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Déclaration d’Odile Renaud-Basso, présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), de Werner Hoyer, président de la Banque européenne d’investissement (BEI), de Carlo Monticelli, gouverneur de la Banque de développement du Conseil de l’Europe (CEB), de Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), et de David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale (GBM). 

Nous, dirigeants de la BERD, de la BEI, de la CEB, du FMI et du Groupe de la Banque mondiale, nous sommes réunis ce jour pour discuter des répercussions de la guerre en cours en Ukraine sur l’économie mondiale et de nos réponses respectives et collectives à cette crise. Nous sommes horrifiés et profondément préoccupés par l’invasion russe de l’Ukraine et la crise qui s’ensuit. Les attaques contre les civils et les infrastructures civiles causent d’énormes souffrances, provoquent des déplacements massifs de population, menacent la paix et la sécurité internationales et font peser un danger pour la satisfaction des besoins sociaux et économiques fondamentaux des populations du monde entier.

Outre l’étendue dévastatrice de la catastrophe humaine qui se déroule en Ukraine, la guerre ébranle les moyens de subsistance dans toute la région et au-delà. Les répercussions seront considérables – de la réduction de l’approvisionnement énergétique et alimentaire, à l’augmentation des prix et de la pauvreté, en passant par la tâche monumentale que représentera la reconstruction de l’Ukraine, autant d’éléments qui entraveront la reprise post-pandémique dans le monde entier.

L’ensemble de l’économie mondiale ressentira les effets de la crise en raison d’un ralentissement de la croissance, de perturbations des échanges commerciaux et d’une accélération de l’inflation, ce qui portera préjudice en particulier aux plus pauvres et aux plus vulnérables. La hausse des prix des matières premières telles que les denrées alimentaires et l’énergie accentuera encore l’inflation. Les pays, en particulier ceux qui sont voisins de l’Ukraine, subiront des perturbations pesant sur les échanges commerciaux, les chaînes d’approvisionnement et les envois de fonds depuis l’étranger, et ils feront face à une forte hausse des flux de réfugiés. Un recul de la confiance et une montée de l’incertitude chez les investisseurs feront sentir leurs effets sur le prix des actifs, engendreront un durcissement des conditions de financement et pourraient même générer des sorties de capitaux des marchés émergents. 

Nos institutions ont réagi en apportant un soutien d’urgence à l’Ukraine et à ses voisins. 

La BERD a approuvé un train de mesures intitulé « Guerre contre l’Ukraine – paquet de résilience de la BERD », d’un montant initial de 2 milliards d’euros, afin de répondre aux besoins immédiats des populations touchées par la guerre et, lorsque les conditions le permettront, de soutenir la tâche colossale que représentera la reconstruction de l’Ukraine. L’ensemble de mesures de la BERD comprend un programme immédiat de soutien à la résilience et aux moyens de subsistance couvrant les domaines de la sécurité énergétique, de la sûreté nucléaire, des services municipaux, du soutien au financement des échanges commerciaux et de la trésorerie des PME en Ukraine et dans les pays voisins touchés. Une fois que les conditions le permettront, la BERD se tiendra également prête à participer à un programme de reconstruction de l’Ukraine, afin de reconstituer les moyens de subsistance et faire revivre les entreprises, de rétablir les infrastructures vitales, de soutenir la bonne gouvernance et de permettre l’accès aux services. Elle envisage de coopérer avec des partenaires internationaux, notamment l’Union européenne et les États-Unis, ainsi qu’avec des donateurs bilatéraux et d’autres institutions financières internationales.

La BEI a élaboré une série de mesures d’urgence en solidarité avec l’Ukraine d’un montant de 2 milliards d’euros, comprenant la mise à disposition de 668 millions d’euros de liquidités d’urgence en faveur des autorités ukrainiennes. Cette initiative a été mise en place en étroite collaboration avec la Commission européenne. Dans le cadre de cette série de mesures, la Banque accélère également le décaissement d’engagements d’un montant supplémentaire de 1,3 milliard d’euros destiné à des projets d’infrastructure. Sur cette enveloppe de liquidités d’urgence, 329 millions d’euros ont été décaissés au cours de la semaine qui vient de s’écouler. Un montant supplémentaire de 339 millions d’euros le sera dans les prochains jours. Parallèlement, la Banque élabore un paquet de plusieurs milliards d’euros pour le voisinage oriental et méridional de l’UE, la région concernée par l’élargissement de l’UE et l’Asie centrale afin d’atténuer les conséquences de la crise des réfugiés et d’aider ces pays à faire face aux conséquences sociales et économiques de la guerre. Au sein de l’UE, la BEI travaillera en étroite collaboration avec les États membres, les banques nationales de promotion économique et la Commission européenne pour élaborer un plan d’action visant à atténuer l’impact de la crise des réfugiés sur les pays de l’UE qui les accueillent.

La CEB, du fait des pays qui en sont membres et de son mandat social spécifique, a accordé des subventions d’urgence aux pays voisins de l’Ukraine pour couvrir les besoins immédiats des réfugiés, y compris le transport et l’orientation. La CEB est également prête à octroyer des prêts flexibles à décaissement rapide face à l’ampleur des besoins financiers des pays voisins et d’autres pays qui accueillent d’importants flux de réfugiés, tout en restant concentrée sur le secteur social. 

Le 9 mars, le FMI a décaissé une aide d’urgence de 1,4 milliard de dollars américains à l’Ukraine dans le cadre de l’instrument de financement rapide (IFR) pour aider à répondre à des besoins de financement urgents, y compris pour atténuer l’impact économique de la guerre. Le personnel du FMI continue de collaborer étroitement avec les autorités pour fournir un appui stratégique dans le cadre de la poursuite de l’élaboration et de la mise en œuvre de mesures efficaces d’atténuation de la crise. En outre, le FMI œuvre à l’heure actuelle aux côtés de la Moldavie, qui a sollicité une révision à la hausse de son programme appuyé par le Fonds. Le FMI est prêt à soutenir les pays voisins et les autres pays touchés par les conséquences de la guerre au moyen de tous les instruments pertinents dont il dispose.

Le Groupe de la Banque mondiale a déjà mobilisé plus de 925 millions de dollars américains en faveur de l’Ukraine, y compris un appui budgétaire à décaissement rapide pour aider l’État à fournir des services essentiels à la population ukrainienne, dont 350 millions ont déjà été décaissés. Ce financement relève d’un programme d’aide de 3 milliards de dollars américains en soutien à l’Ukraine qui devrait être finalisé dans les prochains mois. La Banque mondiale a également mis en place un fonds fiduciaire multidonateurs, l’un des moyens les plus rapides, les plus ciblés et les plus sûrs pour faciliter l’acheminement des subventions des donateurs vers l’Ukraine. À ce jour, les contributions se montent à 145 millions de dollars américains. Le Groupe de la Banque mondiale travaille par ailleurs à des solutions pour aider les pays voisins, y compris pour soutenir les populations réfugiées, et continuera de fournir des instruments de financement des échanges commerciaux pour appuyer le secteur privé.

Nous avons conscience de l’importance de notre collaboration afin de coordonner nos réponses respectives pour soutenir l’Ukraine et ses voisins sur les plans financier et politique et maximiser l’impact de notre action sur le terrain. Nous sommes déterminés à renforcer la coopération et la solidarité internationales face à cet énorme défi.