Les principales institutions financières internationales s’engagent à lutter contre le changement climatique et appellent à un accord global à Copenhague

Les chefs des principales institutions financières internationales ont lancé aujourd'hui un appel pour un accord global dans la lutte contre le changement climatique à la Conférence prévue ce mois-ci à Copenhague, et sont convenus de coordonner davantage leurs efforts pour contribuer à la réalisation des objectifs ambitieux de la réunion.

Dans une déclaration conjointe, les dirigeants se sont engagés à utiliser les mandats, le savoir-faire et les ressources de chacune de leurs organisations pour aider les autorités à conjuguer leurs efforts avec le secteur privé en vue de relever les défis du changement climatique et de faire le meilleur usage possible des fonds disponibles.

Les chefs de la Banque africaine de développement, de la Banque asiatique de développement, de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, de la Banque européenne d'investissement, de la Banque interaméricaine de développement, du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ont aussi engagé leurs organisations à utiliser l’assistance technique et les ressources disponibles à ce titre pour contribuer à la réalisation de leurs objectifs environnementaux.

Ils ont reconnu que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) conservait un rôle moteur dans la fixation des objectifs à atteindre pour relever les défis écologiques mondiaux.

À Copenhague, l’accord devra mettre en place, pour la période commençant en 2012, un ambitieux régime de lutte contre les changements climatiques, qui soit complet et équitable à l’échelle de la planète, et qui permette à tous les pays de parvenir à un développement durable, ont-ils déclaré. Les institutions veilleront à assurer la coordination avec la Commission européenne et d'autres partenaires qui appuient les efforts déployés par les pays en développement pour faire face au changement climatique.

Les dirigeants ont réitéré leur engagement à aider les nations en développement à s'adapter au changement climatique et à faciliter l’élaboration et le transfert de technologies et de connaissances respectueuses du climat et répondant aux besoins de chaque pays.

Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement, a déclaré : « L'impact du changement climatique sur l'Afrique est déjà évident. Il vient aggraver de façon significative les problèmes actuels que constituent la pauvreté ainsi que l'accès insuffisant à l'énergie, à l'eau et aux infrastructures de base. Des ressources supplémentaires sont requises d'urgence pour aider l'Afrique à s'adapter, afin de protéger ses lacs et ses forêts, et à maintenir la croissance. Ensemble, nous devons relever ces défis ; la Banque africaine de développement est prête à jouer son rôle. »
Le président de la Banque asiatique de développement, Haruhiko Kuroda a fait observer de son côté : « Le changement climatique représente un défi incommensurable – peut-être le plus grand auquel l'humanité ait jamais été confrontée. Mais il offre aussi une possibilité de transition vers une forme de croissance plus durable. Les pays en développement ne peuvent se voir refuser l’occasion d’obtenir leur part de la richesse de la planète. Ils peuvent cependant choisir d'aborder le développement économique d’une manière différente, en adoptant directement des solutions plus efficaces en énergie et plus durables. Étant donné que les investissements dans les infrastructures peuvent déterminer le schéma d'utilisation des ressources d’un pays pour les décennies qui suivent, c’est maintenant qu’il faut agir – avant que ces infrastructures ne deviennent immuables. »

Le président de la BERD, Thomas Mirow a, quant à lui, déclaré : « Ensemble, les IFI vont utiliser leur capacité de mise en œuvre et leurs ressources pour relever ce défi majeur du XXIe siècle. Pour ce qui la concerne, la BERD continuera à renforcer ses financements et à s’appuyer sur les investissements du secteur privé pour gagner la bataille contre le gaspillage d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre – une priorité essentielle en particulier en Europe orientale. Cet objectif ne pourra être atteint qu’en assurant un niveau sans précédent de coopération entre les secteurs privé et public. »

Philippe Maystadt, président de la Banque européenne d'investissement, a indiqué : « Cette déclaration commune montre l'engagement fort de la Banque européenne d'investissement et des autres institutions financières internationales à coordonner davantage leur appui aux Parties à la CCNUCC. Nous devons déployer de manière novatrice tout l'arsenal d'instruments et de ressources à notre disposition pour maximiser l'utilisation des flux financiers de nos clients et partenaires. Avec les autres IFI, la BEI s'est engagée à fournir des programmes d'assistance technique et financière combinant prêts, subventions, prises de participation et finance carbone – et à soutenir les marchés du carbone au-delà de 2012. »

Quant au président de la Banque interaméricaine de développement, Luis Alberto Moreno, il s’est exprimé en ces termes : « Les pays en développement ont prouvé qu’il existe d’ores et déjà des solutions concrètes pour relever le défi d’une croissance à faible émission de carbone et d’un développement respectueux du climat. Le défi est de diffuser ces solutions à grande échelle, grâce à des financements aussi bien publics que privés. Et là, les BMD peuvent jouer un grand rôle en fournissant une assistance technique et financière qui permette de faire un usage efficace des financements concessionnels, tels que ceux des Fonds d’investissement climatique (FIC), et en contribuant à améliorer l’accès au marché du carbone ».

