Depuis le 1er janvier 2000, la Banque européenne d'investissement (BEI) a accordé des prêts totalisant 277 millions d'EUR(1) aux pays d'Afrique, des Caraibes et du Pacifique (ACP) signataires de la Convention de Lomé, aux pays et territoires d'outre-mer (PTOM) ainsi qu'à la République d'Afrique du Sud. Sur ce montant, 166 millions d'EUR ont été financés par des ressources propres que la Banque se procure sur les marchés internationaux des capitaux et 111 millions d'EUR par des capitaux à risques du Fonds européen de développement(2).

Les prêts octroyés dans la région l'ont été dans le cadre de la Convention de Lomé IV qui vient à expiration à la fin de 2000. À l'heure actuelle, la BEI œuvre en étroite collaboration avec les États membres de l'UE et la Commission européenne pour définir les critères régissant la gestion et l'exploitation du Mécanisme d'investissement, créé récemment en vertu de la nouvelle Convention de partenariat ACP-UE qui vient d'être signée à Cotonou et qui est destinée à remplacer la Convention de Lomé. Les financements en Afrique du Sud relèvent d'un accord-cadre bilatéral séparé, dont le troisième a été signé en juin 2000, et qui prévoit une enveloppe de 825 millions d'EUR pour l'octroi de prêts entre 2000 et 2006.

Depuis le début de cette année, les opérations de prêt suivantes ont été signées :

  • Pays d'Afrique : la BEI a pris une participation de la contre-valeur de 25 millions d'EUR sur capitaux à risques dans le capital de l'AIG African Infrastructure Fund, nouveau fonds d'investissement créé à l'initiative de l'American International Group (AIG) et qui comptera, outre la SFI et la BAfD(3), plusieurs actionnaires européens. Ce fonds s'intéressera en priorité aux pays africains qui obtiennent les meilleurs résultats et où le climat est favorable à l'investissement, où les réformes économiques sont bien engagées et où le potentiel de croissance est jugé satisfaisant. Il investira en fonds propres, en quasi-fonds propres et en instruments représentatifs de dettes convertibles, dans le cadre de projets concernant des infrastructures ou des ressources naturelles (pétrole, gaz, industries extractives) et relevant du secteur privé (sur les plans de la propriété ou de l'exploitation). On attend de ce fonds qu'il ait un important effet catalytique et une forte valeur d'exemple en incitant des entreprises du secteur privé à investir dans de grands projets en Afrique.
  • Afrique de l'Ouest : la BEI a pris une participation de 800 000 EUR sur capitaux à risques dans le capital de la Banque de développement de l'Afrique occidentale (BDAO) pour contribuer à la dernière augmentation du capital de celle-ci.
  • Caraïbes : 10 millions d'EUR sur capitaux à risques à titre de participation de la BEI dans le Caribbean Investment Fund (CIF), fonds de capital-risque créé pour promouvoir les entreprises privées des Caraïbes, au moyen d'apport de fonds propres et de quasi-fonds propres. Le promoteur du CIF est la Caricom, organisation régionale regroupant seize pays de la région des Caraïbes. Outre la BEI, le CIF compte, parmi ses investisseurs, la Banque de développement des Caraïbes, le Multilateral Investment Fund ainsi que la Société interaméricaine d'investissement.
  • Bénin : 20 millions d'EUR sur capitaux à risques à l'Office des Postes et Télécommunications du Bénin (OPTB) pour financer l'extension de son réseau de télécommunications nationales et internationales, y compris sa participation dans le projet de câble sous-marin international SAT-3.
  • République dominicaine : 9 millions d'EUR sur capitaux à risques au gouvernement de la République dominicaine, pour rétrocession à la Corporación Dominicana de Electricidad (CDE) en vue du financement partiel de la remise en état du réseau de transport d'électricité après les dégâts causés par l'ouragan George en septembre 1998.
  • Jamaïque : 25 millions d'EUR à la Port Authority of Jamaica pour le financement de l'extension du terminal de conteneurs du port de Kingston, dont la réalisation s'avère nécessaire pour répondre au développement des activités de transbordement de conteneurs. Du fait qu'il sera à l'origine de recettes en devises et d'emplois nouveaux, le projet contribuera à la croissance économique du pays.
  • Madagascar : 7 millions d'EUR sur capitaux à risques à Aquaculture des Mascareignes (AQUAMAS), une entreprise à capitaux entièrement privés, pour le financement partiel de la construction d'une ferme d'élevage de crevettes et d'une installation de conditionnement dans la Baie de Baly, sur la côte nord-ouest du pays. Le projet permettra de poursuivre le développement de l'élevage de crevettes, secteur dans lequel Madagascar possède un avantage par rapport à la concurrence et qui est devenu une source importante de devises.
  • Malawi : 14 millions d'EUR (dont 7,5 millions d'EUR sur capitaux à risques) à la Sugar Corporation of Malawi (SUCOMA), une société privée, pour le financement d'infrastructures (nivellement, irrigation) et d'un programme d'aide aux petits planteurs pour la production de canne à sucre, ainsi que pour la modernisation de la sucrerie de Nchalo, afin de répondre à l'augmentation de la production de canne à sucre.
  • Mauritanie : 1,7 million d'EUR sur capitaux à risques à Mauritania Leasing pour le refinancement d'une partie de ses activités de crédit-bail. Ces opérations complèteront la gamme d'instruments de financement auxquels le secteur des PME privées a accès en Mauritanie.
  • Nouvelle-Calédonie : 2 millions d'EUR à l'Agence française de développement (AFD) pour rétrocession à ENERCAL en vue du financement partiel de l'extension du réseau de transport d'électricité sur l'île de la Grande-Terre, principale île de la Nouvelle-Calédonie. ENERCAL est une entreprise semi-publique, qui a pour métiers la production, le transport et la distribution d'électricité dans un certain nombre d'îles de ce territoire français.
  • Rwanda : 11 millions d'EUR sur capitaux à risques à la République rwandaise pour contribuer au financement du renouvellement et de la mise en place d'équipements de communication, de navigation, d'alimentation en électricité et de lutte contre l'incendie, ainsi que de la réfection du revêtement de la piste, à l'aéroport international de Kigali. Ces travaux garantiront un niveau de sécurité conforme aux normes internationales. Le projet sera réalisé par la Régie des aéroports du Rwanda, avec l'aide d'un consultant spécialisé dans la mise en place et l'exploitation de services de circulation aérienne et d'ingénierie aéroportuaire civile.
  • Seychelles : 2 millions d'EUR sur capitaux à risques en faveur de la Development Bank of Seychelles (DBS), pour le financement de petites et moyennes entreprises (PME) des secteurs de l'industrie, de l'agro-industrie, de la pêche, du tourisme, des transports et des services connexes. L'objectif du prêt est de promouvoir les investissements réalisés par le secteur privé et le développement des PME.
  • Afrique du Sud : 125 millions d'EUR en faveur de trois projets : 50 millions d'EUR à TELKOM SA Ltd pour le financement partiel de l'extension de son réseau national de transmission par fibre optique, y compris la pose de 5 700 km de câbles à fibre optique sur le réseau longue distance de base couvrant l'ensemble du territoire sud-africain ; 25 millions d'EUR à Indian Ocean Fertilizer (Pty) Ltd, pour l'agrandissement d'une installation de production d'acide sullfurique et phosphorique à Richard's Bay - les acides ainsi produits servent à la production d'engrais ; 50 millions d'EUR à la Development Bank of Southern Africa (DBSA) pour le financement de projets de petite et moyenne dimension dans les secteurs de l'eau, de l'assainissement, du traitement des déchets solides et d'autres infrastructures municipales en divers endroits de l'Afrique du Sud, qui amélioreront sensiblement la satisfaction des besoins fondamentaux de la population.
  • Swaziland : 25 millions d'EUR au total (dont 17,5 millions d'EUR sur capitaux à risques), y compris 15 millions d'EUR à la Royal Swaziland Sugar Corporation (RSSC) pour l'extension et la mise à niveau d'une plantation de canne à sucre et d'une fabrique de sucre à Simunye, dans le nord-est du pays ; l'industrie sucrière revêt une importance économique primordiale pour le Swaziland puisqu'elle emploie directement quelque 16 % de la population active et davantage dans les entreprises agro-industrielles connexes. Un second prêt de 10 millions d'EUR sur capitaux à risques en faveur de la Swaziland Industrial Developement Company (SIDC), pour le financement de petites et moyennes entreprises des secteurs de l'industrie, de l'agro-industrie, des mines, du tourisme, des transports et des services connexes.

