À la COP23, la conférence sur le climat qui se tient à Bonn, les participants se penchent sur les changements climatiques – et parfois aussi sur un verre de latte macchiato gratuit.

Si vous appréciez les slogans qui font mouche, à la COP23, on peut lire des dizaines d’expressions accrocheuses sur les parois des stands et les murs des pavillons : « Plus de transparence ». « Engagez-vous à devenir locavore pendant une journée ». « Un impact aussi vaste qu’un océan ». « Coproduction de connaissances ». « Bon pour le climat, bon pour la croissance », « Le changement gagne du terrain ». On trouve aussi quelques formules moins heureuses : « Action pour le climat en Thaïlande grâce à des partenariats associant de multiples intervenants» ou « Beethoven est à l’honneur à Bonn, et vous aussi ! ».

À Bonn, cette manifestation de deux semaines , dont le nom officiel est la 23e Conférence des Parties, ou COP23, est présidée cette année par les Fidji ; l’objectif est de négocier les modalités de mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques que ces pays ont signé il y a deux ans.

« La COP23 est utile pour sensibiliser les participants et les populations à la menace que représentent les changements climatiques » déclare Marco Beros, expert principal du secteur de l’eau à la Banque européenne d’investissement, qui a participé à une discussion sur l’adaptation aux changements climatiques organisée la semaine dernière dans le pavillon de la Banque. L’eau constitue le thème central de cette COP, car elle peut se raréfier dans certains endroits en raison des changements climatiques, tandis que ceux-ci peuvent provoquer de terribles orages dans d’autres régions.


Cette année, la conférence sur le climat est divisée en deux zones – Bonn et Bula. La zone Bula (à accès restreint) accueille les représentants des pays qui négocient sur le climat ; « Bula » signifie « bienvenue » en fidjien. La zone Bonn est le lieu où des centaines d’organisations non gouvernementales, des entreprises et des pays exposent leurs idées en matière d’action en faveur du climat et débattent des solutions possibles.

Cette année, les participants à la conférence se concentrent sur deux axes : la nécessité de lever davantage de fonds pour lutter contre les changements climatiques et le souhait que les populations locales puissent mieux faire entendre leur voix.

 «  Nous voulons que les gens nous écoutent et comprennent que ce sont les petites communautés qui ont besoin d’aide pour lutter contre les changements climatiques » affirme Nathalie Koffi, basée à Dakar (Sénégal), conseillère pour Enda Énergie, une organisation internationale qui entend lutter contre la pauvreté et encourage le développement durable. Sa présence à la conférence lui donne de l’espoir « car cette rencontre permet aux gens de comprendre les multiples défis que pose l’environnement et maintenant, tout le monde commence à comprendre que le changement s’impose. »

Zéro papier ou des économies de papier ?

Toutefois, le changement n’intervient pas toujours aussi facilement que cela. Les visiteurs de la zone Bonn ont été invités à laisser chez eux toute forme de papier et le site web de la conférence annonce une manifestation « économe en papier ». Mais on trouve du papier et des brochures partout – des piles sur les bureaux, des piles sur les chaises, des affiches sur les murs.

Le stand d’information, lui, a suivi l’injonction du « zéro papier » : il n’a distribué aucun plan ni aucune brochure et vous offrait des bouteilles d’eau aux jolis couleurs en précisant que la réutilisation de ces récipients permettrait d'économiser 570 000 gobelets jetables. 


À la conférence sur le climat, ce sont les Fidji qui ont proposé l’un des stands les plus créatifs

À la conférence sur le climat, ce sont les Fidji qui ont proposé l’un des stands les plus créatifs

Quel est le plus beau pavillon, celui des Fiji ou celui de l’Inde ?

Dans la zone Bonn, ce sont les Fidji qui présentent le pavillon le plus original, sous la forme d’un village traditionnel comportant des pièces couvertes de chaume, des murs végétalisés, un canoé en bois et accueillant des artisans qui fabriquent des bracelets. Le stand de l’Inde est à l’inverse le temple de la haute technologie la plus sophistiquée, avec ses iPads et ses grands écrans tactiles, de nombreux miroirs, de grands panneaux lumineux à LED et un panneau mural décrivant comment le pays compte élaborer des arbres solaires.

Selon Tarun Malhotra, qui a conçu ce pavillon, l’Inde doit laisser une forte impression à Bonn car le pays cultive depuis longtemps un rapport intime à l’environnement. « Nous prions les arbres, nos rivières sont sacrées, nous pratiquons le yoga. Nous sommes en lien avec l’environnement depuis la nuit des temps. »

La Banque européenne d’investissement a prêté plus de 1,7 milliard d’EUR à l’appui d’investissements à long terme en Inde, pour y soutenir les transports durables, l’énergie renouvelable, les petites entreprises et les investissements dans l’industrie.


Une conférence où fusent les exclamations

Cette année, les questions liées à l’eau – comme la montée du niveau de la mer et les tempêtes – sont au centre des débats, mais la politesse et les points d'exclamation sont tout autant placés au premier plan. Partout, dans la zone Bonn, les visiteurs, installés sur de confortables sièges, sont entourés de panneaux généreusement ponctués : « Good luck ! », « Nice to meet you ! », « Viel Glück ! », « Wananavu ! » (l'équivalent de « Vous êtes formidable ! » en fidjien) et « Bula vinaka ! » (« Chaleureuses salutations ! », là aussi en fidjien.)


À la COP23, la distribution de café gratuit fait du pavillon allemand un lieu hautement populaire

À la COP23, la distribution de café gratuit fait du pavillon allemand un lieu hautement populaire

Venez discuter du climat et restez pour le café

Sur le site de la conférence, un latte macchiato coûte 3,50 EUR. Mais la plupart des participants se pressent sans discontinuer derrière le zinc du pavillon allemand, où des baristas en noir et blanc vous mitonnent gratuitement d’authentiques expressos et dessinent de magnifiques volutes de mousse sur vos latte.

Le président Donald Trump s’étant engagé à ce que son pays se retire de l’Accord de Paris, les États-Unis ont choisi de ne pas avoir de pavillon dans la zone Bonn cette année, mais des étudiants américains se sont déplacés malgré tout pour distribuer des brochures affichant « We are still in » (« Nous en faisons toujours partie ») incitant les lecteurs à consulter un site web éponyme.

Nous n’avons pas quitté le navire

« Nous pouvons encore entreprendre beaucoup de choses dans nos États et en œuvrant avec des sociétés pour agir en faveur du climat » déclare Anna Brent, une étudiante du Colorado qui distribuait des dépliants. « Nous demandons à tout le monde de ne pas perdre espoir en nous ».