Le président de la BEI, Werner Hoyer, a prononcé le discours d’ouverture de la cérémonie de remise des prix de la Semaine européenne de la microfinance, qui s’est tenue le 17 novembre au siège de la BEI.


Seul le texte prononcé fait foi


>@Anouk Flesch/EIB

Votre Altesse royale,

Monsieur le Ministre,

Chers invités et amis de la microfinance,

Mesdames et messieurs,

Je suis ravi de vous accueillir à la BEI pour la cérémonie de remise des prix de ce jour qui distinguera les meilleures pratiques de la microfinance mondiale.

Il s’agit de la première cérémonie de remise des prix en présentiel depuis trois ans !

Trois années qui ont mis à l’épreuve toutes les institutions de microfinance dans le monde, en raison d’un contexte incertain, de soudaines restrictions aux voyages et aux échanges commerciaux, et de la fermeture de secteurs entiers.

Trois années qui ont mis à l’épreuve la vision de l’Europe et sa position dans le monde et rendu la réalisation des objectifs de développement durable plus ardue.

Au cours de ces trois années, au sein du Groupe BEI, nous avons continué d’œuvrer pour renforcer notre impact en mettant à profit notre savoir-faire en microfinance, un atout très important dans notre panoplie.

  • Je suis fier de dire qu’à ce jour, la Banque a prêté 1,8 milliard d’EUR pour des opérations de microfinance dans le monde, dont près de 800 millions d’EUR rien qu’en Afrique.
  • Et nous sommes allés au-devant des groupes les plus vulnérables, en particulier les femmes pauvres mal desservies – c’est aussi l’objectif principal de ce prix.

Dans le contexte mondial actuel cependant, il est clair que nous ne pouvons relâcher nos efforts. Il n’est pas question de nous arrêter en si bon chemin. Nous devons :

  • continuer à innover et veiller à répondre plus efficacement aux besoins les plus aigus,
  • poursuivre les échanges de meilleures pratiques pour générer un plus grand impact et favoriser l’inclusion sociale des communautés précédemment exclues, et
  • pratiquer une économie avisée pour que nos financements profitent aux femmes.

C’est la raison pour laquelle notre décision de créer BEI Monde – notre nouvelle branche pour le développement et les partenariats à l’échelle mondiale – vient, selon moi, à point nommé. Par l’intermédiaire de BEI Monde, nous approfondissons encore notre coopération pour le soutien au développement et les partenariats dans le monde, face à l’ampleur des besoins.

La gravité des répercussions de la pandémie de COVID-19 sur la microfinance dans le monde a été récemment mise en évidence par une étude mondiale réalisée à la demande de l’ADA (Appui au développement autonome), une ONG luxembourgeoise.

Il est frappant pour moi de constater que plus de 90 % des microemprunteurs ont vu le revenu de leur ménage baisser. Cette baisse était plus marquée chez les femmes.

Collectivement, nous agissons déjà face à cette évolution grâce à un soutien accru, à de nouvelles initiatives, à des produits sexospécifiques novateurs, à la formation et au renforcement des capacités.

Les entreprises dirigées par des femmes peuvent être vectrices de changement :

  • elles emploient davantage de femmes ;
  • elles sont plus susceptibles d’innover et d’apporter une contribution décisive pour l’environnement ;
  • elles sont plus susceptibles d’introduire de bonnes pratiques de gestion.

Et pourtant, l’accès au financement reste un obstacle pour les entreprises dirigées par des femmes.

Cette conclusion est tout simplement inacceptable et nous devons prendre des mesures plus favorables à l’essor des entreprises dirigées par des femmes.

  • Mary Ellen, votre livre « There is Nothing Micro About a Billion Women » soulève un point important qui a trait à la justification économique des investissements en faveur des femmes.
  • Notre propre rapport de la BEI intitulé « La finance en Afrique » confirme que les banques s’emploient à accroître leur activité de prêt favorisant l’égalité hommes-femmes.
  • Et cette démarche se traduit également par une amélioration des bilans. Quatre banques sur dix ont constaté que le ratio de prêts non productifs des entreprises dirigées par des femmes était inférieur au ratio moyen de leurs portefeuilles de prêts.

À la BEI, l’incidence sur l’égalité hommes-femmes est au cœur de nos activités de microfinance : près de 50 % des nouveaux financements pour les entreprises que BEI Monde accorde en Afrique soutiennent des entrepreneuses.

Tant nos investissements que nos programmes d’assistance technique s’articulent autour de l’autonomisation économique des femmes.

Je suis particulièrement fier de constater que l’initiative SheInvest de la BEI, lancée à Nairobi il y a trois ans, a déjà mobilisé plus d’un milliard d’EUR d’investissements axés sur l’égalité hommes-femmes !

Il y a quelques semaines à peine, j’ai assisté au sommet Finance en commun à Abidjan, aux côtés de nombreux partenaires. La BEI a annoncé à cette occasion qu’elle renforcerait encore SheInvest pour mobiliser 2 milliards d’EUR supplémentaires et élargir l’initiative à l’Amérique latine et à l’Asie.

Nous aidons à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation économique des femmes dans toute l’Afrique – notamment par le biais de la microfinance. Pour nous, il s’agit là d’une priorité essentielle.

Mesdames et messieurs,

Nous nous réunissons chaque année au Luxembourg pour conforter nos liens et renforcer nos partenariats, et examinons plus particulièrement nos moyens d’innover, de toucher les personnes mal desservies, de favoriser l’autonomisation des plus vulnérables et de réduire la pauvreté.  

Distinguer les meilleures pratiques est important, car nous pouvons ainsi mettre en pratique les idées qui fonctionnent et leur donner plus d’ampleur !

Beaucoup d’entre vous ici présents ont pu participer aux académies sur l’activité bancaire et la microfinance axées sur les PME que la BEI a organisées dans toute l’Afrique.

Ces dix dernières années, la BEI a dispensé une formation spécifique à des professionnels de la finance issus de 288 banques et partenaires de la microfinance.

Cette coopération dans la durée a permis à près de 40 000 professionnels des secteurs de la microfinance et de la banque en Afrique de partager des idées novatrices sur l’inclusion financière, le risque climatique et les prêts ciblés pour les femmes et les jeunes.

Des ateliers similaires ont renforcé les compétences financières de plus de 45 000 bénéficiaires finals, parmi lesquels des vendeurs de marché, des coopératives de couture et des réfugiés.

Votre Altesse royale, Monsieur le Ministre, chers amis,

Il reste essentiel de faire en sorte que les micro-entrepreneurs, les agriculteurs et les entreprises dans le monde entier aient accès au financement. À cet égard, nous devons mettre tout particulièrement l’accent sur l’autonomisation économique des femmes. La microfinance représente l’un des meilleurs outils à la disposition de la BEI pour s’acquitter de sa mission.

Permettez-moi de féliciter tous les finalistes des prix de la microfinance de ce jour pour leur engagement et leur détermination remarquable !

Je vous remercie.