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    « L'action en faveur du climat ne représente pas seulement un coût, mais elle offre également des possibilités économiques, en particulier à long terme. Le développement d'une « économie verte » et de nouvelles « technologies vertes » est à même de créer des emplois et de soutenir la croissance », a déclaré le président de la BEI, Werner Hoyer.

    Les possibilités de compromis et de complémentarité entre l'objectif consistant à préserver la compétitivité économique et ceux visant à combattre les changements climatiques, à atténuer les changements climatiques et à s'y adapter, ou encore entre différents instruments de la politique en faveur du climat ont fait l'objet des débats qui ont rassemblé plus de 100 participants, universitaires, décideurs politiques et représentants sectoriels à l'occasion de la première conférence commune organisée par le département économique de la BEI à Bruxelles. Ces débats sont intervenus quelques jours seulement avant une importante réunion mondiale sur le climat, la conférence Rio+20, qui a fait de la « croissance verte » une priorité.

    Le défi de l'investissement en faveur du climat

    « Pour que l'UE réalise une transition vers une économie sobre en carbone d'ici à 2050, la Commission européenne a estimé les besoins d'investissement de l'UE à environ 1,5 % supplémentaire du PIB par an sur les 40 prochaines années. Cet investissement est essentiel et l'inaction coûterait encore plus cher », a estimé Plutarchos Sakellaris, vice-président de la BEI.

    La lutte contre les changements climatiques est l'une des grandes priorités de la BEI. Elle consacre environ 30 % du montant total de ses prêts à l'action en faveur du climat et les considérations climatiques sont prises en compte dans toutes les opérations. Il s'agit de la branche d'activité de la BEI qui enregistre la croissance la plus dynamique.

    Cependant, comme le souligne le rapport commun EIB-ECON/Bruegel sur l'investissement en faveur du climat qui a été présenté à l'occasion de la conférence, les marchés, s'ils sont livrés à eux-mêmes, tendent à ne pas investir suffisamment dans l'atténuation des changements climatiques et l'adaptation à leurs effets. Le document soutient vigoureusement qu'il existe un potentiel inexploité pour rendre l'action de l'Europe en faveur du climat plus efficace, plus favorable à la croissance et en accord avec les contraintes fiscales.

    Par exemple, dans le domaine des technologies relatives aux énergies renouvelables, telles que l'énergie éolienne ou solaire, il est essentiel de fixer un prix pour les émissions de carbone afin de permettre à ces énergies de faire concurrence aux énergies classiques sur un marché européen de l'électricité libéralisé. En outre, le secteur public a un rôle à jouer en faveur des technologies innovantes relatives aux énergies renouvelables, qui sont cependant de plus en plus difficiles à financer en période d'austérité.

    Les participants se sont accordés à dire que l'investissement nécessaire pour que l'économie de l'UE prenne une orientation favorable à une croissance à faible intensité de carbone est gigantesque. Tout en reconnaissant qu'il faut encore supprimer de nombreuses barrières non financières à l'investissement, les participants ont mis l'accent sur le fait que des financements aussi bien privés que publics sont nécessaires pour mettre en place une économie sobre en carbone.

    « Nous devons encourager les gens à redevenir actifs. C'est là tout l'objectif de l'initiative en faveur des obligations de projet. Cela permettrait une utilisation positive et efficace de ressources limitées », a souligné Simon Brooks, vice-président de la BEI. Les décideurs politiques de l'UE discutent actuellement d'une opération-pilote d'obligations de projet destinée à attirer des investisseurs institutionnels vers des projets d'infrastructures de première importance.

    Au cours des débats, on a estimé que les décideurs politiques, plutôt que d'attirer des financements, devraient s'efforcer de surmonter les obstacles actuels aux investissements en faveur du climat, d'encourager l'innovation et d'améliorer la communication destinée à expliquer les choix de politique publique.

    Les participants sont convenus qu'un obstacle à long terme requiert un cadre crédible à long terme. L'incertitude est une barrière importante à l'implication des entreprises et les décideurs politiques doivent tenir leurs engagements quant à la prévisibilité de la politique et du cadre d'appui.

    Décarbonisation et croissance – compromis ou compléments

    « Cela n'a tout simplement aucun sens », estime le professeur Richard Tol de la Sussex University, remettant ainsi en question le concept de « croissance verte » en tant que tel. Il estime que le secteur de l'énergie, qui ne représente qu'environ 3 % de l'économie, n'est pas en mesure, à lui seul, de stimuler cette économie. En outre, il souligne que le simple remplacement des combustibles fossiles par des énergies renouvelables ferait de l'énergie un secteur à plus forte intensité capitalistique et doute de l'effet de telles politiques sur la création d'emplois.

    L'ancien ministre grec de l'environnement, de l'énergie et du changement climatique, Giorgios Papaconstantinou, a affiché sa divergence de vues en soulignant que dans son pays la main-d'oeuvre dans le secteur des énergies renouvelables a doublé au cours des dernières années. « C'est l'une des seules lueurs d'espoir dans notre économie déprimée », a-t-il indiqué, ajoutant que la Grèce ne pourrait pas maintenir la croissance précédemment enregistrée dans ce secteur.

    L'UE et l'action globale

    « Nous courons le risque d'oublier l'adaptation aux changements climatiques », s'est inquiété le professeur Sam Fankhauser de la London School of Economics. « Rattraper dès maintenant notre retard d'adaptation vaut la peine », a-t-il ajouté, affirmant que les coûts d'adaptation se multiplieront si l'on ne s'y attaque pas dès à présent.

    Le directeur général de la DG Action pour le climat de la Commission européenne, Jos Delbeke, a indiqué que l'UE jouait déjà un rôle de premier plan dans le débat sur les changements climatiques globaux, mais qu'elle ne devrait pas baisser la garde. « Nous devons rester innovants et prendre en compte la concurrence mondiale », a-t-il souligné. À propos des négociations actuelles sur les changements climatiques globaux, il a rappelé que « le modèle de multilatéralisme et de gouvernance globale doit être réinventé ». « Il n'y a pas d'autre alternative que de travailler ensemble sur les vrais problèmes globaux. Et l'Europe se doit de participer à cette entreprise », a-t-il conclu.