Le président du Groupe de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, a déclaré pour sa part : « Le changement climatique est l'un des défis les plus complexes de notre siècle naissant. Aucun pays n'est à l'abri. Aucun pays ne peut résoudre seul les problèmes interdépendants posés par le changement climatique, qui supposent des décisions politiques délicates, des mutations technologiques majeures, et des conséquences de grande envergure pour la planète. Des changements de cette ampleur exigent des ressources financières importantes, que ce soit pour s’y adapter, pour les atténuer ou pour intensifier la recherche afin de diffuser à grande échelle des approches prometteuses et d’approfondir des idées audacieuses. Il est crucial que les pays parviennent à assurer leur développement tout en agissant en faveur du climat. »

Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a estimé de son côté que la crise économique mondiale ne devait pas nous faire oublier le vaste défi que représente le changement climatique. « Le soutien à la reprise et l’adoption de politiques efficaces de lutte contre le changement climatique peuvent se renforcer mutuellement si les bonnes politiques sont résolument appliquées », a-t-il déclaré. « La coopération à l’échelle mondiale, notamment entre les institutions financières internationales, aidera les pays à relever les défis lancés par le changement climatique. Cela nécessite des solutions innovantes et à long terme, qui auront un rôle à jouer dans l’appui à la reprise et à une croissance durable. Le FMI peut prêter assistance dans ses domaines de compétence en offrant des conseils sur les mesures à adopter et en soutenant les pays qui sont les plus vulnérables aux difficultés économiques et climatiques », a-t-il indiqué.

Déclaration conjointe

Nous, dirigeants de banques multilatérales de développement et du FMI, appelons les Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à convenir à Copenhague des fondements d'un régime ambitieux de lutte contre les changements climatiques, qui soit complet et équitable à l’échelle de la planète, et qui permette à tous les pays de parvenir à un développement durable en optant pour des solutions respectueuses du climat et peu émettrices de gaz à effet de serre. Nous reconnaissons le rôle moteur que joue la CCNUCC, dont nous soutenons les principes et le fonctionnement depuis sa création.  Nous nous engageons, dans la mesure où les mandats, le savoir-faire et les ressources de chacune de nos organisations le permettent, à coordonner davantage nos financements et nos analyses en matière de lutte contre le changement climatique et à offrir à nos clients et partenaires les moyens de maximiser efficacement l’utilisation de nouveaux flux financiers.

Le contexte

Le changement climatique constitue dans toutes les régions du monde une grave menace pour le développement durable et, en particulier, pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Des faits scientifiques apportent la preuve irréfutable de l’empreinte humaine sur le climat au niveau planétaire et des incidences néfastes qui en découleront.

Étant donné que le changement climatique est déjà une réalité et que des effets plus nocifs sont encore attendus, il est essentiel que tous les pays intègrent la prise en compte des risques associés au changement climatique dans leurs fonctions de planification et leurs stratégies de développement. Il devient urgent de soutenir les pays et les communautés les plus pauvres, qui sont les plus vulnérables et les moins en mesure de s’adapter au changement climatique.

Il est fondamental que les pays développés continuent de montrer la voie en matière d’atténuation du changement climatique en adoptant des objectifs quantitatifs adéquats pour la réduction des émissions au-delà de 2012, et aident les pays en développement à lancer des actions d’atténuation appropriées à l’échelle nationale, en mettant à leur disposition des technologies et des ressources financières et en contribuant à renforcer leurs capacités.

L’expérience collective des banques multilatérales de développement (BMD) en matière de développement donne à penser que de nombreuses possibilités existent dans les pays en développement, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en poursuivant un développement durable, en créant de nouvelles perspectives de croissance ainsi qu’en réduisant les effets du changement climatique et la vulnérabilité à ceux-ci.

À terme, pour stabiliser les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre à des niveaux sans danger pour la planète, il faudrait, d’une part, que les pays en développement puissent compter sur des apports financiers suffisants, prévisibles et durables et, d’autre part, que toutes les grandes économies adoptent des politiques conduisant à la formation d’un prix du carbone qui soit plus ou moins similaire à travers le monde.

Objectifs communs découlant de l'expérience acquise

En collaboration avec d’autres institutions financières internationales, les agences des Nations unies et d’autres partenaires du développement, les BMD sont prêtes à mettre à profit leur mandat, leur savoir-faire et leurs ressources pour aider les pays et leurs secteurs public et privé à relever les défis du changement climatique tout en réalisant les Objectifs du millénaire pour le développement.

À cette fin, nous allons nous attacher à :

  • aider les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, à s’adapter au changement climatique et à renforcer la résistance de leurs processus de développement face à ce changement ;
  • veiller à ce que l’économie mondiale se développe en optant pour des solutions durables en matière d'émission de gaz à effet de serre ;
  • promouvoir le développement durable, dans le respect des droits de l’homme, dans tous les pays où nous opérons, et aider les pays en développement à réaliser les OMD ;
  • rendre possible et faciliter l’accès aux financements pour l’élaboration et le transfert de technologies et de connaissances respectueuses du climat et répondant aux besoins et aux priorités des pays partenaires ;
  • promouvoir des solutions faisant appel au marché, et mobiliser et démultiplier les financements du secteur privé à l’appui de la réalisation des objectifs de lutte contre le changement climatique.

