En 2001, les prêts de la Banque européenne d'investissement (BEI) dans les pays partenaires du Bassin méditerranéen (PPM) ont atteint le chiffre record de 1,5 milliard d'euros, confirmant l'institution financière de l'Union européenne comme un acteur majeur du développement économique et de la stabilité de la région.

Présente dans la région depuis 1974, la BEI a accordé plus de 9 milliards d'euros de prêts dans les pays du " Processus de Barcelone ". Le rythme annuel de ses financements n'a cessé de croître, passant de 680 millions en 1996 à près de 1,5 milliard en 2001, positionnant l'institution financière de l'Union européenne comme l'une des toutes premières sources de financement bancaire du développement durable des 12 PPM. Ses prêts couvrent tous les secteurs de l'économie : les 7,4 milliards accordés ces six dernières années (1996-2001) se répartissent entre 1) 27,6% pour l'appui au secteur privé; 2) 24,6% pour la protection de l'environnement ; 3) 26,4% pour la mise en valeur de ressources énergétique et leur distribution ; 4) 21,5% pour les communications.

Avec 7,4 milliards d'ici à 2007, La BEI dispose d'importants moyens financiers au bénéfice des PPM : soit 6,4 milliards au titre du mandat conféré par l'Union, et 1 milliard au titre de la " Facilité Euro-Mediterranée " créée par la BEI en suite au Conseil européen de Nice (décembre 2000) pour des projets d'envergure régionale (énergie, communications, environnement).

Trois priorités pour un développement durable

Dans le cadre du Partenariat Euro-Méditerranéen, l'activité de la Banque se conjugue à travers trois priorités permettant d'apporter aux pays bénéficiaires un soutien significatif à leur politique de développement et d'ouverture économiques :

  • le premier axe est d'apporter aux pays bénéficiaires, dans les meilleures conditions, les financements à long terme indispensables pour encourager la modernisation et la libéralisation de leurs économies. Cet appui au secteur privé vise à renforcer la compétitivité des économies des PPM dans la perspective de la création d'une zone de libre-échange avec l'Union d'ici à l'an 2010 ; il se décline sous forme de prêts à long terme et d'apport de capitaux à risques (notamment pour les PME), mis à disposition des entreprises en étroite association avec le secteur financier et bancaire local, contribuant ainsi à le moderniser. En 2001, 25% des prêts de la BEI ont soutenu cet objectif en Tunisie, Egypte, Turquie, Malte et par un fonds d'investissement opérant sur l'ensemble de la zone.
  • dans le secteur des infrastructures, la BEI accorde un priorité de premier plan aux projets de protection de l'environnement, qu'il s'agisse de la réhabilitation de situations environnementales dégradées (par exemple en Tunisie, Egypte, Turquie, etc.) auquel cas les prêts de la Banque bénéficient d'une bonification d'intérêt de 3% financée par le budget de l'Union, ou d'une meilleure gestion et distribution des ressources en eau potable (par ex. au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Jordanie, au Liban, à Gaza-Cisjordanie, etc.) Représentant, sur la période 1996-2001, en moyenne le quart des financements annuels, cette activité a connu un important essor en 2001, atteignant 34% des prêts (580 millions). En particulier la BEI a financé l'approvisionnement en eau potable dans 70 collectivités locales marocaines de dimension moyenne, dans la région du Sahel tunisien et pour le grand Alger, ainsi que pour moderniser la gestion des eaux usées en Turquie.
  • parallèlement, les prêts de la BEI contribuent au renforcement et au développement des infrastructures économiques - communications, énergie - jetant les bases essentielles du développement. La BEI s'emploie à financer en particulier la mise en place des liaisons physiques, c'est-à-dire des infrastructures de portée régionale facilitant la coopération " Sud-Sud " et les échanges commerciaux, les mouvements de personnes et l'utilisation de ressources communes . En 2001, des prêts pour de telles infrastructures ont représenté 24% des prêts et intéressé le Maroc, la Tunisie (communications), l'Egypte la Syrie (énergie) et Chypre (santé).

A l'appui actif de ces trois priorités, les prêts de la BEI se caractérisent par l'apport d'une "valeur ajoutée" représentée par le rôle de catalyseur financier de la Banque contribuant, par sa présence à consolider la participation d'autres sources de financements internationales, bilatérales ou locales. La plus-value de la BEI se caractérise également par l'apport d'une ingénierie financière adaptée aux besoins à long terme des projets. Enfin, la BEI participe à l'enrichissement de la définition technique et économique des projets en utilisant les mêmes standards et critères d'évaluation pour les investissements dans ces pays que pour ceux réalisés dans l'Union.

Perspectives: participer à la revitalisation du Partenariat Euro-Méditerranéen

Les excellents résultats de la BEI dans les PPM en 2001 interviennent dans un environnement contrasté marqué par un regain de tension politique dans la région et la nécessité de revitaliser le Partenariat Euro-Méditerranéen lancé à Barcelone le 28 novembre 1995. Fidèle à sa mission d'institution financière de l'Union, la BEI est résolue à soutenir une novation du Partenariat Euro-Méditerranéen dans un sens qui renforce la coopération économique et financière entre l'Union européenne et les pays de la région, tout en déployant de nouveaux instruments financiers. En particulier, la BEI entend approfondir son action dans les domaines suivants :

