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Ce lundi 25 octobre, Philippe Maystadt, Président de la Banque européenne d’investissement (BEI) et Benoît Lutgen, Ministre wallon des Travaux publics ont officiellement conclu, par la signature des contrats, les accords portant sur 375 millions d’euros de prêt BEI pour la réalisation de travaux en Wallonie ; 250 millions seront consacrés au réseau routier et 125 millions iront au développement du réseau fluvial.

La Belgique est à la croisée de plusieurs grands axes de transport Nord-Sud et Est-Ouest (1), et c’est aux intersections de ces euro-corridors routiers et fluviaux que se trouvent de nombreux goulets d’étranglement des « RTE » (les réseaux transeuropéens, prioritaires pour la mobilité dans l’UE) identifiés depuis plusieurs années en Wallonie et qui doivent être supprimés.

Le trafic de transit généré est particulièrement dense et s’est accru de façon hors norme sur le réseau routier wallon (jusqu’à 35 % de poids lourds ce qui est 3 fois supérieur aux autres réseaux) a contribué à la dégradation des voies de communication. Une situation qui de part et d’autre, sur les routes et sur les voies navigables, imposait des travaux de réhabilitation en profondeur et d’aménagement, à entreprendre dans les meilleurs délais.

La BEI ; l’institution de financement de l’Union européenne, sera partenaire de ces grands travaux dans le cadre de son soutien à la politique de transport de l’UE, un objectif prioritaire qui allie l’intégration régionale et le développement économique à la mise en place d’infrastructures de transports modernes, sûres et durables.

I.  Sur le réseau routier : réaménager pour la sécurité et la mobilité

Le prêt de 250 millions d’euros accordé pour le réseau routier régional sera consacré à la rénovation et la réhabilitation de routes, autoroutes et ponts faisant partie du réseau RTE-T (réseau transeuropéen de transport) et/ou situés en zone de Convergence; toutes font partie également du réseau structurant wallon. Les aménagements en matière de sécurité et de services aux usagers (agrandissement de parkings à poids lourds, construction de bretelles d’échangeurs et de giratoires) et de mesures environnementales (écrans anti-bruits et mise à niveau de bassins d’orage) sont également couverts par l’opération.

Afin d’obtenir ce prêt, le Ministre Benoît LUTGEN a opéré une série de réformes pour répondre aux conditions d’accessibilité de ce financement, notamment :

1.  la définition du « réseau structurant » en Wallonie : Les axes de ce réseau - sélectionnés sur base de critères objectifs – sont constitués par l’ensemble des autoroutes et leurs voies d’accès, qui appartiennent au réseau transeuropéen (des axes possédant un numéro « E ») et des routes régionales stratégiques pour la mobilité intra régionale. Le réseau structurant représente 1800 km et 52,3 % du trafic routier sur le réseau régional (2).

2.  la mise en place du « Plan Routes ». Il s’agit d’un plan pour rénover et réhabiliter l’ensemble du réseau routier régional en profondeur. Une hiérarchisation des travaux prioritaires sur le réseau structurant a été établie sur base de critères objectifs dont principalement la sécurité, la mobilité et la qualité des routes. Pour remettre l’ensemble du réseau en état, 575 chantiers ont été identifiés, dont 434 sont éligibles par la BEI. Grâce au financement obtenu auprès de la BEI, c’est ainsi près de 75% du « Plan Routes » qui pourra être réalisé endéans les cinq prochaines années.

3.  la clarification des responsabilités de la SOFICO et de la Direction générale des routes du SPW (Service Public de Wallonie). Un seul opérateur, la SOFICO (Société wallonne de financement complémentaire des infrastructures), est désormais chargé du réseau structurant et prend en charge le financement, la réfection, l’entretien et l’exploitation de ce réseau (routes, équipements et abords). La DG Routes (SPW) se concentre quant à elle sur le réseau secondaire.

II.  Sur le réseau fluvial : désengorger et permettre le développement de l’intermodalité

Les 125 millions d’euros de la BEI pour les voies navigables wallonnes iront spécifiquement à la construction de 2 nouvelles écluses de 225m X 25m, l’une à Lanaye et l’autre à Ivoz-Ramet, ainsi qu’au dragage d’approfondissement entre les communes de Flémalle et de Seraing. Les deux sont localisées sur l’axe prioritaire transeuropéen Rhin/Meuse-Main-Danube.

Ces deux sites sont les plus importants en termes de transit fluvial en Wallonie (respectivement en 2009 : 9,6 millions de tonnes pour Lanaye, 10 millions de tonnes pour Ivoz-Ramet). Cependant, les écluses sont arrivées à saturation et toute avarie entraîne des interruptions de navigation préjudiciables à l’activité économique.

En effet, le réseau fluvial wallon, un des plus denses en Europe, s’étend sur 450 km et permet le transport annuel de près de 40 millions de tonnes de marchandise. Reliant les bassins industriels wallons entre eux, mais aussi aux ports maritimes nationaux et internationaux, il constitue un outil économique indispensable. Les travaux prévus visent à intégrer le réseau wallon dans le réseau fluvial européen grâce, notamment, à l’augmentation de sa capacité. Mais ils permettront également de développer les ports fluviaux ainsi que le transport intermodal pour une dynamique de croissance économique de la Wallonie.

Afin de concrétiser un financement rapide de ces aménagements et d’obtenir l’intervention de la BEI, le financement et l’exploitation de ces infrastructures ont également été confiés à la SOFICO.

Pour le Ministre Benoît Lutgen, le financement « européen » obtenu de la BEI est intéressant non seulement parce qu’il est accordé aux meilleures conditions et sur du long terme, permettant ainsi de réaliser en quelques années ces travaux de grande envergure, mais aussi parce qu’il représente un gage de confiance pour les autres organismes prêteurs auxquels il sera ultérieurement fait appel.

La signature des contrats a eu lieu ce 25 octobre 2010 sur l’aire autoroutière de Thieu, à la jonction des autoroutes Mons-Paris vers Bruxelles (E19) et Namur (E42), avec vue sur le canal du Centre et l’ascenseur à bateaux de Strepy-Thieu ; un lieu particulièrement choisi puisque voie routière et voie d’eau sont, à cet endroit, parallèles l’une à l’autre. Avec, à quelques encablures, le pont-canal du Sart, un ouvrage d’art long de 500 m et large de 50 m qui permet au canal du Centre de franchir la vallée du Thiriau du Sart ainsi qu’un important carrefour routier entre les N55 et N535 à l’entrée de la ville de La Louvière.

(1) Axe Nord-Sud : du sud de l’Italie et de l’Espagne pour rejoindre les ports de la mer du Nord et le trafic transatlantique via Anvers, Amsterdam et Rotterdam - Axe Est-Ouest ; de Londres et Dunkerke, via l’Escaut, la Sambre et la Meuse, vers le Rhin, le Danube et la mer noire pour rejoindre les nouveaux pays-membres de l’Union européenne.

(2)   Le réseau wallon se compose de 7800 km de voiries régionales (1250 km d’autoroutes et 6550 km de routes wallonnes), 700 km de routes provinciales et 45.000 km de routes communales.