Collaboration des BMD pour de meilleurs résultats
Premièrement, afin de promouvoir la mise en œuvre d’investissements privés et publics qui soient efficaces et rationnels, les BMD s'attachent à coordonner davantage, dans un cadre commun, leurs financements à l’appui des actions de lutte contre le changement climatique conformément aux mandats, au savoir-faire et aux ressources de chacune d’elles. Un tel cadre bénéficiera des enseignements tirés de notre coopération passée et présente, y compris pour ce qui est des nouveaux Fonds d’investissement climatique mis en œuvre par les BMD. Dans ce cadre commun, nous nous efforcerons de proposer, en réponse aux demandes des pays, des dispositifs intégrés associant assistance technique et financements, lesquels pourraient conjuguer prêts, aides non remboursables, prises de participation, financements carbone et garanties, en fonction des cas et des possibilités. Nous chercherons également à tirer parti des fonds publics pour attirer des flux financiers privés, afin de mobiliser des financements faisant appel au marché pour soutenir les investissements dans la lutte contre le changement climatique.

Deuxièmement, les BMD œuvreront à la multiplication des financements en faveur de l’adaptation au changement climatique, en élaborant des projets et des programmes qui développent la résistance aux effets du changement climatique, en soutenant les stratégies d'adaptation nationales, en renforçant les institutions concernées et en fournissant une assistance technique et des produits d’assurance.

Troisièmement, suite aux conclusions des négociations de la CCNUCC, les BMD sont également prêtes à renforcer leur soutien aux processus qui incitent à réduire les émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts dans les pays en développement. Nous considérons l’agriculture, le bâtiment, l’industrie et les infrastructures locales comme d'autres secteurs importants où il est possible de réduire les émissions grâce à des mesures d’incitation appropriées, au renforcement des capacités et à la fourniture d'un soutien technique.

Quatrièmement, les BMD disposent déjà de projets et de programmes relatifs à l’efficacité énergétique, aux énergies renouvelables et aux réseaux de transport durables, et elles vont soutenir davantage encore les investissements croissants des secteurs public et privé pour multiplier ces projets et ces programmes, en utilisant toute la palette des instruments de financement climatique ainsi que d’autres produits financiers.

Cinquièmement, les BMD s'attachent à coopérer pour renforcer et pérenniser les marchés du carbone et les mécanismes connexes au-delà de 2012.  Nous nous efforcerons d’inciter tous nos pays partenaires et leur secteur privé à participer davantage à ces mécanismes, ce qui permettra une répartition géographique plus équitable des avantages qui en découlent. Nous entendons proposer des instruments financiers visant à soutenir la réduction des émissions à plus grande échelle, notamment au travers de programmes et d’autres initiatives globales, et renforcer notre aide à la gestion des risques liés aux incertitudes en matière de réglementation au-delà de 2012.  Nous avons également l’intention d’aider les pays à se préparer à participer efficacement à ces mécanismes en renforçant les capacités de leurs institutions publiques et de leur secteur privé, notamment pour la définition des projets et la vérification des émissions, et en facilitant la mise en place de cadres réglementaires nationaux.

Sixièmement, les BMD ont l’intention de continuer à coordonner et à harmoniser leurs approches, procédures et pratiques respectives en matière de lutte contre le changement climatique afin de garantir un service de grande qualité à leurs membres, et de collaborer comme il convient avec les autres institutions pour soutenir les efforts déployés par les pays en développement pour faire face au changement climatique. Nous continuerons d’améliorer notre connaissance et notre apprentissage partagé des meilleures pratiques, notamment par l’évaluation de la vulnérabilité et des risques climatiques au niveau régional et national ainsi qu'à l'échelle des projets, par des études sur la croissance à faible émission de carbone et par d'autres travaux et outils d'analyse.

Enfin, les BMD soutiendront ces efforts en fournissant des conseils techniques, en partageant leurs connaissances et en contribuant à la formulation de politiques appropriées.  Le FMI aidera les pays à se créer et à gérer les marges budgétaires nécessaires pour relever les défis liés au changement climatique et pour maîtriser les risques budgétaires et financiers qu’il pose.

Les dirigeants des banques multilatérales de développement et du FMI sont prêts à mettre toutes leurs ressources humaines et financières au service des Parties à la CCNUCC et de leur secteur privé pour faire face aux défis du changement climatique. Il est impératif de relever ces défis pour éviter les dangers liés au changement climatique et écarter la menace qu'il fait peser sur la réalisation des OMD.  S’il permet de parvenir à des solutions équitables et ambitieuses, le sommet de Copenhague offrira la perspective d’un développement durable à tous les pays et régions.