Le 8 décembre, Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI, a prononcé le discours d’ouverture de l’événement conjoint des banques multilatérales de développement (BMD) relatif à l’état d’avancement de l’alignement sur l’accord de Paris dans le cadre de la COP 28. 

  Suivez notre participation à la COP 28.


Seul le discours prononcé fait foi.


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Mesdames et messieurs,

Nous vous souhaitons la bienvenue à cet événement annuel de la communauté des banques multilatérales de développement (BMD) dans le cadre de la conférence sur le climat. L’occasion nous est donnée ici de rendre compte collectivement de nos progrès dans l’alignement sur l’accord de Paris et des prochaines étapes de nos actions.

Beaucoup d’entre vous s’en souviennent : lors de la COP 24 à Katowice en décembre 2018, nous, l’ensemble des BMD, avons annoncé un cadre commun pour aligner nos activités sur les objectifs de l’accord de Paris. Je tiens ici à évoquer l’importance de cette approche, qui s’articule autour de six axes.

Pour assurer une transition réussie vers un avenir sobre en carbone et résilient aux changements climatiques, les flux financiers doivent être alignés sur les objectifs de l’accord de Paris en matière de température et d’adaptation.

L’intégration tant de l’atténuation des changements climatiques que de l’adaptation à leurs effets dans tous nos financements constitue donc l’essence des axes 1 et 2.

Nous devons considérer tout l’éventail des opérations nouvelles au regard de l’atténuation et de l’adaptation en accordant la même importance à chacun de ces deux aspects. Le Groupe Banque européenne d’investissement s’est attelé à cette tâche début 2021, en se dotant d’un cadre d’alignement visant une réduction des émissions de carbone. Ce cadre reposait sur l’approche initiale des BMD à l’époque et comprenait un examen de tous les projets pour évaluer les risques climatiques physiques. Sur la base de notre expérience et de celle d’autres BMD, nous avons publié cette année les Principes méthodologiques communs des BMD pour l’évaluation des nouvelles opérations à l’aune de l’alignement sur l’accord de Paris. Je suis certain que ce sujet sera développé par tous les collègues des BMD ici présents.

Les axes 1 et 2 nous imposent également d’évaluer et de gérer les risques climatiques auxquels sont exposés nos portefeuilles existants. Il s’agit là d’un point important qui est également abordé dans le cadre du groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives au climat et des normes les plus récentes en matière d’établissement de rapports. Pour nous, en tant que banques publiques, identifier un risque, c’est identifier un risque pour nos clients et pour leurs projets et leurs actifs. Il nous incombe dès lors de voir comment nous pouvons soutenir les clients qui composent nos portefeuilles. Il ne s’agit pas de nous désengager de nos investissements, mais d’accompagner nos clients dans leur transition. Notre rôle n’est pas d’éviter les risques climatiques physiques, mais d’aider nos clients à réduire et à éviter ces risques.

L’axe 3 concerne le financement de l’action en faveur du climat. Cette question est cruciale et constitue l’un des principaux thèmes de cette conférence. Les BMD mettent l’accent depuis longtemps sur le financement de l’action en faveur du climat. L’année dernière, nous avons atteint un montant record de près de 100 milliards de dollars de financements dans le monde (contre 82 milliards de dollars en 2021). Une majorité (61 milliards de dollars) est allée aux pays à revenu faible et intermédiaire. Le financement de l’action en faveur du climat, en particulier la mobilisation de financements privés, restera un élément central de notre démarche globale d’alignement sur l’accord de Paris.

J’ai mentionné tout à l’heure que notre mission consiste principalement à aider nos clients. Le dialogue et le soutien à l’élaboration des politiques, qui constituent l’axe 4, sont essentiels à cet égard.  Nous, le groupe des BMD, continuerons de soutenir en priorité les pays ainsi que tous les autres clients, tant publics que privés, en nous appuyant sur nos principes de haut niveau pour une transition juste ainsi que sur nos principes communs régissant le soutien aux stratégies à long terme. Nous avons accompli des progrès notables dans ce domaine. Plus important encore, nous avons eu le plaisir d’annoncer il y a quelques jours à peine le lancement du programme stratégique commun à long terme. Ce programme a vocation à aider les pays en développement et d’autres clients publics à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies climatiques à long terme qui assurent la transition vers une économie sobre en carbone, renforcent la résilience climatique et tiennent compte des aspects sociaux de ces transitions.

Bien sûr, si vous voulez vraiment aider vos clients, vous devez également donner le bon exemple et mettre de l’ordre dans vos affaires. C’est pourquoi l’axe 6 sur l’alignement des activités internes constitue un axe autonome de notre approche. Les BMD ont travaillé en étroite collaboration sur ce sujet, échangé leurs points de vue et comparé leurs expériences. Nous tirons des enseignements de la mise en œuvre de notre propre alignement interne sur l’accord de Paris pour mieux accompagner nos clients dans leur transition.

Permettez-moi d’aborder un dernier point concernant la transparence en matière d’établissement de rapports, c’est-à-dire l’axe 5. Maintenant que la mise en œuvre de notre cadre d’alignement sur l’accord de Paris est en bonne voie pour toutes les BMD, nous devons réfléchir à la manière dont nous en rendrons compte à l’avenir. Au cours des dernières années, des normes mondiales d’information en matière de durabilité (ISSB, ESRS...) ont vu le jour. Et nous avons donné des indications, lors de précédentes conférences sur le climat, sur la forme que pourrait revêtir le cadre commun d’établissement de rapports des BMD. Nous poursuivons ces travaux. Dans deux jours, nous échangerons nos points de vue à propos des rapports sur l’alignement sur l’accord de Paris dans le cadre d’un événement conjoint des BMD. Nous nous engageons également, dans le cadre de cette conférence, à examiner plus avant les résultats, les réalisations et l’incidence sur le climat de nos activités, ainsi qu’à rendre compte des volumes de nos financements de l’action en faveur du climat.

En novembre 2020, le Groupe BEI a commencé à mettre en œuvre l’ensemble des six axes en vue de l’alignement sur l’accord de Paris des BMD, dans le cadre de sa Feuille de route de la banque du climat 2021-2025. Nous avons constaté que, forts de ce cadre comportant six axes, nous pouvions mettre en œuvre l’alignement sur l’accord de Paris dans l’ensemble du Groupe BEI. Bien sûr, chaque BMD doit opérer la mise en œuvre des différents axes à sa manière et conformément à ses mandats. Mais ce qui est vraiment important, c’est que les BMD en tant que groupe continuent à partager leur expérience entre elles et avec d’autres. C’est ainsi que nous pourrons tous progresser plus rapidement de concert.

Dans cet esprit, nous nous réjouissons aujourd’hui de vous montrer où nous en sommes collectivement dans cette démarche, de vous faire part de nos expériences et d’esquisser ce que nous considérons comme la voie à suivre. Je cède maintenant la parole aux responsables des BMD chargés de l’action en faveur du climat pour leur présentation.