira un point de contact et des services de conseil sur les opérations de la Banque et ses possibilités de financement dans la région. Le bureau de Nairobi sera dirigé par M. Carmelo Cocuzza.

M. Cocuzza s'occupe de financement du développement depuis maintenant 10 ans. Il a pris part à l'activité de la BEI en Afrique centrale, notamment au Cameroun et au Gabon, et a dirigé l'équipe qui a concrétisé la participation de la Banque au projet de développement des exportations du pétrole du Tchad via le Cameroun, cofinancé avec la Banque mondiale. Jusqu'à sa nomination en tant que responsable de la représentation de Nairobi, M. Cocuzza chapeautait les opérations de la Banque dans les pays de l'ANASE, en particulier aux Philippines et en Indonésie. Avant de rejoindre la BEI, il a été analyste financier à la Banque africaine de développement.

Les représentations régionales de la BEI renforceront la présence de l'UE dans les régions où sont déjà établis les délégations de la Commission européenne et les bureaux ou antennes d'organismes axés sur le secteur privé créés au titre de l'Accord de Cotonou, notamment le Centre pour le développement de l'entreprise (CDE) qui soutient entre autres le programme « Pro€invest ».

Les représentations régionales s'emploieront également à accroître les effets de synergie avec les partenaires de la BEI au sein du groupe des institutions européennes de financement du développement (IEFD), avec le groupe de la Banque mondiale ainsi qu'avec d'autres institutions sœurs.

Créée en 1958 par le Traité de Rome, la BEI finance des projets d'investissement concourant à la réalisation des objectifs des politiques de l'Union européenne (UE). Elle participe également à la mise en œuvre de la politique de coopération de l'UE avec les pays tiers qui ont conclu avec cette dernière des accords de coopération ou d'association. Actuellement, les prêts de la Banque dans les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) sont accordés dans le cadre de la Facilité d'investissement, mécanisme créé en vertu de la Convention de partenariat ACP-UE signée à Cotonou en juin 2000. L'enveloppe financière disponible au titre de l'Accord de Cotonou se monte, pour la période 2002-2006, à 15,2 milliards d'EUR au total, dont 11,3 milliards d'EUR d'aide non remboursable fournie par les États membres de l'UE, 2,2 milliards d'EUR gérés par la BEI au titre de la Facilité d'investissement et un maximum de 1,7 milliard d'EUR à accorder sous la forme de prêts sur les ressources propres de la BEI. La Facilité d'investissement est un mécanisme renouvelable (le produit des remboursements sera investi dans de nouvelles opérations), dont l'objectif consiste à soutenir des projets solides sur les plans technique, environnemental, financier et économique, et qui relèvent du secteur privé ou de la partie du secteur public gérée selon des critères commerciaux.


(1) Burundi, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo, République démocratique du Congo, Djibouti, Guinée équatoriale, Érythrée, Éthiopie, Gabon, Kenya, Rwanda, Sao Tomé et Principe, Somalie, Soudan, Tanzanie et Ouganda.