La Banque européenne d'investissement va accorder un prêt de 30 millions d'USD (quelque 32 millions d'EUR) à Veracel Celulose S.A., société appartenant à Stora Enso (45%), Aracruz Celulose S.A. (45%) et Odebrecht S.A. (10%), pour la plantation de forêts d'eucalyptus dans l'État de Bahia, dans le "Nordeste" du Brésil.

Veracel Celulose S.A. est une société privée créée en 1991 afin de réaliser des projets intégrés allant de la plantation d'eucalyptus à la production de pâte à papier. Elle bénéficie de l'appui d'actionnaires expérimentés, parmi lesquels Stora Enso, société finlandaise du secteur des produits forestiers qui occupe une place de premier plan sur le marché européen. La prise de participation de Stora Enso dans Veracel constitue la première opération de la société finlandaise au Brésil.

L'investissement a pour objet la production à faible coût de bois à pâte en vue d'une utilisation comme matière première pour la fabrication de pâte à papier dans l'usine de Veracel. Il comprend l'acquisition et la préparation des terres, la production de plants, la plantation de plus de 26 000 Ha ainsi que l'achat de matériel forestier et la construction et l'amélioration de quelque 450 Km de routes. Sur la superficie totale mise en plantation, il s'agira pour 15 000 Ha environ de plantations nouvelles sur des terres pastorales dégradées qui sont difficilement utilisables à d'autres fins agricoles. Les 11 000 Ha restants seront replantés d'eucalyptus. La période de réalisation du projet doit s'étaler entre 2000 et 2004. L'effectif de la plantation augmentera approximativement de moitié pour s'établir à 1 250 personnes.

Le projet aura un impact positif très net sur l'environnement. Il contribuera à inverser le processus de destruction de la forêt tropicale humide, à soulager la pression que l'exploitation forestière fait peser sur les forêts primaires et à préserver la biodiversité. Le promoteur réserve à la conservation ou à la régénération de l'écosystème autochtone, et ce à titre définitif, quelque 50 000 Ha, soit à peu près le tiers des terres dont il est propriétaire. 

Il est prévu dans le cadre du projet d'améliorer les infrastructures existantes, la sécurité et la protection de la station écologique de Veracruz, réserve de 6 000 Ha couverte de forêt primaire en excellent état de conservation. Cette zone ne sera jamais utilisée pour l'abattage de bois ; elle a été inscrite par l'UNESCO sur la liste du patrimoine mondial et qualifiée par l'IBAMA (Instituto Brasileiro do Meio Ambiente) de "réserve privée du patrimoine naturel". La station écologique de Veracruz est l'une des plus importantes réserves privées de forêt humide atlantique au Brésil. Divers programmes de conservation et de protection de la réserve, mais aussi de recherche scientifique, d'initiation à l'environnement et de tourisme écologique y sont mis en œuvre. La construction d'une pépinière d'espèces indigènes, d'un musée d'histoire naturelle et d'abris pour les animaux sauvages entre également dans le cadre de l'investissement. 

Le boisement de terres agricoles aura pour effet d'accroître la fixation du carbone dans le puits terrestre au travers de l'absorption du CO² émis dans l'atmosphère. Ce projet est donc conforme aux recommandations du protocole de Kyoto, ainsi qu'aux orientations de l'UE en matière d'évolution climatique. Dans le cadre du protocole de Kyoto, les gouvernements ont convenu de réduire les émissions de CO², soit en limitant la consommation de combustibles fossiles, soit en augmentant le volume de carbone piégé dans le puits terrestre grâce au boisement de terres et à une modification de l'utilisation de ces dernières. 

Le projet est conforme aux exigences de la législation brésilienne en matière d'exploitation forestière et a été suivi de près par les pouvoirs publics. Il a fait l'objet d'une procédure d'évaluation d'impact sur l'environnement (avec auditions publiques) conforme à la législation brésilienne. Le promoteur va au-delà de ces exigences en mettant en réserve un tiers des terres dont il est propriétaire pour préserver et régénérer la forêt humide primaire qui subsiste dans des ravines et sur les reliefs plus pentus, de manière à former des couloirs d'une grande biodiversité et à consolider l'équilibre environnemental de la région.

Le prêt de la BEI (d'une durée de 10 ans, dont un différé de remboursement de 4 ans) pourra être décaissé à taux fixe ou à taux variable ; dans le deuxième cas, le taux d'intérêt sera plafonné à LIBOR +40 centièmes de point. Le prêt est garanti par Nordbanken AB. Les risques de non-transfert de devises, d'expropriation, de conflits armés et de troubles civils sont couverts par la garantie budgétaire de l'Union européenne (UE).

L'octroi du présent prêt s'inscrit dans le contexte de la politique de coopération de l'UE avec des pays tiers. En Amérique latine et en Asie (ALA), la BEI est autorisée à octroyer des prêts jusqu'à concurrence de 2,48 milliards d'EUR pendant la période 2000-2006, pour soutenir des projets d'investissement réalisés par des filiales d'entreprises de l'UE ou par des co-entreprises réunissant des sociétés des pays de l'UE et des pays ALA, ou encore des investissements qui donnent lieu à des améliorations environnementales ou encouragent l'intégration régionale. Créée en 1958 pour financer des investissements favorisant l'intégration de l'UE, la BEI octroie des prêts à l'appui du développement régional, des infrastructures, de l'énergie, de l'industrie et de l'environnement. À l'extérieur de l'UE, la Banque contribue aux politiques communautaires de coopération et d'aide au développement dans quelque 150 pays d'Europe centrale et orientale, du bassin méditerranéen, d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, d'Asie et d'Amérique latine. En 2000, la BEI a accordé pour quelque 36 milliards d'EUR de prêts au total. La Banque emprunte sur les marchés des capitaux les fonds dont elle a besoin pour accorder ses prêts. Ses obligations se voient régulièrement attribuer la note « AAA » par les grandes agences de notation. La BEI ne poursuit pas de but lucratif, et peut répercuter sur les promoteurs de projets les excellentes conditions qu'elle obtient sur les marchés. Elle a le droit de financer jusqu'à 50 % du coût d'un projet. En moyenne, elle fournit un tiers des fonds nécessaires et cofinance des investissements avec d'autres institutions.