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À l'occasion de la conférence de Londres 2016 sur le soutien à la Syrie et à sa région, le président du Groupe Banque européenne d'investissement (BEI), Werner Hoyer, a exposé ce jour la manière dont la BEI appuiera les efforts de la communauté internationale en Turquie et dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord touchés par la crise des réfugiés. Il a précisé que les activités du Groupe BEI pourraient être renforcées en partenariat avec des bailleurs de fonds et sous réserve que les conditions adaptées pour combiner prêts et aides non remboursables soient réunies. Un tel renforcement contribuerait à la réalisation des objectifs de la conférence et aux efforts de la communauté internationale pour fournir des possibilités économiques, de l'emploi et de l'éducation dans la région.

La BEI, dont les actionnaires sont les 28 États membres de l'Union européenne, est la plus grande institution financière internationale active dans le bassin méditerranéen et le Moyen-Orient. Elle possède une expérience inégalée de plus de trois décennies dans l'investissement à l'appui de projets relevant du secteur public comme privé dans la région, dans divers secteurs : énergie, transports, santé et infrastructures d’approvisionnement en eau mais aussi petites entreprises, emploi des jeunes et microfinance.

S'exprimant avant la conférence, organisée à Londres par le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Norvège, le Koweït et les Nations unies, le président de la BEI, Werner Hoyer, a déclaré :

« Notre réponse se doit d'être ambitieuse. Elle doit également être le fruit de la concertation de tous les partenaires. La BEI est prête. Ses trois décennies d'expérience lui donnent une position privilégiée pour soutenir les efforts déployés par l'Europe et par la communauté internationale dans son ensemble afin d'apporter une réponse à cette crise urgente et grave. C'est pour cette raison, aujourd'hui, qu'en tant que plus grande institution financière internationale active dans la région, nous avons annoncé notre volonté de travailler en étroite collaboration avec nos partenaires pour accroître davantage nos activités déjà substantielles. À la lumière de l'urgence de la situation et de son importance pour l'Union européenne, la BEI – en tant que banque de l'UE – peut intensifier ses efforts sur les cinq prochaines années en Turquie et dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, pour autant que les conditions nécessaires soient réunies ».

Et d'ajouter : « Les pays qui se trouvent en première ligne ont besoin de notre soutien de toute urgence. Nous devons renforcer notre action pour les aider. Il en va de l'intérêt de tous que les familles qui fuient la violence et la persécution ne soient pas repoussées toujours plus loin de chez elles, ou forcées d'entreprendre des périples dangereux pour un avenir incertain. Pour elles, pour nous, pour la stabilité de la région et pour l'Union européenne, la BEI a un rôle majeur à jouer. Si nous obtenons davantage d'aides non remboursables, nous pouvons intensifier l'activité sur notre cœur de métier. Nous pouvons aider à mobiliser des capitaux privés pour le développement économique de la région de différentes façons, par exemple, en soutenant des services qui sont aujourd'hui soumis à d'intenses pressions, tels que l'approvisionnement en eau, les services relatifs à l'enseignement et à la santé, et en multipliant les possibilités d'emploi et de création d'entreprises ».

Des réfugiés syriens étudiant dans le camp situé dans la plaine de la Bekaa, au Liban, dans le cadre d'un programme partiellement financé par un apport de fonds propres de la BEI. Ils utilisent une version dématérialisée du programme scolaire libanais créée par ITWorx, une société égyptienne d'enseignement en ligne soutenue par le fonds EuroMena.

Au cours des cinq prochaines années, la BEI prévoit de prêter plus de 15 milliards d'EUR (soit plus de 16,5 milliards d'USD) dans les 10 pays partenaires méditerranéens et en Turquie.

Un montant encore plus important pourrait être mis à disposition, en partenariat avec des bailleurs de fonds et des pays partenaires, en combinant le savoir-faire de la BEI et sa capacité à mobiliser des ressources limitées avec des aides non remboursables. La BEI – en tant que banque de l'UE – est prête à intensifier davantage ses efforts en proposant de prêter 3 milliards d'EUR supplémentaires (dont 2 milliards d'EUR rien qu'en Turquie, au Liban, en Jordanie et en Égypte) au cours des cinq prochaines années au titre de ses mandats actuels et sur ses ressources propres. En fonction de la disponibilité de ressources supplémentaires, y compris de fonds fiduciaires et d'aides non remboursables, et sur la base de nouveaux mandats, la BEI pourrait encore faire beaucoup plus.

Le président Werner Hoyer a également déclaré : « Au-delà des 3 milliards d'EUR supplémentaires, je voudrais faire une proposition encore plus ambitieuse à nos actionnaires, les États membres de l'UE : accroître nos activités en Turquie et dans la région MENA de 5 milliards d'EUR supplémentaires d'ici à 2020. Cela signifierait que le montant supplémentaire total sur les cinq prochaines années pourrait atteindre jusqu'à 8 milliards d'EUR, soit une augmentation de plus de 50 % par rapport à nos plans actuels. Nos instances dirigeantes devront donner leur approbation et notre réussite dépendra d'un certain nombre de facteurs, parmi lesquels la disponibilité de plus d'aides non remboursables fournies par des partenaires et la capacité des pays concernés à absorber les nouveaux prêts et financements dans le cadre de nouveaux projets. Mais ce long périple ne peut commencer que si nous partageons une vision audacieuse ».

