La BEI soutient l'installation d'éoliennes à Vanuatu
La BEI vient d'accorder un prêt à long terme de 4,3 millions d'EUR (650 millions de vatus) pour appuyer la construction d'un parc éolien de 2,75 MW sur l'île d'Éfaté, à 12 km à l'ouest de la capitale, Port Vila. Ce projet, qui porte sur la construction du premier parc éolien de l'archipel de Vanuatu, a pour but d'aider le pays à faire face à la croissance de ses besoins énergétiques. On escompte qu'il servira de référence pour d'autres pays insulaires du Pacifique qui sont confrontés aux mêmes problèmes énergétiques caractéristiques de ces terres reculées.
En septembre 2009, la BEI a signé le contrat de financement du parc éolien de la Pointe du Diable, le premier projet de ce type qu'elle a soutenu dans le Pacifique. Le projet, qui porte sur l'installation de dix éoliennes démontables de 55 mètres de haut, s'inscrit dans le droit fil de la politique de l'Union européenne et de la BEI qui vise à encourager l'utilisation des énergies d'origine renouvelable et à apporter des solutions au problème des effets des combustibles fossiles sur le climat. À Vanuatu, cinq autres projets relatifs à des énergies d'origine renouvelable financés par l'UE sont déjà en cours de construction à Port Orly, Malekula, Ambae, Futuna et Sola.
L'installation de ce parc éolien sur l'île d'Éfaté marque sans aucun doute une première étape importante vers la diversification des sources d'approvisionnement en électricité et vers une moindre dépendance à l'égard des importations coûteuses de combustibles fossiles dans la région, en particulier si l'on met en regard la forte croissance de la population (estimée à 3,6 % par an) et le taux relativement faible d'électrification (à l'heure actuelle, moins de 25 % des ménages du pays ont accès à l'électricité).
Un promoteur fiable
Le parc éolien a été construit par un prestataire bien établi du secteur énergétique, Unelco Vanuatu Ltd, filiale du groupe français GDF-Suez. Depuis plus de 60 ans, Unelco, seule compagnie d'électricité du pays, fournit un service dont le niveau de fiabilité correspond à la meilleure pratique dans la région. Ce nouveau parc éolien n’est qu’un élément de sa stratégie qui vise à développer la production d’énergie d’origine renouvelable, en recourant également aux biocombustibles et à l’énergie solaire. L’huile de noix de coco a déjà été utilisée avec succès dans l’une des centrales électriques du promoteur et un programme d’électrification des zones rurales prévoyant l'installation de groupes électrogènes alimentés à l’huile de coco produite dans la région a été mis en œuvre avec le soutien financier de la Commission européenne.
Depuis sa mise en service à la fin de 2008, le parc éolien a permis de fournir plus de 6,1 GWh au réseau de Port Vila (soit 8 % de la quantité totale d'électricité produite pour Port Vila sur la même période). Les éoliennes sont contrôlées depuis la centrale électrique de Tagabé, située à environ 10 km à l'est du site, au moyen d'un système de câble à fibre optique. La maintenance des installations est assurée par le promoteur sous la supervision du fournisseur des éoliennes pendant une période initiale de deux ans, durant laquelle le personnel du promoteur est formé par le fournisseur sur place ainsi que dans des parcs éoliens similaires situés en Nouvelle-Calédonie.
Le choix d’un site approprié
En mai 2005, une station de mesure des vents avait été installée sur un site en altitude, à 500 m à l’intérieur des terres, sur la côte de Kawene, à la Pointe du Diable. Ce site est exposé aux vents dominants qui soufflent fortement durant au moins six de l’année. À l’issue de la campagne de mesure des vents qui avait livré des résultats encourageants, une éolienne d’essai a été installée en mai 2007. Les résultats obtenus grâce à cet équipement ayant confirmé la viabilité du site, il a été décidé d’y implanter en 2008, dans le cadre d’une première phase, dix unités du même type. À l’heure actuelle, onze éoliennes identiques sont opérationnelles, dont chacune a une capacité de 275 kWe, ce qui équivaut à une capacité totale de 3,025 MW. L’énergie produite suffit à alimenter en électricité plus de 4 500 des quelque 46 000 habitants que compte au total l’agglomération de Port Vila.
La deuxième phase, qui porte sur la construction de dix éoliennes supplémentaires, est en cours de planification ; elle devrait permettre un accroissement de la capacité actuelle du parc, qui passerait à 4,400 MW. Un autre site potentiel, situé dans la région de White Sands, au sud d'Éfaté, fait l’objet d’études.
Des éoliennes résistant aux cyclones, la solution qui s’impose pour les îles
De plus en plus souvent, on installe sur de petites îles isolées qui souhaitent devenir plus indépendantes sur le plan énergétique des éoliennes conçues pour résister aux cyclones. Entre 1990 et 2000, Vanuatu a été frappé plus que tout autre archipel du Pacifique par des cyclones. Les éoliennes destinées au projet ont donc été soigneusement sélectionnées et c’est le même modèle que celui qui équipe cinq parcs éoliens de la Nouvelle-Calédonie voisine qui a été choisi. Leur conception s’est révélée adaptée aux climats tropicaux, puisque ce matériel a même résisté au passage d’Erica en mars 2003, qui ne leur a occasionné que des dégâts mineurs.
En cas d’alerte cyclonique, les éoliennes, qui pèsent deux fois moins lourd que les modèles classiques et comportent deux pales au lieu de trois, sont ramenées et fixées au niveau du sol au moyen d’un système de câbles et de treuils. Étant donné que la connexion au réseau électrique est assurée par des câbles souterrains, le risque que les éoliennes soient endommagées par un cyclone est fortement réduit.
Un projet synonyme d'avantages sur les plans environnemental et social
Si l’on excepte l’effet visuel sur le paysage local qui est inévitable, les incidences environnementales de ce projet éolien sont relativement réduites. On a veillé, en particulier, à ce qu'aucune zone naturelle protégée ou d'importance culturelle ne soit affectée par le projet. De plus, une étude du bruit a été réalisée par un expert indépendant de manière à assurer que les effets acoustiques des éoliennes ne causent aucune nuisance exagérée aux habitants qui en sont les plus proches.
Le projet a des retombées positives sur le plan de l’emploi, puisque l’on estime qu’il a permis des recrutements temporaires équivalant à 12 années-personnes durant la construction ainsi que la création de deux postes permanents à Vanuatu, auxquels il faut ajouter des emplois périodiques pour la main-d'œuvre locale affectée aux travaux de maintenance réguliers des éoliennes. S’agissant de l’environnement, il a également une incidence positive globale sur l’image du pays, ce qui devrait contribuer aux efforts déployés pour faire de l'île une destination touristique.
Enfin – et c’est un aspect important –, l'autorité de réglementation des services d'intérêt général de Vanuatu, organisme indépendant créé en vertu de la loi, vient de lancer une révision des tarifs de l’électricité qui, notamment, prévoit de manière explicite le transfert aux consommateurs des économies de coût réalisées grâce au parc éolien.