Créée en 1958 par le Traité de Rome, la BEI finance des projets d'investissement concourant à la réalisation des politiques de l'Union européenne (UE). Elle participe également à la mise en œuvre de la politique de coopération de l'UE avec les pays tiers qui ont conclu avec cette dernière des accords de coopération ou d'association.

À l'heure actuelle, les financements de la Banque sont accordés dans le cadre des dispositions de la Quatrième convention de Lomé, qui a été conclue en 1989 pour une période de 10 ans et est assortie de deux Protocoles financiers, couvrant l'un la période 1991-1995 et l'autre la période 1996-2000. L'enveloppe financière disponible au titre de ce deuxième Protocole se monte à 14,6 milliards d'EUR au total, dont 12 milliards d'EUR d'aide non remboursable fournie par les États membres de l'UE, 1 milliard d'EUR de capitaux à risques gérés par la BEI et un maximum de 1,6 milliard d'EUR consentis sous la forme de prêts sur les ressources propres de la BEI. La République d'Afrique du Sud est devenue un membre associé de la Convention de Lomé en 1997.


(1) Les taux de conversion utilisés par la BEI à des fins statistiques pour le trimestre en cours sont ceux qui étaient en vigueur le, à savoir : 1 EUR = 6.56 FRF, 0.63 GBP, 0.96 USD.

(2) Le Fonds européen de développement (FED) est constitué de contributions des États membres de l'UE. La BEI administre sous mandat une partie des ressources du FED, qu'elle utilise principalement pour des opérations sur capitaux à risques.

(3) La SFI (Société financière internationale) fait partie du groupe de la Banque mondiale ; BAfD = Banque africaine de développement.