Toute augmentation de l'activité du Groupe BEI au-delà des plans actuels nécessite l'approbation des instances dirigeantes de la BEI. Les ratios entre les aides non remboursables et les prêts devront être élevés compte tenu de l'endettement et des attentes des pays concernés ainsi que des risques probables inhérents aux opérations visées. Dans ces conditions, avec les aides non remboursables, prêts et garanties nécessaires, le total du financement apporté par le Groupe BEI en Turquie et dans la région MENA sur les cinq prochaines années pourrait atteindre 23 milliards d’EUR.

Le Groupe BEI estime qu'il est essentiel de s'associer à d'autres institutions financières internationales, parmi lesquelles le Groupe Banque mondiale, des banques nationales de développement, des bailleurs de fonds et des organisations internationales ainsi que des spécialistes du secteur privé et des ONG, afin de s'appuyer sur les forces de chaque partenaire et d'assurer, collectivement, un impact maximum pour les fonds fournis au bénéfice des réfugiés et des populations locales des pays hôtes.

Renforcer la résistance économique et stimuler les possibilités d'emploi dans les différents pays constitueront les principaux défis économiques auxquels sera confrontée la région. Les efforts de la BEI se concentreront donc principalement sur le soutien au secteur privé dans ces pays (PME, grandes entreprises, microfinance) et sur le soutien à l'enseignement et à l'amélioration des services de base et des infrastructures essentielles.

Informations générales

La Banque européenne d'investissement (BEI), dont les actionnaires sont les États membres de l'Union européenne (UE), est l'institution de financement à long terme de l'UE. Elle met à disposition des financements à long terme pour des investissements de qualité qui contribuent à la réalisation des objectifs de l'UE.

Dans la région au sens large affectée par le conflit syrien, les signatures de prêts de la BEI en 2015 dans les pays non membres de l'UE (Turquie, Jordanie, Égypte, Israël, Maroc, Tunisie, Serbie, Monténégro et Kosovo) se sont élevées à 4 milliards d'EUR. Ce montant correspond approximativement à la moitié des prêts de la BEI en dehors de l'UE.

Montants engagés pour des prêts de la BEI à la fin de 2014 (Mio EUR)

Turquie

18,352

Jordanie

400

Liban

753

Egypte

3,299

Montant total pour les pays ci-dessus

22,804

Tunisie

3,691

Algérie

453

Maroc

4,499

Montant total pour les pays ci-dessus

31,447

Le tableau ci-dessous indique, en millions d'EUR, le montant des prêts de la BEI en Turquie, au Liban, en Jordanie et en Égypte entre 2011 et 2015. Le total des prêts accordés par la BEI sur ces cinq années a dépassé 13 milliards d'EUR.

Secteur TURQUIE EGYPTE LIBAN JORDANIE TOTAL
Agriculture, pêche, foresterie 520 - - - 520
Énergie 1,022 805 - 119 1,946
Industrie 614 - - 81 695
Services 544 - 10 11 565
PME 5,108 270 185 - 5,563
Déchets solides 58 - - - 58
Télécommunications 520 - - - 520
Transports 1,735 450 75 - 2,260
Développement urbain 500 45 - - 545
Eau, assainissement 244 134 - 50 428
           
TOTAL 10,865 1,704 270 261 13,100

Projets et activités emblématiques de la BEI :

  • Jordanie : prêt de la BEI combiné à des aides non remboursables de l'UE en faveur du projet Wadi Al Arab Water System II pour pallier l'insuffisance d'eau dans le pays classé au quatrième rang des pays souffrant le plus de pénurie d'eau au monde. Ce problème est exacerbé par l'arrivée massive de réfugiés syriens dans le pays.
  • Turquie : mécanisme de garantie pour la Grande Anatolie (MGGA), lancé par le Groupe BEI, en partenariat avec la République de Turquie et la Commission européenne afin de renforcer l'accès au financement pour les PME et les microentreprises dans les régions les moins développées de Turquie. Des banques locales partenaires apportent des ressources propres d'un montant équivalent aux prêts de la BEI et aux garanties du FEI.
  • Égypte et Liban : la BEI, s'appuyant sur des ressources en capital-risque issues du budget de l'UE, est un investisseur de référence du fonds Euromena, qui a notamment investi dans une société égyptienne fournissant des solutions informatiques. Cette entreprise a conçu une solution d'enseignement à distance pour les réfugiés syriens qui a été mise en œuvre avec succès dans le cadre d'une phase pilote dans un camp de réfugiés au Liban.
  • La BEI prépare également un mécanisme de microfinance de 71,5 millions d'EUR pour la région des pays voisins du sud de l'UE, qui mettrait l'accent sur des projets en Jordanie et au Liban. Ce nouveau mécanisme sera financé par une contribution de la Commission européenne et par les ressources propres de la BEI. Il devrait être opérationnel à partir d'avril 2016.

www.bei.org/femip

Discours de Werner Hoyer, président de la BEI