La Banque européenne d'investissement (BEI), l'institution de financement à long terme de l'Union européenne (UE), va prêter 144 millions d'EUR à l'appui de la construction d'un oléoduc reliant les gisements de pétrole de Doba, dans le sud du Tchad, à un terminal situé au large de Kribi, au Cameroun. 

Le projet, dont le coût s'élève à plus de 4 milliards d'EUR, a été mis au point en étroite collaboration avec la Banque mondiale et son financement est assuré par des compagnies pétrolières privées, des prêts consentis par des banques commerciales, étayés par des organismes de crédit à l'exportation, la BIRD et la SFI (toutes deux membres du groupe de la Banque mondiale) ainsi que la BEI. 

La mise en valeur et l'exploitation des gisements de pétrole feront l'objet d'une concession de 30 ans accordée à un consortium regroupant les compagnies ExxonMobil, Petronas et Chevron. Deux sociétés à finalité spécifique, TOTCO et COTCO, coentreprises associant le consortium pétrolier et les États du Tchad et du Cameroun, ont été créées pour construire et exploiter la composante infrastructures de transport prévue dans le projet - qui comprend un oléoduc de 1 070 Km de long reliant les gisements de pétrole de Doba à la côte du Cameroun, près de Kribi, trois stations de pompage, une station de détente et une plate-forme flottante de stockage et de chargement. 

Des efforts particuliers ont été déployés pour atténuer les risques environnementaux liés à la réalisation du projet. La Banque mondiale a collaboré à l'élaboration d'un certain nombre de mesures destinées à la réinstallation des populations et à la protection d'étendues boisées situées le long du tracé de l'oléoduc. Des bureaux d'études internationaux ont effectué et publié des études environnementales approfondies (notamment une évaluation d'impact sur l'environnement, des programmes de gestion de l'environnement ainsi que des programmes d'indemnisation et de réinstallation). La Banque mondiale a, par ailleurs, appuyé la constitution d'un groupe d'experts indépendants qui aidera les États tchadien et camerounais à procéder au suivi des questions à caractère environnemental et social liées au projet. Le financement de la BEI est subordonné à la satisfaction des conditions d'ordre social et environnemental élaborées aux fins du projet. 

Le projet aura des conséquences économiques positives pour le Cameroun et il constituera une avancée indéniable pour le Tchad, l'un des pays les moins développés au monde. Le Parlement tchadien a adopté des mesures visant à garantir l'affectation des recettes du projet à la lutte contre la pauvreté et à stimuler la croissance économique. Les comptes relatifs aux activités pétrolières seront vérifiés et publiés chaque année et un droit de regard sera octroyé à la société civile concernant l'affectation des fonds. 

À l'occasion de la signature de ce nouveau prêt, M. Michael Tutty, vice-président de la BEI, a déclaré que « le projet en question représente, pour le Tchad, un défi exceptionnel à relever pour son développement et une chance de sortir sa population d'un état d'extrême pauvreté. Consciente des difficultés auxquelles le projet devra faire face, en particulier dans les domaines environnementaux et sociaux, la BEI continuera de travailler en étroite collaboration avec la Banque mondiale pour faire en sorte que l'occasion qui se présente soit exploitée de manière appropriée et que les conditions pertinentes liées aux aspects environnementaux et sociaux soient remplies ».

La BEI a été créée en 1958 par le Traité de Rome pour financer des projets d'investissement concourant à la réalisation des politiques de l'Union européenne (UE). Elle participe également à la mise en œuvre de la politique de coopération de l'UE avec les pays tiers qui ont conclu avec cette dernière des accords de coopération ou d'association. Jusqu'à présent, les prêts dans les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) étaient accordés dans le cadre de la Quatrième Convention de Lomé conclue en 1989 pour une période de 10 ans, cette dernière était assortie de deux Protocoles financiers, couvrant l'un la période 1991-1995, l'autre la période 1996-2000. L'enveloppe financière disponible au titre du deuxième Protocole se montait à 14,6 milliards d'EUR au total, dont 12 milliards d'EUR d'aide non remboursable fournie par les États membres de l'UE, 1 milliard d'EUR de capitaux à risques gérés par la BEI et un maximum de 1,6 milliard d'EUR consentis sous la forme de prêts sur les ressources propres de la BEI. À l'heure actuelle, la BEI œuvre en étroite collaboration avec les États membres de l'UE et la Commission européenne pour définir les critères régissant la gestion et l'exploitation du Mécanisme d'investissement, créé récemment en vertu de la nouvelle Convention de partenariat ACP-UE qui a été signée à Cotonou et qui est destinée à remplacer la Convention de Lomé.