L’an dernier, la Banque européenne d’investissement a signé pour plus de 2 milliards d’EUR de prêts à l’appui de projets liés aux énergies renouvelables tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union européenne, multipliant ainsi par quatre le montant de ses interventions en faveur de sources d’énergies propres.
Ce chiffre constitue le point d’orgue d’une année exceptionnelle pour la BEI, au cours de laquelle la Banque a atteint – et dans certains cas dépassé – les objectifs de prêt ambitieux qu’elle s’était fixés pour appuyer les priorités de la politique de l’UE. Le montant total des prêts signés en 2007 s’est élevé à 47,8 milliards d’EUR, contre 45,6 milliards d’EUR en 2006.
Les prêts signés pour des projets situés dans l’UE ont légèrement dépassé 41 milliards d’EUR, tandis que le solde est allé à des projets relevant des mandats spécifiques que le Conseil européen a confiés à la Banque pour ses activités dans d’autres régions du monde. La BEI demeure l’institution de financement internationale la plus active en Turquie, dans les Balkans occidentaux et sur la rive sud de la Méditerranée.
Pour pouvoir prêter de tels montants, la BEI a collecté près de 55 milliards d’EUR sur les marchés internationaux des capitaux – soit un chiffre nettement supérieur aux 48 milliards d’EUR mobilisés en 2006 – par l’intermédiaire de 236 émissions obligataires réparties entre 23 monnaies.
La Banque européenne d’investissement, qui fêtera cette année ses cinquante ans d’existence, reste l’un des plus grands émetteurs sur les marchés des capitaux et sa capacité à mobiliser des ressources sur ces marchés a prouvé sa solidité face aux turbulences financières qui agitent la planète depuis le milieu de 2007. Ses politiques prudentes en matière de gestion des risques, sa note de crédit de tout premier ordre et le soutien de ses actionnaires souverains expliquent la confiance que les investisseurs ont continué à lui témoigner.
La Banque « énergétique » d’investissement
En 2007, la BEI aura prêté au total 6,8 milliards d’EUR en faveur du secteur de l’énergie, contre 3,8 milliards d’EUR en 2006 – une augmentation qui témoigne de l’élan engendré par la nouvelle politique énergétique de la Banque. Avalisée en juin dernier par le Conseil des gouverneurs de la BEI, cette politique clarifie et renforce le rôle que la Banque entend jouer pour œuvrer à la réalisation des objectifs ambitieux de l’UE en matière de consommation et d’approvisionnement énergétiques.
Face à la gravité du défi que représentent les changements climatiques, la BEI a réagi en consacrant aux énergies renouvelables près du tiers du montant total de ses prêts dans le secteur de l’énergie en 2007 et plus de la moitié de ces mêmes financements à la production d’électricité. Elle a investi non seulement dans des technologies éprouvées, comme les parcs éoliens terrestres, l’hydroélectricité et la géothermie, mais aussi dans des technologies non encore abouties, par exemple dans des centrales photovoltaïques et héliothermiques.
La BEI a fait de l’efficacité énergétique une partie intégrante de toutes ses décisions d’octroi de prêts et appuie activement le marché des crédits carbone au travers de trois fonds existants. Elle travaille actuellement avec quatre banques publiques nationales et régionales à la finalisation du Fonds carbone pour l’après-2012, qui sera le premier fonds destiné à soutenir la valeur de marché des crédits carbone après l’expiration du protocole de Kyoto en 2012.
« Le changement climatique figurant toujours en très bonne place parmi les priorités de l’Union, on peut raisonnablement affirmer que nous continuerons à attacher une importance particulière à l’énergie en 2008 », a déclaré le président Maystadt. « De fait, certains commencent à dire que « BEI » est l’acronyme de "Banque énergétique d’investissement" ».
Innovation et transport
En 2007, la BEI a également continué a contribuer de manière significative aux efforts de recherche-développement, notamment par le biais de nouveaux instruments flexibles de financement tels que le Mécanisme de financement avec partage des risques (MFPR) qu’elle a mis en place à la mi-2007 avec la Commission européenne. À la fin de l’année, un montant total de 459 millions d’EUR avait déjà été prêté au titre du MFPR pour des projets réalisés dans les secteurs de l’ingénierie, des biotechnologies et, en particulier, de l’énergie, y compris dans les technologies solaires d’avant-garde.
Le MFPR prévoit le partage des risques de crédit entre la Commission et la BEI et donne de ce fait à la Banque une plus grande latitude pour accorder des prêts et des garanties en faveur de projets dont les promoteurs ont un profil de risque de moindre qualité – ce qui constitue un exemple concret de la stratégie relativement nouvelle de la BEI consistant à financer des opérations plus risquées lorsque des objectifs stratégiques le justifient.
La mise en place de liaisons de transport efficaces figure, depuis longtemps, parmi les grandes priorités de la BEI et, en 2007, celle-ci a signé pour plus de 8 milliards d’EUR de prêts afin de contribuer à la construction de ces réseaux transeuropéens. Le mois dernier, la Banque a mis en place, dans le cadre d’une collaboration innovante en matière de financement avec la Commission, un instrument de garantie de prêts appelé LGTT qui est destiné à encourager le secteur privé à investir plus largement dans les infrastructures de transport.
Dans le même temps, la BEI a révisé sa stratégie de prêt dans le secteur des transports pour faire en sorte que la problématique du changement climatique y ait toute sa place. Sa nouvelle politique met clairement l’accent sur les chemins de fer, les ports et les voies navigables intérieures et prévoit une approche plus sélective pour les projets portant sur les axes routiers et les aéroports, accompagnée de vérifications rigoureuses quant à leur justification.
L’énergie, l’innovation et les réseaux de transport ont été trois des six priorités de prêt de la BEI en 2007, les autres étant l’appui apporté à la cohésion économique et sociale dans l’ensemble des 27 États membres de l’UE (notamment dans les régions les plus pauvres), la promotion des petites et moyennes entreprises (PME) et la protection de l’environnement.
En 2007, plus de 160 000 PME ont bénéficié de l’appui du groupe de la BEI, que ce soit au travers des lignes de crédit accordées par la Banque ou du capital-risque et des garanties apportés par le Fonds européen d’investissement. Le groupe de la BEI souhaite, au travers d’un processus de consultation auprès de ses partenaires bancaires, des pouvoirs publics et des PME elles-mêmes, trouver des solutions lui permettant de renforcer encore cet appui.
Par ailleurs, la BEI continue à redoubler d’efforts pour accroître sa transparence et poursuivre sans réserve le dialogue avec la société civile. L’an dernier, la Banque a mené à terme sa deuxième procédure de consultation publique en bonne et due forme portant sur sa politique de lutte contre la fraude. Elle avait, auparavant, procédé à une autre consultation relative à sa politique de divulgation et elle entend maintenir cet élan en 2008 en conduisant une nouvelle consultation publique, qui portera cette fois sur les règles de base environnementales et sociales qui gouvernent l’octroi de ses prêts. La Banque a également élargi le champ de ses évaluations des incidences économiques et sociales pour ses prêts à l’extérieur de l’UE et elle souscrit, en les appuyant, aux principes de l’Initiative pour la transparence des industries extractives.