La Banque européenne d'investissement (BEI), l'institution de financement à long terme de l'Union européenne, va prêter 30 millions d'écus(1) en faveur de travaux de protection de l'environnement sur la côte sud-ouest de Chypre.

L'investissement concerne la construction d'un nouveau système de collecte et de traitement des eaux usées ainsi qu'un réseau de drainage des eaux de ruissellement pour l'agglomération côtière de Paphos, qui a une population résidente de 35 000 habitants mais qui reçoit chaque année près d'un million de visiteurs.

Ce prêt porte uniquement sur la première phase du projet, qui aura à son achèvement en 2000 un large impact économique, social et environnemental car il permettra de protéger les maigres ressources en eaux souterraines de l'île et d'améliorer encore la qualité des eaux de baignade le long de ses côtes à très forte vocation touristique, soutenant ainsi la pierre angulaire de l'économie locale. L'amélioration du système de drainage contribuera en outre à réduire les inondations durant les tempêtes hivernales, tandis que les eaux usées collectées seront réutilisées pour l'irrigation après avoir subi un traitement tertiaire.

Il s'agit du premier prêt accordé par la BEI à Chypre au titre du mécanisme euro-méditerranéen ; compte tenu de l'intérêt régional que présente le projet pour l'environnement méditerranéen, ce prêt devrait être assorti d'une bonification d'intérêt de 3% financée sur les ressources budgétaires de l'Union européenne. Le bénéficiaire sera le Sewerage Board of Pafos (SBP), compagnie publique établie en 1993 et chargée de la gestion financière de l'exploitation et de l'entretien du système d'assainissement de l'agglomération de Paphos.

Le contrat de financement a été signé par M. Gennimatas, Vice-Président de la BEI, et par M. Attalides, Ambassadeur de la République de Chypre ; cette signature faisait suite à celle d'un accord-cadre entre la BEI et la République de Chypre définissant le contexte juridique des futures opérations de financement de la Banque à Chypre.

Depuis sa création en 1958 par le Traité de Rome, la Banque européenne d'investissement (BEI) soutient les objectifs de l'Union européenne en accordant des financements à long terme à l'appui d'investissements en capital viables. Dans le cadre de sa mission, la BEI a constamment élargi l'éventail et la portée de ses financements à l'extérieur de l'Union, contribuant à mettre en œuvre le volet financier de la politique de coopération de l'UE avec des pays tiers d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, au titre de la Convention de Lomé, ainsi qu'avec des pays du Bassin méditerranéen, d'Amérique latine, d'Asie et d'Europe centrale et orientale qui ont conclu des accords de coopération avec l'UE. Depuis le milieu des années 1960, les financements de la Banque ont fortement augmenté dans les pays tiers méditerranéens ayant des contacts avec l'UE en raison d'intérêts mutuels qui les rapprochent, sur le plan géographique, historique et économique.

Depuis 1981, début des opérations de la BEI à Chypre, la Banque a prêté dans le pays 196 millions d'écus à l'appui d'investissements essentiels. Ces financements ont été accordés dans le cadre de quatre Protocoles financiers(2) annexés à l'Accord de coopération CEE-Chypre. Outre ces financements, Chypre a bénéficié de 37 millions d'écus de prêts BEI au titre du Protocole horizontal de la Politique méditerranéenne rénovée (1992-1996).

La majeure partie des financements de la BEI, soit 85,4 millions d'écus, ont servi à protéger et à améliorer l'environnement insulaire à Chypre, 56,2 millions d'écus étant consacrés à l'extension et à la mise à niveau de l'approvisionnement en eau potable de trois des principales villes, Nicosie, Famagouste et Larnaca, et à garantir d'ici 2010 l'adduction d'eau à une population estimée à 600 000 personnes. 29,2 millions d'écus ont en outre servi à financer l'extension du système d'assainissement de Limassol (10 millions d'écus), la mise à niveau technique de celui de Nicosie (4,2 millions d'écus) et la construction d'un réseau d'assainissement et d'installations de traitement pour les municipalités de Paralimni et Aya Napa (15 millions d'écus).

Quelque 150 projets industriels de petite et moyenne dimension ont été financés dans le cadre de quatre prêts globaux (77 millions d'écus) accordés à la Cyprus Development Bank (CDB) et d'un prêt global accordé au secteur bancaire chypriote sur capitaux à risques (4 millions d'écus), par l'intermédiaire de la Banque centrale de Chypre qui rétrocède les fonds à quatre banques, dont la CDB, Laiki Investments, Cyprus Investment and Securities Corporation (CISCO).

14,6 millions d'écus ont été affectés au développement du potentiel énergétique de Chypre et 12 millions d'écus ont servi à financer le nouveau centre de contrôle du trafic aérien de Nicosie ainsi que des tours de contrôles, des installations de radar et des systèmes d'atterrissage aux instruments aux aéroports de Larnaca et de Paphos.

Le "Partenariat euro-méditerranéen", concept nouveau adopté par l'Union européenne à Barcelone à la fin de 1995 pour renforcer sa coopération avec les pays tiers du Bassin méditerranéen, a donné lieu récemment à un nouveau mandat de financement pour la BEI, approuvé par le Conseil des ministres de l'économie et des finances de l'UE en décembre 1996 et prévoyant l'octroi de 2 310 millions d'écus pour la période 1997-1999 en faveur de projets d'investissements réalisés dans les 12 pays tiers méditerranéens qui ont signé avec l'UE des accords de coopération ou d'association. S'appuyant sur sa capacité de financement et sur son expérience, la BEI continuera à apporter une contribution majeure au développement économique durable de la région, à une distribution équilibrée des ressources et, par voie de conséquence, à la stabilité politique.


(1) Les taux de conversion utilisés par la BEI à des fins statistiques pour le trimestre en cours sont les taux en vigueur le 30/09/1997, à savoir : 1 écu = 0,69 GBP, 6,60 FRF, 0,58236 CYP.

(2) Les Protocoles financiers régissant l'activité de prêt de la BEI à Chypre s'établissent comme suit:

  • Premier Protocole - 1979-1983 : 20 millions d'écus de prêts BEI et 4 millions d'écus de prêts spéciaux financés sur les ressources budgétaires de l'UE.
  • Deuxième Protocole - 1984-1988 : 28 millions d'écus de prêts BEI avec bonification d'intérêt de 2%, financée sur les ressources budgétaires de l'UE et 6 millions d'écus de prêts spéciaux financés sur ressources budgétaires.
  • Troisième Protocole - 1990-1995 : 44 millions d'écus de prêts BEI avec bonification d'intérêt de 1,5%, financée sur les ressources budgétaires de l'UE et 5 millions d'écus de prêts spéciaux sur capitaux à risques financés sur ressources budgétaires.
  • Quatrième Protocole - depuis 1996 : 50 millions d'écus de prêts BEI et 2 millions d'écus de prêts sur capitaux à risques.