  • Soutenir l'action de l'Union sur l'ensemble du bassin méditerranéen pour un espace commun de paix et de stabilité. En 2001 les actions les plus significatives se sont situées en Algérie et en Syrie, pays avec lesquels les relations ont été approfondies ou reprises, ainsi qu'en Egypte et au Maroc qui sont les principaux bénéficiaires des prêts de la BEI. Depuis de nombreuses années, la BEI apporte également une contribution appréciable au développement économique du Moyen-Orient avec 1,9 milliard accordé ces six dernières années; en particulier elle s'est investi dans le financement des infrastructures de base en Gaza/Cisjordanie, le soutien aux PME en Jordanie et Cisjordanie, les infrastructures énergétiques en Syrie et la reconstruction du Liban.
  • Favoriser le développement de la coopération inter-régionale par son soutien à des projets qui concrétisent un rapprochement des PPM entre eux (coopération " Sud-Sud ") ou avec l'Union (coopération " Sud-Nord "). Ayant établi sa " Facilité Euro-Méditerranéenne " de 1 milliard d'euros, mise en œuvre à ses propres risques, pour soutenir les projets de portée régionale dans les secteurs des communications, de l'énergie et de la protection de l'environnement, la BEI dispose d'un capital d'expérience dans l'évaluation et le financement de tels projets fondée sur des précédents réussis, tels que la constitution progressive de l'autoroute trans-maghrébine (Maroc-Algérie-Tunisie) ; les interconnexions électriques Syrie-Turquie et Egypte-Jordanie, et télécoms Jordanie-pays voisins ; le gazoduc Euro-Med. (Algérie-Maroc-Espagne), l'interconnexion électrique Espagne-Maroc, l'interconnexion télécoms Europe-Maroc, les développements portuaires au Maroc, Tunisie, Jordanie, Liban, et l'aéroport de Beyrouth.
  • Appuyer l'investissement direct étranger de l'Union dans les PPM et le développement de co-entreprises entre opérateurs européens et locaux. Disposant d'une palette financière combinant capitaux à risques et prêts à long terme, la BEI peut soutenir le développement du secteur financier local pour favoriser des grands comme des petits partenariats d'entreprises (Pirelli-Egypte, Raffinerie Midor à Alexandrie, Parc éolien de Tétouan au Maroc, etc.) et est disposée à participer au développement de nouveaux instruments financiers destinés à plus de prises de risques par les opérateurs dans ces pays.
  • Développer ses financements pour des projets ayant une vocation sociale : en 2001, la Banque a choisi de soutenir des projets venant directement en aide à des populations en difficulté (eau potable du Grand-Alger) ou favorisant l'accès aux meilleurs pratiques dans le domaine de la santé (hôpital de Nicosie). Elle se prépare activement à développer ses activités dans les secteurs de la santé et de l'éducation dans les PPM.

Les projets financées en 2001 dans les PPM

Les financements accordés en 2001 par la BEI dans la région se répartissent comme suit :

  • Algérie : 225 millions pour la construction d'un réseau d'approvisionnement en eau potable entre le barrage de Taksebt et Alger.
  • Chypre : 50 millions pour l'équipement du nouvel hôpital de Nicosie.
  • Égypte : 180 millions au total, pour la construction d'une centrale à cycle combiné au gaz naturel au Caire (150 millions) et le financement d'investissements de petite ou moyenne dimension (30 millions : Prêt global à la Export Development Bank of Egypt).
  • Malte : 25 millions pour le financement d'investissements de petite ou moyenne dimension (Prêt global à Bank of Valletta plc.).
  • Maroc : un total de 280 millions, pour la construction d'une station de transfert et de pompage pour la production d'électricité au sud-est de Casablanca (90 millions), la construction de deux autoroutes entre Sidi El Yamani et Tanger ainsi que entre Casablanca et El Jadida (100 millions), l'amélioration de l'approvisionnement en eau potable de 70 villes marocaines (50 millions) et la réhabilitation des équipements hydro-agricoles (40 millions) pour les terres irriguées au sud du pays.
  • Tunisie : 225 millions au total, pour l'amélioration et développement du réseau routier autour du lac de Bizerte, au nord de Tunis (30 millions), le renforcement de l'approvisionnement en eau potable du Sahel et de Sfax sur le littoral oriental (95 millions) et le financement d'investissements de petite ou moyenne dimension dans les entreprises tunisiennes à travers dix banques tunisiennes.
  • Turquie : 370 millions au total, pour les réseaux de traitement des eaux usées et d'assainissement dans la ville de Mersin sur la côte méditerranéenne (60 millions), des aménagements urbains à Eskisehir (110 millions), la reconstruction des installations industrielles dans les régions victimes du tremblement de terre (75 millions) et 125 millions pour le financement d'investissements de petite ou moyenne dimension sous la forme des prêts globaux (Turkiye Vakiflar Bankasi Tao- Turkiye Sinai Kalkinma Bankasi AS et - Sinai Yatirim Bankasi AS).
  • Syrie : 115 millions pour le renforcement des installations de transformation et de distribution d'énergie électrique à moyenne tension.
  • Ensemble des pays MED : 6 millions sur capitaux à risques avec un prêt conditionnel à EFG-Hermes Middle East Technology Fund Ltd. pour le financement de participations dans des fonds d'investissement en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) dans le secteur des hautes technologies. 

La BEI en 2001 : Chiffres clés

En 2001, les financements de la BEI pour des projets favorisant la réalisation des politiques de l'Union européenne se sont élevés au total à 36,8 milliards d'euros. La Banque a consacré 31,2 milliards à des projets situés dans les États membres de l'Union et 2,7 milliards à des projets dans les pays candidats d'Europe centrale et orientale, tandis que ses prêts dans les autres pays tiers ont dépassé 2,6 milliards. Pour financer ces opérations, la BEI a emprunté 32,3 milliards d'euros sur les marchés internationaux des capitaux en 148 opérations d'emprunt ; après échanges, l'euros représentait 63% des monnaies empruntées.